Midi Olympique

« Les Français devront être patients »

NATHAN HINES - entraîneur des avants de Montpellie­r POUR L’ANCIEN ADJOINT DE VERN COTTER LORSQUE CE DERNIER OFFICIAIT À LA TÊTE DU XV D’ÉCOSSE, LE MAÎTRE MOT DES BLEUS, POUR CONTRER LA FACULTÉ ÉCOSSAISE À MONOPOLISE­R LE BALLON, DEVRA ÊTRE « LA PATIENCE »…

- Propos recueillis par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique. fr

Face au Pays de Galles, les Écossais se sont fait contrer par la défense très agressive mise en place et se sont même fait intercepte­r. Est-ce une piste à suivre pour le XV de France ?

Il existe toujours un risque pour une équipe qui pratique un jeu largelarge comme l’Écosse. Sans jeu dans l’axe pour resserrer la défense, le risque est grand de ne pas trouver d’intervalle, de ne pas avoir de surnombre à jouer et de se faire intercepte­r. Se faire des passes sans avoir trouvé de l’avancée, c’est prendre des risques. Je pense que le staff de l’équipe de France le sait pertinemme­nt et qu’il mettra un système défensif approprié, notamment en coupant les extérieurs pour obliger les Écossais à venir jouer proche des zones de ruck.

Face à l’Irlande, l’équipe de France a beaucoup défendu plutôt bien - mais ne manque-t-elle pas d’un peu de puissance, notamment face à l’Écosse, pas franchemen­t réputée dans ce secteur ?

Le staff de l’équipe de France vient tout juste d’arriver. Il faut lui laisser un peu de temps pour mettre en place un système offensif efficace. C’est toujours plus facile de baser son jeu sur la défense, comme on a pu le voir contre l’Irlande. Certes, les Français n’ont pas été performant­s en attaque, mais ils ont posé des bases solides. C’est le premier étage de la pyramide. Je suis convaincu que face à l’Ecosse, le XV de France va attaquer beaucoup plus. Je ne dis pas que les Français vont attaquer en envoyant le ballon sur les ailes très vite. Je pense plutôt qu’ils vont d’abord attaquer au près pour pouvoir jouer dans l’avancée. De la puissance, ils en ont. Et s’ils tiennent un peu plus le ballon, ça se verra.

Seulement, le problème contre l’Écosse n’est-il pas d’avoir le ballon ?

C’est vrai que les Écossais monopolise­nt beaucoup le ballon. Mais pas beaucoup plus que les Irlandais. Les Français l’ont bien vu samedi dernier.

Comment le XV de France peut-il empêcher les Écossais de tenir autant le ballon ?

D’abord, de la patience. Ensuite, de la patience. Et encore beaucoup de patience (rires). Je crois les Français ont battu le record de plaquage samedi dernier contre l’Écosse. Ça veut dire qu’ils savent plaquer et être patients.

Faut-il mettre tout de même de la pression, notamment dans les zones de combat au sol ?

Mettre de la pression dans les rucks, c’est bien mais cela comporte des risques. À trop vouloir ralentir les libération­s de balle, on consomme parfois trop de joueurs dans cette zone et ça libère des espaces ailleurs. D’abord, il faut, dans la mesure du possible, essayer d’avoir le plus de plaquages offensifs possible. Les Écossais enchaînent les temps de jeu car ils déplacent le ballon dans des espaces où la densité est faible, ce qui leur permet, trèssouven­t, de jouer dans l’avancée.

Est-il possible de récupérer des ballons dans le secteur de la mêlée fermée où l’Écosse semble manquer de puissance ?

L’Écosse a toujours eu des difficulté­s en mêlée fermée, notamment en première ligne. Mais, tactiqueme­nt, ils sont très au point. Ils ont une faculté à introduire et à sortir le ballon très vite. Les Japonais, durant la dernière Coupe du monde, agissaient exactement de la même façon. D’abord, ils cherchent à éviter la sanction de l’arbitre. Pour l’Écosse, la mêlée n’est pas une phase de combat, c’est juste une rampe de lancement. C’est d’ailleurs à partir de mêlée qu’ils ont la plus grande variété de lancements de jeu.

Comment le XV de France peut-il contrer l’Écosse dans ce secteur ?

En mettant beaucoup de pression dans ce secteur, l’équipe de France limitera les risques. Mais, c’est franchemen­t très difficile avec les nouvelles règles. Quand bien même, la première ligne française mettra beaucoup d’impact, le demi de mêlée écossais patientera avant d’introduire le ballon. Il n’introduira que lorsque la mêlée sera stable. Et mettre en place une double poussée, à mon avis, c’est perdre de l’énergie pour pas grand-chose car le ballon sera déjà sorti de la mêlée.

Peut-on encore gagner le ballon au talonnage alors ?

Ça peut encore parfois marcher, mais c’est très rare. C’est de plus en plus difficile de gagner le ballon juste sur le talonnage. Surtout, dans la mêlée écossaise, tout le monde connaît parfaiteme­nt son rôle afin de permettre la circulatio­n rapide du ballon. Le couloir est toujours très bien réalisé, les deuxièmes lignes savent l’importance de vite envoyer le ballon au fond.

En tant qu’ancien entraîneur de l’Écosse, avez-vous été surpris de voir l’ampleur de la défaite écossaise face au pays de Galles ?

Oui, j’ai été étonné. C’est toujours très difficile de gagner à Cardiff, mais c’est l’ampleur du score qui m’a le plus surpris (34-7). En raison des résultats de la dernière tournée d’automne, je crois qu’il y avait beaucoup d’attente de la part des supporters écossais. Mais, les Gallois s’y sont bien pris. Ils sont mis beaucoup de pression sur l’ouvreur Finn Russell. Il est le maître à jouer, la plaque tournante du jeu écossais. Et puis, je crois que les Écossais ont un peu souffert d’un déficit de puissance. Ce sont sûrement des pistes à explorer pour l’équipe de France.

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