CONSERVER N’EST PAS PRODUIRE…
LES FRANÇAIS ONT-ILS PROFITÉ DE LEUR SUPÉRIORITÉ SUPPOSÉE EN MÊLÉE FERMÉE ? LA QUESTION MÉRITE FRANCHEMENT D’ÊTRE POSÉE...
Vous ne le croirez peut-être pas, mais Jacques Brunel craignait la mêlée écossaise. Pas sa puissance, ni sa roublardise. Mais sa capacité à servir de rampe de lancement pour le jeu de ligne. Dans l’intimité du studio de radio de Marcoussis, il avait expliqué, « paper-board » à l’appui, la capacité des Écossais, faute de puissance, à vite digérer le ballon. Les deux premières mêlées de la rencontre ont probablement conforté le sentiment du sélectionneur français. Sur la première (6e), le gaucher calédonien Reed cédait sous la pression : pénalité pour les Bleus. Sur la seconde (11e), la domination française se révélait très nette, mais le ballon était très vite extrait jusque dans les mains du troisième ligne centre Wilson, ce dernier jouant une « 89 » en préambule d’un mouvement conduisant Teddy Thomas à sortir en catastrophe le ballon d’un coup de pied à cinq mètres de la ligne d’essai. Sauf que... Sur l’action suivante, après la remise en jeu du talonneur McInally, le trois-quarts centre Maitland inscrivait le premier essai de son équipe.
ANALYSE FAUSSÉE
Conséquence : à s’en tenir uniquement aux statistiques des deux équipes, l’analyse est assurément faussée. Certes, chacune des deux équipes a conservé 100 % de ses introductions (six pour l’Écosse, quatre pour la France). Mais dans l’utilisation, les Bleus ont semblé bien plus en peine. Ils ont tenté de lancer le jeu sur la quatrième mêlée de la rencontre (30e), mais en bout de ligne Vakatawa a tapé directement en touche. En fin de match, la mêlée tricolore a toutefois permis une excellente sortie de camp (68e) grâce à un premier temps de jeu de Louis Picamoles dans l’axe, puis au coup de pied de Lionel Beauxis.
Las, c’est à cause de sa mêlée que le XV de France a permis à l’Écosse de revenir au score. Sur la sixième de la partie (Slimani et Poirot venaient de céder leur place à Gomez Sa et Ben Arous), le pack « Scottish » a surpris en imposant une double poussée (63e), obligeant les Bleus à se mettre à la faute. Pour la première fois depuis le début de la rencontre, le XV du Chardon revenait à égalité (26-26). La suite, vous la connaissez…