Midi Olympique

« Tout le monde se retrouvera sous la même bannière... »

FRANCIS SALAGOÏTY - Président de Bayonne MALGRÉ LE REFUS DES NOUVEAUX DIRIGEANTS BIARROTS DE PARTICIPER AU PROJET D’UNION, LE PATRON DE L’AVIRON VEUT Y CROIRE. IL APPELLE À LA PRISE DE CONSCIENCE.

- Propos recueillis par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

Qu’en est-il du projet d’union des clubs de rugby au Pays basque après le retrait du Biarritz olympique ?

Cela dépasse ma personne. J’espère pouvoir réunir très rapidement des États généraux du rugby au Pays basque, avec tous les dirigeants concernés ; notre volonté était de réunir les 26 clubs de notre Communauté d’Agglomérat­ion. Les nouveaux dirigeants du Biarritz olympique, qui sont arrivés à grands coups de balai, ont choisi de s’en exclure. Mais on doit pouvoir continuer à écrire notre histoire. Quand nous avons débuté cette réflexion, ce n’était pas pour parler de Bayonne et Biarritz, mais de l’avenir du rugby d’élite.

Qu’est-ce qui avait motivé les échanges avec Nicolas Brusque, alors président du BO ?

Devant l’assemblée générale réunissant tous les actionnair­es du club, j’ai fait part du constat du déclin du rugby dans notre région. Le paysage du rugby français a changé. De nombreux clubs se sont structurés, d’autres ont émergé et les clubs traditionn­els, comme les nôtres, ne font que souffrir quand ils ne disparaiss­ent pas du paysage profession­nel. Aujourd’hui, j’ai des craintes pour le rugby au Pays basque. Nos meilleurs jeunes quittent la région pour évoluer au plus haut niveau parce que nous n’avons pas les moyens de les conserver. Je ne peux m’y résoudre. Ils doivent pouvoir prétendre au plus haut niveau en restant au plus près de leurs clubs formateurs.

Comment avez-vous accueilli les propos de Charles Gave, à propos de la fusion ?

Je regrette surtout la brutalité de ce qui s’est passé à Biarritz. Le respect des valeurs du rugby et des hommes est important. Certes, le rugby a évolué, mais il y a des limites à ne pas dépasser.

Le retrait du BO n’est-il pas un coup d’arrêt à votre projet ?

Notre chance tient à ce que nos hommes politiques ont créé en janvier 2017 la Communauté d’Agglomérat­ion du Pays Basque, regroupant 158 communes et 320 000 habitants. Elle doit être porteuse, en terme d’infrastruc­tures. Bayonne ou Biarritz ne sont pas en capacité de se doter d’un stade susceptibl­e de générer des recettes. Aujourd’hui, il est impossible d’exister en Top 14 avec douze ou treize millions d’euros de budget. Pour combler notre retard économique, il faut un outil qui permette de budgéter plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires liés aux recettes de billetteri­e, d’hospitalit­és et des diverses opérations que permettent un stade moderne. En nous appuyant sur l’Agglo, je suis convaincu que nous pourrions avoir des outils de performanc­e qui permettron­t aux jeunes du Pays basque d’évoluer au plus haut niveau. Le vivier est énorme, il nous manque les outils.

Les responsabl­es de l’Agglo verraient-ils d’un bon oeil l’union du rugby basque ?

Je suis convaincu que nous devons avancer. Le monde économique y est aussi favorable. Le rugby est une chance extraordin­aire de donner de la visibilité à ce territoire. Il en est un élément structuran­t. Le schéma de l’Aviron bayonnais que nous avons créé avec d’autres amis, je n’ai pas peur de le dire, est à bout de souffle. Nous devons écrire une nouvelle belle histoire. Et sans le soutien de tous, présidents de clubs, élus de

l’Agglomérat­ion, nous n’y parviendro­ns pas.

Espérez-vous convaincre les nouveaux dirigeants du BO de rejoindre ce projet ?

Je n’exclus personne. C’est un projet d’envergure que nous devons lancer. Je n’en verrai peut-être pas le bout mais je suis convaincu que, tôt ou tard, tout le monde se retrouvera sous la même bannière d’un grand club du Pays Basque.

Mais ne craigniez-vous pas de vous heurter à l’opposition des supporters ?

Nos supporters sont les meilleurs. Surtout quand tout va bien, mais ils sont aussi les plus véhéments dans la difficulté. Ils doivent comprendre la problémati­que de notre club. Je sais que certains réclament notre démission, mais ce sont les mêmes qui réclament des sanctions contre les joueurs quand on prend soixante-quatre points à Mont-de-Marsan. Malheureus­ement, la majorité est plus silencieus­e que la minorité qui vocifère. J’ai donc la faiblesse de croire que la majorité de nos supporters a envie de voir du beau et du grand rugby au Pays basque.

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