Midi Olympique

MARTEAU PILON ET BRAS DE FER

SOUVERAINS PENDANT UNE HEURE, LES ANGLAIS ONT FAILLI SE FAIRE SURPRENDRE EN DEUXIÈME MI-TEMPS PAR LA FOUGUE GALLOISE. MAIS LA PUISSANCE ET LA CONSERVATI­ON ÉTAIENT DE LEUR CÔTÉ. AVEC LE TALENT DE FARRELL.

- Par Jérôme PRÉVÔT, envoyé spécial

« Ce fut un bon vieux bras de fer. Et nous ne sommes pas mauvais à ce jeu… » Eddie Jones a toujours le sens de la formule ; il a encore fait le boulot au terme d’une rencontre avare en points. C’est vrai, ce fut un petit score pour un grand match, rendu pourtant presqu’injouable par les conditions climatique­s. Les Anglais se sont imposés dans des conditions affreuses, sous une pluie glaciale ininterrom­pue et des bourrasque­s violentes. Alors, personne ne leur en voudra d’avoir arrêté de marquer des points après seulement vingt minutes d’un engagement féroce… Au moins, jusqu’à l’heure de jeu, la supériorit­é des Anglais fut manifeste. Pourquoi ? Parce que cette équipe était capable de tenir le ballon sur de longues séquences et de faire reculer l’adversaire en trouvant d’infimes décalages (souvent au pied) et par la puissance de son jeu au contact. À l’inverse, les hommes d’Alun Wyn-Jones rendaient trop facilement et trop rapidement leurs rares munitions… Voilà la clé du succès anglais, incarné par le second essai de Jonny May : vingt-cinq temps de jeu, un pilonnage méthodique terminé par une subtile remise intérieure du deuxième ligne Launchbury pour son ailier lancé dans l’espace libre

LE SAUVETAGE DE UNDERHILL

La copie des hommes en blanc mettait à mal une statistiqu­e peu flatteuse. M. Garcès les sanctionna­it à dix reprises, pour seulement deux pénalités concédées par les Gallois. Franchemen­t, surmonter un tel déficit au niveau internatio­nal relève de l’exploit et ça ne fait que renforcer l’impression de supériorit­é de ce XV de la Rose, tiré vers le haut par ses individual­ités. Mike Brown pour son adresse sous les chandelles a gagné le titre d’homme du match. Mais l’incroyable Owen Farrell mérite notre Oscar de la semaine.

C’est lui, mis en valeur par George Ford, qui a débloqué le match par un long service au pied impeccable en direction de May. Et tout au long de la partie, l’efficacité et le brio du joueur des Saracens ont causé des ravages dans les rangs gallois. Il fut même royal en défense, où il fit lâcher un ballon très chaud à Moriarty qui le défiait plein fer. À vrai dire, on crut longtemps que les Anglais allaient tranquille­ment passer vingt points à ces Gallois sans munitions. L’ailier Jonny May témoignait de l’élan général : « Je joue le meilleur rugby de ma carrière en ce moment. Je me sens porté par le collectif et vu la concurrenc­e qui règne dans le groupe, on sait qu’on ne peut pas se laisser aller. Ce fut une belle victoire à mon sens car nous les avons mis sous pression. » Le rude Courtney Lawes ne faisait pas trop la fine bouche : « Nous avons mis la main sur le ballon, notamment au début et nous avons fait de bonnes séquences. Croyezmoi, ce n’était pas évident dans ces conditions. »

Pourtant, il subsistait l’ombre d’un doute quand Jérôme Garcès siffla la fin de la partie, alors que les Gallois avaient tout tenté en deuxième période. « Nous n’étions pas très éprouvés physiqueme­nt, nous aurions pu continuer. En fait, il nous aurait fallu dix minutes de plus… » commentait Alun Wyn-Jones. C’est vrai que dans les vingt dernières minutes, avec Anscombe à l’ouverture, les Gallois auraient pu tout renverser, si Shingler ne s’était pas débarrassé d’un ballon au pied après avoir transpercé magistrale­ment le rideau adverse, ou si le jeune avant-aile Underhill n’avait pas plaqué in extremis Scott Williams, lancé en bout de ligne ; peutêtre le geste du match : « Sur ce coup, il nous a carrément sauvé de l’enfer. C’est bien la preuve que ceux qui sont entrés en cours de jeu nous ont apporté quelque chose. » soulignait l’arrière Mike Brown.

POLÉMIQUE SUR L’ARBITRAGE VIDÉO

Le score à l’ancienne, 12-6, finit par poser question. Il fit resurgir la polémique sur un essai refusé à Gareth Anscombe en première période (24e). L’arbitre vidéo (M. Newman) expliquait que l’arrière n’avait pas correcteme­nt aplati… Sur le coup, tout le monde pensa qu’il signalait un en-avant de Steff Evans au préalable, mais c’était bien le « touché en-but qui fut mis à l’index », Anscombe n’aurait pas eu le contrôle du ballon. Inutile de dire que Gatland n’a pas du tout apprécié : « Pour moi, il aplatit. Oui, je suis déçu car on fait venir un arbitre vidéo de Nouvelle-Zélande, il a une décision importante à prendre, et il a fait une erreur terrible. À ce niveau, c’est quand même très décevant. Mais c’est une erreur humaine, et ça fait partie du jeu. »

En 2016, le pays de Galles avait déjà perdu de peu à Twickenham avec une décision d’un juge de touche. En fait, on a failli revivre, le scénario de l’exploit du Mondial 2015 : une Angleterre souveraine qui amène les Gallois au point de rupture et qui se fait surprendre à la fin… Ça aurait été encore cruel pour les Anglais.

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Photo Icon Sport Malgré la pluie et le vent, Anglais et Gallois se sont quittés sur un petit score après un grand match. La bataille fut magnifique et Owen Farrell fut particuliè­rement impérial. Ici, il s’enfonce dans la défense sous le regard de Jonathan Joseph et de...

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