Comme un tigre dans l’eau
LE CO-CAPITAINE LIMOUGEAUD INCARNE LA DIFFICULTÉ DE VIVRE UN STATUT DE SPORTIF PROFESSIONNEL DANS UNE DIVISION FRAGILISANTE POUR LES CLUBS.
Alban Viozelange n’a participé que pendant trente minutes au très bon match disputé par son équipe la semaine dernière contre Albi. Il sortait d’une prestation moyenne à Bourg-en-Bresse, ce qui l’avait relégué sur le banc. Le lendemain lundi, l’information parue dans nos colonnes de la relégation administrative de Limoges en Fédérale 2 information démentie par le club - le cueillait au saut du lit. La vie n’est pas un long fleuve tranquille en ce moment pour le natif d’Ussel, qui, depuis cinq ans, tient les avants postes de la mêlée limougeaude, et depuis la saison dernière, assure le rôle de cocapitaine aux côtés de Mohamed Samba. Tous les deux avaient été élus par leurs coéquipiers lors d’un vote organisé par les entraîneurs de l’époque. Le nouveau staff technique n’avait pas touché au résultat de cette élection en maintenant en place la hiérarchie décidée par le groupe.
Alban Viozelange se trouve à la tête d’une formation qui joue sur un stade Beaublanc magnifique et immense mais en voie incessante de rénovation définitive, dans un club qui ne sait pas encore aujourd’hui de quel montant définitif sera le redressement Urssaf dont il devra s’acquitter, et qui devra convaincre la DNACG, s’il en a les moyens, qu’il peut évoluer en Fédérale 1. « On n’en parle pas trop entre nous. On essaye de cloisonner notre action sportive en dehors de l’action administrative des dirigeants, explique Alban
Viozelange. Mais cette situation doit nous pousser à réaliser la meilleure des fins de saison possible. On ne sait pas de quoi l’avenir est fait, et il reste quelques matchs à chacun pour montrer sa valeur. Sur le plan collectif, pour le club, des bons résultats l’aideront forcément. Alors on se resserre pour faire du mieux possible. » Alban Viozelange est en fin de contrat. La trajectoire de ce joueur à peine trentenaire personnifie la fragilité d’une vie de rugby. Il était membre du pôle France de Marcoussis, et membre des équipes de France de jeunes, avant de se casser un genou. Et puis il s’était cassé l’autre, puis le pouce et le plancher orbital. Les blessures qui sélectionnent à l’entrée du haut niveau l’avaient orienté en Fédérale 1 dans laquelle il est devenu une référence, rendue aussi fragile qu’un budget dans cette division qui pousse les clubs aux bords de leurs limites.