LE JOUR D’APRÈS
LA DÉROUTE AU PAYS DE GALLES A PROVOQUÉ UN VÉRITABLE CATACLYSME EN ÉCOSSE, À LA HAUTEUR DES ESPOIRS PLACÉS DANS LES HOMMES DE TOWNSEND. APRÈS LA CLAQUE, VIENT LA RÉVOLTE. LES BLEUS SONT AVERTIS.
Ils étaient présentés - à juste titre - comme les outsiders de la compétition. Ceux qui pourraient créer la surprise. Auteurs de prestations splendides en novembre face aux grandes nations, les Écossais et Greg Townsend abordaient ce Tournoi des 6 Nations avec l’étiquette d’épouvantail. Mieux, ils débutaient la compétition sur la pelouse du pays de Galles, que l’on savait pourtant décimé par les blessures. Tout indiquait donc que le coup était jouable. Il n’en fut rien. Le « coup » fut un coup de massue asséné par les Gallois sur la tête des Celtes : 34-7, résultat et performance sans appel.
À l’issue du match, le sélectionneur écossais, qui vivait là son premier match des 6 Nations à la tête du XV du Chardon n’hésitait pas à qualifier cette déroute de « choc » : « Nous avons réussi quelques belles prestations ces derniers temps notamment contre l’Australie il y a peu. Mais ce soir, je suis juste choqué de voir à quel point nous avons mal joué. » Même constat de la part du centre remplaçant Peter Horne, dont l’essai en fin de rencontre n’a pas vraiment soulagé la peine des hommes de Jonny Gray : « À la fin de la rencontre nous étions simplement blessés de voir à quel point nous avons été mauvais. Tout le monde était dégoûté. Celle-là, on ne l’oubliera pas. Les attentes autour de l’équipe et en son sein étaient énormes… toutes aussi grandes que notre déception d’ailleurs. »
UN PSYCHOLOGUE AU CHEVET DU XV DU CHARDON
La détresse des Celtes fut telle que ceux-ci ont éprouvé le besoin de se confier au psychologue de l’équipe, Damian Hughes.
« Il ne fait pas de trucs incroyables avec nous, nuance Horne, mais il est là, toujours disponible, et prêt à dispenser des petits morceaux de sagesse pour nous aider à gérer telle ou telle situation. La majorité de l’équipe est habituée et le consulte régulièrement. » À en croire les Écossais, ces mini-thérapies portent
en elles les graines de la révolte celte. Horne encore : « J’ai compris que se lamenter ne résoudrait rien, et se torturer toute la semaine vous rend contre-productif. Chaque joueur dans ce groupe sait qu’un mauvais match ne fait pas de vous un mauvais rugbyman. On ne peut pas toujours rester au sommet de la vague. Parfois, on tombe en son creux. »
MCFARLAND : « LES ÉQUIPES QUI JOUENT UN RUGBY CLASSIQUE NE GAGNENT PAS »
Le staff non plus refuse de céder à l’autoflagellation. Ni même à une révision profonde de son plan de jeu. Les Bleus sont prévenus : les Écossais joueront comme ils savent le faire, et pas
autrement : « Quoi que l’on fasse, on doit le faire à fond. Notre style est ambitieux, mais on va l’assumer. On joue parfois sur le fil du rasoir et il peut y avoir des erreurs. Mais les équipes qui jouent
un rugby classique ne gagnent pas de championnat », insistait cette semaine avec force l’entraîneur des avants, Dan McFarland. Il sait pourtant quel genre de défi attend ses hommes à
Murrayfield : « Les Gallois sont très physiques, mais les Français le sont encore plus. Ils nous mettront la pression en conquête, ils vont appuyer là-dessus. Ils comptent aussi plusieurs puissants porteurs de balle qui seront une menace pour nous. Mais nous devons montrer de quoi nous sommes vraiment capables. »
Peter Horne va plus loin : « Je suis sûr que Cardiff était une erreur de parcours, et que nous ne pouvons pas être aussi mauvais que cela deux fois de suite. Il y aura une réaction de la part du groupe. Les 23 sélectionnés ce week-end ne lâcheront pas le morceau, et feront tout pour remettre les choses dans l’ordre. » Des propos qui sonnent comme un avertissement pour les Bleus de Guilhem Guirado.