ILS SONT ALLÉS LA CHERCHER
LES COÉQUIPIERS DE FINN RUSSELL N’AVAIENT JAMAIS MENÉ AVANT LA 71E MINUTE. ILS ONT CONSTRUIT LEUR SUCCÈS EN CHANGEANT DE TACTIQUE À LA PAUSE ET EN REPLAÇANT LAIDLAW À L’OUVERTURE.
Celle-là, il fallait aller la chercher. Les Écossais se sont imposés alors que, jusqu’à la 71e minute, ils n’avaient jamais mené au score. Il leur a fallu aussi surmonter ces deux essais de Thomas, insolents de facilité, genre d’événements parfaits pour vous miner le moral. Il leur a fallu aussi surmonter le match très médiocre de Finn Russell, le demi d’ouverture de Glasgow, porté aux nues la saison dernière à juste titre. Mais le joueur qui a déjà signé au Racing 92 a toujours été inconstant. Dimanche, il a manqué deux coups de pied d’occupation et s’est fait manger par Thomas sur le premier essai (quelle absence au plaquage !). À force de médiocrité et de désinvolture, il a poussé Greg Townsend à le faire sortir pour le remplacer par un demi de mêlée, Price et faire passer Laidlaw à l’ouverture. Ce coup de poker fut sans doute l’un des facteurs de l’exploit écossais. La rigueur de Laidlaw fut une sorte de gardefou, une assurance contre les bourdes et ceci finit par faire pencher la balance. La médiocrité et l’indiscipline française aidant.
HUW JONES ET LES COURSES CONVERGENTES
Laidlaw est donc en train de vivre une saison à la Jonathan Davies, excellent en équipe nationale et quasi absent avec Clermont. Il n’a débuté que quatre matchs de Top 14 avec les Jaunards (et zéro en Coupe d’Europe), mais ce fut à cause d’une grave entorse à une cheville. Il a fait son boulot de chef d’orchestre sans éclat particulier mais avec pragmatisme. Pour les éclats, il y avait les interventions des surdoués Hogg et Jonny Gray (trois défenseurs éliminés sur le premier essai…). Mais nous avons décelé une arme décisive dans le plan de jeu écossais, cette façon de solliciter le puissant trois-quarts centre Huw Jones sur des courses convergentes, l’une d’elle aboutit à un essai.
En fait, il y a eu deux matchs des Écossais, celui de la première mi-temps avec une recherche rapide des extérieurs, une tactique pas si mauvaise puisqu’elle aboutit à deux essais conclus par des trois-quarts sans opposition, mais elle s’exposait aux contres tricolores ; celui de la deuxième fut plus resserré, les Écossais ont fait donner leurs avants dans l’axe et notamment Gilchrist et Toolis, son remplaçant, deuxième ligne méconnus, mais qui se sont dépensés comme des morts de faim.
Townsend avait-il repéré la propension des Français à leur offrir des pénalités sur les points de rencontre ? Possible… Mais on ne nous fera pas croire que les Écossais pensaient dominer les Bleus en mêlées comme ils l’ont fait en fin de match, au point de récolter au moins deux pénalités. Berghan, troisième choix en pilier droit, n’en est sûrement pas revenu. Il a tenu les 80 minutes avec bravoure. C’est d’ailleurs assez incroyable : le banc écossais fut largement plus fort que son homologue français, à l’inverse de la tradition des duels entre les deux équipes. C’est dire à quel point les Bleus sont tombés bas.