Midi Olympique

« Celui qui perdra cette der’ risque de se faire chambrer… »

ROMAIN TAOFIFENUA Deuxième ligne de Toulon QUATRE ANS APRÈS LEUR DÉPART DE L’USAP, LES FRÈRES TAOFIFENUA (ROMAIN ET SÉBASTIEN) CROISERONT UNE DERNIÈRE FOIS LE FER, SAMEDI, AVANT QUE LE PILIER GAUCHE NE REJOIGNE TOULON LA SAISON PROCHAINE.

- Propos recueillis par Pierrick ILIC-RUFFINATTI

Entre la Champions Cup et les vacances, la réception de l’UBB, sur qui le RCT n’a qu’un point d’avance. Samedi, vous n’avez pas le droit à l’erreur.

Nous avons déjà grillé notre joker contre le Racing à la maison. Désormais, on doit faire un sans-faute. Mais faites-nous confiance, une victoire nous permettrai­t de vraiment couper et nous connaisson­s le prix de ce confort. On saura ne pas partir en vacances trop tôt. Une défaite ? Elle hanterait chacun d’entre nous. D’ailleurs, personne ne l’envisage. On préfère se concentrer sur ce qu’il faut mettre en place pour faire tomber Bordeaux-Bègles.

C’est-à-dire ?

Comme face aux Scarlets, nous allons tenter d’envoyer du jeu. Il faudra également savoir enfoncer le clou si l’occasion se présente. Enfin, nous devrons être attentifs sur les rucks. La semaine passée, les Gallois ont gratté un paquet de ballons, et comme Bordeaux-Bègles est très à son avantage dans ce secteur, on a mis l’accent sur les phases de déblayages, de soutien et les cellules de trois.

À titre personnel, ça pourrait être votre dernière confrontat­ion avec votre frère, Sébastien, avant que ce dernier ne rejoigne le RCT la saison prochaine. En avez-vous parlé ?

On s’est appelé en début de semaine… Remarquez, comme on s’appelle tous les jours, ce n’est pas très original (rires). Pour être très honnête, nous sommes hyper proches et je suis content que ce soit notre dernière confrontat­ion.

Parce qu’il fait mal à l’impact ?

Déjà (rires) ! Non mais c’est surtout que je préfère le savoir à mes côtés. Nous nous sommes affrontés plusieurs fois depuis notre départ de l’Usap à l’été 2014, ça suffit ! Il nous tardait d’y mettre rapidement un terme. Nous sommes tous deux conscients que les carrières sont courtes. Je vais avoir 28 ans en septembre, je serai donc plus vers la fin que le début. Il était donc important pour nous de défendre à nouveau les mêmes couleurs.

S’il n’était pas venu, auriez-vous envisagé de quitter Toulon pour le rejoindre ?

Nous nous étions promis de jouer ensemble à nouveau. Or, il n’a jamais été question que je quitte Toulon. Dès qu’il a eu l’occasion de signer au RCT, il a donc foncé. Puis il connaît très bien Kéké (Chiocci,

N.D.L.R.), José (Suta) et surtout Guilhem (Guirado), qu’il a connu à l’Usap. Je pense donc que Toulon était le meilleur compromis : il connaît du monde, va retrouver le soleil et son frère, que pouvait-il chercher de plus (rires) ?

Et qu’en disent vos proches ?

Ils sont rassurés. Désormais ils pourront porter un seul et même maillot pendant les matchs. Ça leur fera également économiser quelques heures de route, car Bordeaux-Bègles et Toulon c’était quand même le bout du monde (rires).

À quel point avez-vous compté dans sa venue ?

Au début, j’ai tenté d’influencer son choix. Mais c’est sa carrière, pas la mienne, j’ai donc préféré m’éclipser sur les derniers mois pour qu’il prenne sa propre décision. Il était bien à Bordeaux-Bègles, a fait quatre belles années, avait de nombreux amis et aurait pu rester. Mais il a décidé de tourner la page, tant pour sa carrière que nos retrouvail­les. À projet égal ? Il aurait certaineme­nt rejoint le club où j’évoluais. Honnêtemen­t, je pense que c’est juste pour moi qu’il s’est engagé au RCT (sourire).

Qu’est-ce qui a changé depuis l’Usap ?

Nous avons gagné en maturité. Il avait 22 ans à son départ. Moi 23. On découvrait le haut niveau. Aujourd’hui ce sont deux joueurs en pleine force de l’âge qui vont se retrouver. On a fait notre petit bonhomme de chemin, on a engrangé de l’expérience et nous sommes désormais deux joueurs très différents. En revanche dans nos relations de frères, rien n’a changé. Nous sommes toujours aussi proches.

Cette proximité ne risque-t-elle pas de vous faire tomber dans une forme de confort ?

Pour avoir déjà collaboré à Perpignan, je suis convaincu que ça va nous tirer vers le haut. Ça ne fait aucun doute. Le fait de l’avoir à côté, de pousser derrière lui, ça va nous apporter un supplément d’âme.

Avez-vous déjà commencé à préparer sa venue, en lui cherchant un logement, par exemple ?

J’ai commencé à regarder un peu, mais lui préfère se concentrer sur sa fin d’aventure. Il veut bien finir avec l’UBB. Il tournera la page en juin. En revanche, je peux déjà vous annoncer qu’on ne sera pas voisins. Pourquoi ? Parce que nos familles respective­s risquent d’en avoir marre de nous deux (rires).

Bon, et ce dernier match ?

On prend ce dernier face-à-face très à coeur. Aucun de nous deux ne compte s’incliner, car la défaite serait terrible. Celui qui perdra cette der’risque de se faire chambrer un moment. D’ailleurs, il m’envoie tous les jours des fausses compos, des faux blessés. Il fait de l’intox tant qu’il en a la possibilit­é, ça l’amuse (sourire).

Par ailleurs, pour revenir à votre actualité, vous n’avez pas été retenu sur la première liste de Jacques Brunel. Vous y attendiezv­ous ?

Oui. J’ai eu et je continue à avoir du mal à retrouver le niveau qui était le mien la saison passée. Depuis la commotion perpétrée en septembre, je peine à retrouver mon rugby. J’ai fait un match contre les Blacks à Lyon, puis je me suis blessé contre le Japon. Entre le K.-O., le poignet et le genou, j’enchaîne les pépins. Je m’en vois pas mal. Est-ce que j’appréhende sur le terrain ? Oui, il y a de ça en effet. Pour que je retrouve mon rugby, mes sensations, il faut que j’enchaîne les matchs. Je suis déçu, pas inquiet.

Avez-vous eu l’occasion d’en parler avec le sélectionn­eur ?

Jacques Brunel a eu Fabien (Galthié). Pas moi. Mais c’est normal, il ne va pas contacter tous les non-sélectionn­és du Top 14. Maintenant je n’ai pas eu besoin d’explicatio­n pour savoir ce qui péchait. Je suis conscient qu’aujourd’hui je n’ai pas le niveau. Désormais c’est à moi de faire de gros matchs avec le RCT si je veux que retrouver les Bleus. Je sais ce qu’il me reste à faire.

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