L’IRLANDE INFLEXIBLE SUR LE CAS BEIRNE
PREMIERS ADVERSAIRES DES FRANÇAIS, LES IRLANDAIS TIENNENT PARTICULIÈREMENT À LEUR POLITIQUE « PROTECTIONNISTE » POUR PRÉPARER LEUR ÉQUIPE NATIONALE. LE CAS DE TADGH BEIRNE EST UN EXEMPLE FRAPPANT.
Premiers adversaires des Français, les Irlandais sont forcément fiers de leur système fondé sur le maintien de leur élite au pays sous peine de ne plus être sélectionné. Il y a eu de rares exceptions, comme Jonny Sexton par exemple, mais elles n’ont pas vocation à se multiplier. C’est le message envoyé par Joe Schmidt et la fédération avec le cas Tadhg Beirne, le deuxième ligne irlandais évidemment, mais qui joue chez les Scarlets au pays de Galles. Ce joueur de 26 ans marche littéralement sur l’eau depuis plusieurs mois. Il a fait partie des artisans de la qualification de son équipe pour les quarts de finale européen. Beirne ne fait pas partie de la première liste de 36 joueurs sélectionnés par l’entraîneur irlandais, ce qui a quand même surpris vu ses performances, contre Toulon par exemple, et notamment sa rapidité et son adresse quand le jeu s’emballe. Ce n’est peut-être pas Brodie Retallick, bien sûr, mais on l’aurait bien vu se voir offrir au moins une petite chance lors du prochain tournoi. Les médias de son pays lui avaient consacré pas mal d’attention avant la sortie de la liste.
Mercredi, lors de la journée de lancement du Tournoi, Joe Schmidt s’est expliqué clairement sur ce cas. « C’est une situation complexe, c’est toujours comme ça avec ceux qui ne jouent pas en Irlande. Tadhg a été vraiment impressionnant contre Toulon. Je rappelle qu’il s’est déjà engagé avec le Munster pour la saison prochaine et que ça arrangera beaucoup de choses. Le problème, c’est que Tadhg ne peut pas suivre la même préparation que les autres sélectionnés. Déjà, il a joué 1 350 minutes cette année, ce qui est plus que la plupart de nos joueurs. J’ai eu une longue conversation avec son entraîneur Wayne Pivac qui a expliqué qu’il avait deux deuxième ligne blessés et qu’il avait été obligé de l’utiliser. En plus, selon la règle 9, si nous l’amenons avec nous en stage en Espagne comme c’est prévu prochainement, nous devrons le renvoyer chez les Scarlets. Et durant le Tournoi, ça risque d’être la même chose. Son implication avec nous sera intermittente. Il aura moins de repos que les autres. »
UN POSTE RICHE
Joe Schmidt a aussi rappelé que son réservoir au poste n’était pas mince avec les
Toner, Ryan, Roux, Dillane et Henderson. Il a même cité de très jeunes joueurs pas encore sélectionnés « qui travaillent dur » avant d’ajouter : « Mais dès la saison prochaine, tout sera plus facile. » Si ce n’est
pas un message, ça…
À 26 ans, Beirne vit une sorte de rêve car en 2016, il avait laissé libre par le Leinster qui ne croyait pas trop en lui. Et les Scarlets lui ont tendu la main en 2016. Mais malgré ses performances « quatre étoiles », il s’est heurté à l’inflexibilité de sa fédération qui veut créer le moins de précédents possible à son désir de garder son élite sous la main et l’empêcher de répondre aux sirènes des clubs français ou anglais. Il faut être très très fort pour y échapper.