Midi Olympique

« On a vraiment durci le ton »

- Propos recueillis par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

Quels souvenirs conservez-vous de vos deux années à Toulon ?

C’était ma première expérience d’entraîneur et j’y ai beaucoup appris. J’ai beaucoup de très bons souvenirs, j’ai eu la chance de partir après un titre de champion d’Europe (2013). Durant ces deux années, il y a aussi eu des moments un peu difficiles. Philippe Saint-André, alors manager, avait été appelé pour rejoindre l’équipe de France. Bernard Laporte est venu pour le remplacer. Il avait fallu s’adapter. Mais j’ai le sentiment d’avoir appris le métier en formation accélérée.

Avant cette première expérience, aviez-vous déjà la volonté d’embrasser une carrière d’entraîneur ?

Oui, j’avais passé mes diplômes en Angleterre. Mes anciens entraîneur­s Dean Ryan et Nigel Melville à Gloucester m’ont souvent poussé vers ce métier. J’étais en perpétuell­e réflexion. Et puis, j’avais fait des études en ce sens (licence de management, N.D.L.R.). Entraîner, c’est pouvoir mettre en pratique ce que j’ai étudié et mettre en pratique mon expertise.

Avez-vous le sentiment qu’il existe aujourd’hui un fossé entre le RC Toulon et le Stade français ?

Beaucoup de choses séparent les deux clubs. D’abord, au niveau géographiq­ue, culturel ou historique. Ces deux clubs ne se sont pas construits de la même façon. Mais ils se retrouvent sur ce côté atypique et attrayant. Le capital sympathie est fort pour ces deux équipes. Ils ne laissent personne indifféren­t.

À Toulon, est-ce lié à la personnali­té du président Boudjellal ?

Oui, c’est un président qui fait vivre son club à tous les niveaux. D’abord financière­ment. Ensuite, dans sa communicat­ion. Il est omniprésen­t mais il a construit quelque chose de solide.

N’est-il pas pesant parfois pour un entraîneur ?

Je n’ai jamais ressenti ce sentiment. Il a tellement d’envie et de passion que ses coups d’éclats sont excusables (rires). Après, chez lui, rien n’est fait par hasard. Il y a une méthode dans sa folie. Et puis, c’est le président qui m’a donné ma première chance, je ne l’oublierai jamais. Je lui suis redevable.

Pourriez-vous un jour retourner à Toulon ?

Pourquoi pas ? Toulon aura toujours une place à part dans mon coeur. Quand Mourad m’a proposé d’entraîner, je lui ai dit que si j’acceptais, c’était pour gagner quelque chose. Deux ans plus tard, contrat rempli.

Pourquoi êtes-vous parti ?

J’avais envie de faire autre chose, de construire un projet sur le long terme. Et puis, je voulais me prouver que je pouvais aussi réussir avec un effectif moins clinquant, moins talentueux.

N’était-ce pas une mise en danger ?

Si, mais c’était un beau challenge. J’aime relever des défis. Lorsque j’étais joueur, j’ai été un des premiers à partir en Angleterre. À l’époque, ça ne faisait pas trop. Mais j’avais envie de voir autre chose.

Vous n’êtes donc pas si bourru que ça…

J’ai quand même une carapace (rires). Je viens des montagnes (il est né à

Tarbes), d’un endroit où tout se gagne. Mon éducation est ainsi faite.

Comment avez-vous vécu le départ de Greg Cooper ?

C’est une situation malheureus­e. Pour Greg, il était devenu très difficile de tout

concilier (la fille de Cooper, vivant en Nouvelle-Zélande, souffre d’une longue

maladie). On sentait qu’il était perturbé, on essayait de le soulager. Mais nous n’avions pas imaginé le degré de gravité de la situation.

Depuis le départ de Greg Cooper, vous vous retrouvez donc en première ligne avec Julien Dupuy. Comment gérez-vous cette situation ?

Robert Mohr est aussi avec nous à plein temps. Il a pris de nombreuses prérogativ­es de Greg en matière d’organisati­on ou sur le plan administra­tif. Avec Julien, on ne gère que les affaires courantes et le terrain. Et puis, les tâches ne sont pas réparties, elles sont partagées. Il y a une nuance. Ce n’est pas cloisonné, il y a de l’interactio­n entre nous.

Attendez-vous tout de même le renfort d’un nouveau manager ?

Pour l’instant, le court terme, c’est redresser la barre, faire adhérer un maximum de joueurs aux objectifs et à la méthode qu’on essaie de mettre en place. Ensuite, on verra bien.

De quelle méthode parlez-vous ?

On savait que l’année serait difficile, qu’il faudrait sûrement revoir des choses en cours de saison. Depuis, la reprise, on a passé beaucoup de temps sur la défense par exemple. On veut aussi simplifier notre jeu, notamment pour mieux gérer nos sorties de camp. Depuis le début de saison, nous jouons trop dans notre moitié de terrain et on s’expose à des fautes ou des ballons de contre. Enfin, pour être transparen­t, on a monté le curseur au niveau de la rigueur. On a vraiment durci le ton.

C’est-à-dire ?

Beaucoup de nos joueurs de qualité sont blessés. C’est donc une chance pour les autres, seulement ceux-là doivent hausser leur niveau de jeu. Aujourd’hui, pour certains, ce n’est pas suffisant pour prétendre jouer au Stade français. Nous devons faire bloc tous ensemble.

Comment appréhende­z-vous ce match à Toulon, sachant que vous affrontez en suivant Agen et Oyonnax ?

Pour nous, le prochain bloc de quatre matchs est capital. Après ça, on en saura un peu plus. Nous nous sommes fixé un objectif sur ces quatre prochaines rencontres.

Qui est ?

D’être meilleurs (rires). Disons qu’il y a des objectifs de comporteme­nt, de jeu, de vie de groupe. Des choses qui doivent nous permettre d’avancer, de progresser dans la constance. On en a marre d’être qualifié d’équipe imprévisib­le.

Mais cela relève de votre responsabi­lité d’entraîneur, non ?

Oui et c’est l’essence même du travail mis en place. On veut des bases plus solides, de la constance et un niveau de performanc­e

Toulon n’est peut-être pas l’endroit idéal pour juger une éventuelle progressio­n ?

Si, au contraire. Ce que je veux voir de nos joueurs, c’est de l’engagement, de la solidarité. J’ai encore en mémoire notre performanc­e contre Pau à domicile. J’ai été extrêmemen­t déçu. Un tel match, ce n’est pas acceptable. Il ne faut pas que cela se reproduise.

« Il a tellement d’envie et de passion que ses coups d’éclats sont excusables. Chez lui (Boudjellal), rien n’est fait par hasard. Il y a une méthode dans sa folie. »

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moyen plus acceptable. Pour l’instant, ce n’est pas le cas.

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