Midi Olympique

POUR OUBLIER...

CRUCIFIÉS SAMEDI DERNIER PAR LE DROP DE JOHNNY SEXTON, LES BLEUS ONT ACCUSÉ LE COUP CETTE SEMAINE. DE CE QU’ILS DISENT, UN EXPLOIT À MURRAYFIEL­D RESTE POURTANT ENVISAGEAB­LE. DOIT-ON LES CROIRE ?

- Par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

Vous noterez que l’union sacrée autour de Jacques Brunel et ses mioches n’aura pas excédé deux semaines. Passé le drop de Johnny Sexton, la grande famille du rugby français a rouvert le placard où dormaient depuis peu ses fusils. Laurent Marti, patron de ladite Union, a d’abord fait comprendre que la blessure de Matthieu Jalibert aurait pu être évitée, que le môme était encore trop tendre et en rien préparé aux exigences du rugby d’en haut. Très sincèremen­t, on peut comprendre que Marti ait du mal à avaler le fait d’envisager la seconde partie de la saison avec, à l’ouverture, Simon Hickey, Tian Schoeman ou un quelconque autre bougre de moyen calibre. On est pourtant dans l’obligation de rétorquer au président de l’UBB que la blessure de Jalibert, genou contre genou avec le surpuissan­t Bundee Aki, aurait pu tout aussi bien se produire lors du dernier derby Pouyastruc/Oursbelill­e et n’a en l’occurrence rien à voir avec la maturité du joueur ou la dimension traumatiqu­e d’un test internatio­nal. Ailleurs ? On s’étonne que le médecin indépendan­t chargé de faire respecter le protocole commotion au Stade de France soit en réalité le père du kiné des Bleus -ou l’inverse, c’est à en perdre la boule- et n’a dans ce cas-là d’indépendan­t que le nom. « Hé oh, ça va… Si on ne peut même plus aider la famille sans éveiller

le soupçon de tous les procureurs de la planète… » À ce sujet, remarquez d’ailleurs que les chevaliers blancs reprochant aujourd’hui aux Francais d’avoir piétiné le protocole commotion se posaient moins de questions, à l’époque où Johnny Sexton sortait sur KO à Cardiff avant de démarrer un nouveau match huit jours plus tard à Dublin !

CE QUI SE PASSE EN SEMAINE…

Le XV de France vient donc de disputer son premier match de la saison et on nage en plein cauchemar. À tel point que l’on a déjà biffé de nos esprits apolitique­s et légers qu’il y a moins d’une semaine, le groupe France de « papa gâteaux » Brunel vivait plutôt bien, souriait plus qu’à l’accoutumée et plus qu’à l’époque, en tout cas, où il lui fallait demander la permission pour se rendre au supermarch­é du coin pour s’y procurer du dentifrice, du poivre, un slip ou un projet de jeu. Franchemen­t ? On se fout bien de savoir comment vivent les Bleus dans la semaine. S’il existe un juste milieu entre le Kamp Staaldraad des Boks de 2003 (au cours d’un entraîneme­nt dans une caserne militaire, le sélectionn­eur Rudolf Straueli avait menacé son capitaine Corné Krige avec une arme à feu…) et la « Saussouze » de la fin Lièvremont (avant de causer dans la lucarne, il fut aussi le sélectionn­eur d’un groupe France qui termina en autogestio­n), seul le rendu du week-end possède un intérêt véritable. Et tant que les Bleus ne gagneront pas, les « rageux » rageront, le Top 14 répétera en boucle qu’il reste le principal employeur des Tricolores et Laporte n’aura pas le moindre contre-feu à opposer à ceux qui réclament, ici, là et probableme­nt plus près de lui qu’il ne le croit, son départ…

MURRAYFIEL­D, MISSION IMPOSSIBLE

À bien des égards, ce déplacemen­t en Écosse revêt donc une importance capitale pour un XV de France au début d’une histoire, un aréopage fédéral en mal de bonnes nouvelles et un rugby français globalemen­t menacé d’accablemen­t. Est-on en droit de rêver ? Sur le papier, pas vraiment. Stuart Hogg et ses camarades, intrinsèqu­ement supérieurs à l’équipe de France, viennent de se faire broyer à Cardiff (34-7) et ont dans l’idée de faire payer la facture aux Tricolores. Dans un stade où Samoans et Wallabies ont respective­ment encaissé 40 et 50 points à l’automne, sur ce morceau de tourbe où les All Blacks ont bien failli chuter à la même époque (17-22), les coéquipier­s de Guilhem Guirado sont cotés à 1 contre 4 par les bookmakers britanniqu­es et, qu’on le veuille ou non, une victoire à Murrayfiel­d, qui faisait jadis le pain quotidien du XV de France, serait vue comme un exploit majuscule. « On y croit, on travaille et on est très motivés », glisse pourtant Baptiste Serin.

Le courage et la déterminat­ion d’une équipe ayant terminé son premier match du Tournoi à 224 plaquages sont indéniable­s. Sa capacité à franchir les défenses est en revanche plus préoccupan­te, à tel point qu’il reste à ce jour incompréhe­nsible que Jacques Brunel n’ait pas souhaité rappeler dans le groupe France Mathieu Bastareaud, dont la suspension pour propos homophobes est arrivée à terme dimanche dernier. Vu comme ça, et à moins que Slimani et Poirot ne désossent les poids moyens de la mêlée d’en face, on a donc du mal à croire que ces Bleus, incapables de remporter une seule de leurs sept dernières rencontres, puissent quitter Édimbourg avec le scalp de Greg Townsend. On peut se tromper et à vrai dire, on le souhaite ardemment. Parce que, foutre Dieu, ce serait si bon…

 ?? Photos Midi Olympique - Bernard Garcia. ?? L’exploit de Teddy Thomas, samedi dernier face à l’Irlande, n’a pas suffi à donner la victoire aux Bleus. L’objectif face à l’Écosse est donc tout trouvé pour la bande à Guirado.
Photos Midi Olympique - Bernard Garcia. L’exploit de Teddy Thomas, samedi dernier face à l’Irlande, n’a pas suffi à donner la victoire aux Bleus. L’objectif face à l’Écosse est donc tout trouvé pour la bande à Guirado.

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