Le défi de la charnière
Les stratèges Conor Murray et Jonathan Sexton l’ont cruellement rappelé aux Français : le jeu au pied constitue une arme offensive redoutable, à double tranchant, utile pour mettre l’adversaire sous pression comme pour alimenter le tableau d’affichage. La dernière action des Irlandais, initiée par un renvoi judicieusement tapé et conclue par un drop-goal magistralement ajusté, restera un sommet de justesse stratégique et de maîtrise. Par-delà tous les débats tactico-techniques, la défaite inaugurale du XV de France peut être résumée et expliquée assez simplement : les Bleus ont gaspillé leur balle de match quand les visiteurs ont converti la leur. Sans vouloir accabler Anthony Belleau, les Bleus l’auraient emporté si l’ouvreur toulonnais n’avait pas tremblé sur sa tentative de la 76e minute. Avec quatre points d’avance au score et une opposition incapable de parvenir à l’en-but, le sort en aurait été en jeté. Un constat regrettable. La charnière, dépositaire d’une grande part du jeu au pied, dispose-t-elle des atouts pour rectifier le tir dès dimanche ? Sur le papier, on veut y croire : Maxime Machenaud (90 %) et Lionel Beauxis (90,6 %) affichent en Top 14 des stats de haut niveau face aux perches quand Belleau pointe à un honorable 81 %. Le jeu de pression du Racingman et la longueur du pied du Lyonnais constituent deux armes intéressantes sur le papier pour les sorties de camp, l’occupation, la marque… Le niveau international ne demande pas moins.