BEAUXIS, (PRESQUE) À SA MAIN
POUR SON GRAND RETOUR CHEZ LES BLEUS, IL ÉTAIT ATTENDU POUR SON OCCUPATION DU TERRAIN AU PIED. L’OUVREUR DE LYON S’EST FINALEMENT ILLUSTRÉ DANS L’ANIMATION. AVANT, COMME TOUTE SON ÉQUIPE, DE DISPARAÎTRE DES ÉCRANS.
C’était quelques minutes avant le coup d’envoi. Une courte séquence vidéo faisait son effet sur les réseaux sociaux, où Lionel Beauxis règne en vedette. Le post moquait gentiment l’ouvreur durant l’échauffement, lequel semblait déjà exténué. À vrai dire, l’impression a perduré au cours d’une première mitemps où, plus le temps filait, plus le numéro 10 paraissait en quête d’un deuxième, voire troisième souffle. Le plus beau paradoxe puisqu’à mesure qu’il haletait et traînait sa démarche si singulière aux quatre coins de Murrayfield, il animait toujours mieux le jeu français. Il avait été l’attraction de la semaine. Six ans après sa dernière apparition sur la scène internationale, l’ancien prodige y effectuait son retour. Et dans le giron de Jacques Brunel, lequel l’a connu héros du quart de finale victorieux contre les Blacks au Mondial 2007 avant de le quitter en échec la saison passée à Bordeaux, jusqu’à le laisser signer à Lyon en cours d’exercice. Vendredi, le sélectionneur ne pouvait échapper à l’évocation : « J’ai remercié Pierre Mignoni (manager de Lyon, N.D.L.R.) parce qu’il l’a ressuscité. Il ne pouvait plus s’exprimer à Bordeaux, il ne trouvait pas sa place pour se mettre en valeur. Il a changé d’horizon et ça lui a fait le plus grand bien, il a retrouvé du pétillant. » Jusqu’à le propulser directement titulaire à Édimbourg. Avec un objectif à peine dissimulé quand on sait le profil de Beauxis : occuper le terrain, sous l’humide ciel écossais.
« On connaît ses qualités, notamment dans le jeu au pied même s’il ne les a pas toujours exprimées au plus haut niveau où il n’a
pas eu de continuité dans ses performances », ne cachait pas
Brunel. Et Elissalde de renchérir, à la veille du match : « Ce qu’on attend de lui, c’est qu’il insiste sur ses qualités. Le rôle d’un numéro 10 est simple, il s’agit de gérer les flux de vitesse. Accélérer quand cela va vite, occuper le terrain et soulager les avants par le pied lorsque le jeu est plus lent. »
SÉDUISANT… AVANT LA PAUSE
Le pied. Avec lui, et depuis plus de dix ans, c’est une rengaine. Ce secteur dans lequel il était attendu et devait soulager. Sauf que les conditions, autant que les volontés, en ont décidé autrement. Édimbourg s’est réveillé sous un ciel radieux et Beauxis s’est adapté, s’illustrant surtout par sa faculté à faire jouer ses partenaires autour de lui, avec notamment plusieurs retours intérieur bien sentis. Des choix judicieux, parfois spectaculaires comme cette passe volleyée dans le seconde acte. D’autres étonnants comme celui de laisser des coups de pied de dégagement à Geoffrey Palis ou les pénalités à Baptiste Serin, après la sortie de Maxime Machenaud. « Depuis le début de la saison, il a montré de très belles choses, c’est la raison pour laquelle il est là,
affirmait Brunel. On a confiance en lui, il est serein. » Tellement qu’il se permettait une chistéra suicidaire (forcée par la mauvaise transmission de Serin) sur sa ligne d’en-but à la 66e, une minute seulement après sa seule faute grossière, à savoir un en-avant largement évitable sur ses 22 mètres. Finalement sorti à la 72e minute, Beauxis n’a pas raté ses retrouvailles avec les Bleus. Mais, à l’image de cette équipe de France, il s’est montré séduisant avant la pause avant de tomber inexorablement dans un relatif anonymat. Toujours une histoire de « presque ».