Midi Olympique

LE NOUVEL AGITATEUR

LAURENT MARTI LE PRÉSIDENT DE L’UBB EST EN TRAIN D’ACQUÉRIR UNE NOUVELLE DIMENSION DANS LE MONDE DU RUGBY PROFESSION­NEL, PAR SES AMBITIONS POUR SON CLUB, MAIS AUSSI PAR SON RÔLE INSTITUTIO­NNEL.

- Par Jérôme PRÉVÔT (avec Vincent BISSONNET)

Cela fait désormais dix ans qu’il est apparu dans le rugby profession­nel. En juin 2007, Laurent Marti prenait le contrôle de l’UBB, un an après la création du club (fruit d’une fusion entre Bègles et le Stade bordelais), presque dans l’anonymat. La DNACG venait d’approuver les garanties financière­s qu’il avait présentées. Il avait alors apporté une caution de 400 000 euros pour éviter toute menace de rétrograda­tion, puis il avait enchaîné avec un apport de 500 000 euros. Après un an de gestation et de bricolage (au bon sens du terme) sous la houlette de Frédéric Martini, son presque homonyme, l’UBB entrait dans une nouvelle ère. À titre personnel, il a injecté environ 3,6 millions d’euros dans le club. Il faut bien se souvenir que les candidats n’étaient pas si nombreux. À l’époque, Bordeaux était devenue une terra incognita pour le rugby français, rayée de l’élite depuis 2003. Le plus impression­nant quand on y repense, c’est que même et surtout les Bordelais n’y croyaient pas, n’y croyaient plus. Cette UBB nouvelle se débattait en Pro D2 avec deux millions d’euros de budget. La venue de ce chef d’entreprise originaire de Bergerac n’avait pas suscité d’enthousias­me débordant, ni d’hostilité particuliè­re d’ailleurs. On apprit qu’il n’était même pas Bordelais d’adoption puisqu’il habitait et travaillai­t à Toulouse, siège de ses entreprise­s de textile. On apprit aussi que le rugby n’était pas une chose si abstraite ou fantasmago­rique. Il avait pratiqué ce sport à bon niveau, comme trois quart aile, chez les Reichel du Stade toulousain puis en Première Division du début des années 90 sous les couleurs de l’US Bergerac. À vrai dire, le rugby profession­nel n’intéressai­t pas grand monde à Bordeaux en ce milieu des années 2000. Et il faut se souvenir que le parcours et l’action de Laurent Marti ne furent facilités par personne sur la place de Bordeaux. Il faillit même jeter l’éponge en 2010, déçu par le manque de soutien des forces locales économique­s et politiques. Puis en 2011, divine surprise, le club est monté en Top 14, le seul à l’avoir fait en terminant à la cinquième place de la saison régulière.

DÉSORMAIS AU COMITÉ DIRECTEUR DE LA LNR

La personnali­té de Laurent Marti s’est peu à peu imposée dans le monde du rugby pro. Une personnali­té sociable et chaleureus­e jamais avare d’une analyse à partager. En même temps que son club, il a fait son apprentiss­age du haut niveau pour trouver ses marques auprès des seigneurs du ballon ovale, plus fortunés ou mieux soutenu que lui.

Il a imposé aussi une manière de manager bien à lui, il est un président recruteur qui n’a pas peur de parler du jeu de son équipe. Elle a prospéré, peut-être pas autant qu’il l’aurait voulu, c’est vrai. Mais il a quand même goûté à la grande Coupe d’Europe.

Mais dix ans après son arrivée en juillet 2017, Laurent Marti a fait son entrée dans le « Saint des Saints », le Comité Directeur de la LNR. Il est désormais devenu l’une des voix majeures du rugby français. Un homme capable de s’engager pour des causes générales. Il n’a pas hésité à s’opposer aux méthodes Mohed Altrad, le président de Montepllie­r. Un homme que l’on sent aussi impatient de s’extraire de la grisaille du milieu de tableau, peut-être titillé depuis deux ans par la réussite de son voisin rochelais, devenu expert dans l’art de faire beaucoup avec un budget modeste.

 ??  ??
 ?? Laurent Marti est arrivé dans le rugby profession­nel en 2007 à l’époque où l’UBB était en Pro D2 et n’intéressai­t pas grand monde. Il est désormais devenu un acteur incontourn­able. Il va chercher à faire passer un cap à son club, et s’investit aussi sur l ??
Laurent Marti est arrivé dans le rugby profession­nel en 2007 à l’époque où l’UBB était en Pro D2 et n’intéressai­t pas grand monde. Il est désormais devenu un acteur incontourn­able. Il va chercher à faire passer un cap à son club, et s’investit aussi sur l
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France