Midi Olympique

« La sortie de Machenaud a été préjudicia­ble »

PATRICE LAGISQUET - Ancien entraîneur de l’équipe de France S’IL REGRETTE LE MANQUE DE MAÎTRISE EN DEUXIÈME MI-TEMPS, L’ANCIEN PATRON DES LIGNES ARRIÈRES TRICOLORE A APPRÉCIÉ L’ANIMATION OFFENSIVE EN PREMIÈRE PÉRIODE.

- Propos recueillis par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

«Et puis, cette indiscipli­ne… Ce n’est pas normal... C’est franchemen­t rageant. » Patrice LAGISQUET Ancien entraîneur du XV de France

Comment avez-vous jugé la prestation de l’équipe de France ?

Globalemen­t, la première période a été bien maîtrisée. On a vu plus de variations dans les lancements de jeu que contre l’Irlande. Plusieurs mouvements intéressan­ts ont été lancés après touche en première période, c’est quelque chose de nouveau qu’il n’y avait pas eu une semaine plus tôt. On a senti la volonté de mettre du rythme, de garder le ballon sur le terrain avec un jeu au pied de pression vraiment très intéressan­t. Et puis, je n’ai pas senti cette volonté de trop engager les courses dans la ligne de troisquart­s, qui est souvent préjudicia­ble. Par exemple, sur la deuxième essai de Teddy Thomas, le timing des courses était bon, pas trop engagé. Seulement, en deuxième période, ils se sont mis à engager un peu trop les courses et ils ont permis à la défense écossaise de bien fermer sur les extérieurs.

Justement sur ce deuxième essai français, l’animation offensive, avec du jeu dans le dos de certains attaquants, semble prendre forme, non ?

C’est un système pour empêcher la défense de couper les extérieurs. C’est ce qu’il faut faire pour ne pas subir une défense inversée. Sur l’essai de Teddy (Thomas), ils l’ont très bien fait. Ils ont contraint les Écossais à défendre en contrôle jusque dans le couloir. Et ça a permis aux Français d’engager les courses et de mettre de la vitesse. D’ailleurs, c’est ce que les Écossais, eux, ont continué à faire en deuxième mi-temps, ce qui a mis la défense française en difficulté.

Mais l’animation offensive est-elle en passe de se dessiner ?

Oui, je pense. En première mi-temps, les Bleus ont bien attaqué la ligne. Il y a eu, dès les premières séquences, quelques mouvement avec du jeu à hauteur. Mais ça, ils ont pu le faire car les ballons sortaient correcteme­nt à ce moment-là. À ce sujet, les soutiens ont été bons jusqu’à la mi-temps. Le soutien extérieur a convergé bien plus vite que contre l’Irlande. Je pense que dans la semaine ils avaient travaillé les impacts à deux. On a vu des cellules d’avants bien mieux identifiée. Seulement, en fin de match, ça a coûté trois points car Iturria a été trop loin. C’est dommage.

Comment expliquez-vous la différence de maîtrise entre la première et la seconde période ?

Celui qui maîtrisait le tempo de la rencontre en première mi-temps, c’était Maxime Machenaud. Sa sortie a été préjudicia­ble. Un exemple ? Alors qu’en première mi-temps, on a beaucoup lancé le jeu après touche, en seconde on a usé beaucoup plus des ballons portés après le gain de la conquête aérienne. Avec peu de réussite. Maxime, qui arrive aujourd’hui vraiment à maturité, a aussi eu un très bon jeu au pied de pression durant la première mitemps. Il a eu aussi l’intelligen­ce en fin de mi-temps de sortir les ballons pour casser le rythme, permettre à ses partenaire­s de récupérer. Sa présence physique en défense a également été intéressan­te. Et sa manière de gérer la rencontre, le rythme qu’il a imposé a franchemen­t manqué en deuxième mi-temps.

Avez-vous été surpris de voir les Écossais défier l’équipe de France près des zones de combat au sol

en début de seconde période ?

Non, car ils sont venus chercher la zone dans laquelle ils avaient déjà marqué sur leur deuxième essai (Huw

Jones). Je pense qu’ils avaient ciblé cette zone car ce sont souvent des joueurs du cinq de devant qui se situent là. D’ailleurs, sur le deuxième essai, l’Écossais (Huw Jones) passe entre Beauxis et Vahaamahin­a. Ils ont cherché à user les défenseurs dans cette zone, des joueurs qui ont ensuite commis des fautes. Des fautes faciles à éviter.

L’indiscipli­ne est-elle responsabl­e de la défaite française ?

Oui, en grande partie. En deuxième période, les Écossais ont repris la maîtrise de la rencontre, ils ont su gérer le tempo et notamment mettre du rythme. Ils ont continué à jouer toutes les touches rapidement pour asphyxier l’équipe de France. Et puis, cette indiscipli­ne… (il souffle longuement). Notamment de la part des joueurs qui sont entrés en cours de match. Ce n’est pas normal. Les joueurs frais doivent garder la lucidité pour ne pas commettre ces fautes-là. C’est franchemen­t rageant.

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