Midi Olympique

Clermont, champion sortant

DÉGRINGOLA­DE ÉPOUVANTAI­L DU RUGBY EUROPÉEN IL Y A UN AN, LE CHAMPION EN TITRE EST AUJOURD’HUI AU BORD DU GOUFFRE. LES CIRCONSTAN­CES ATTÉNUANTE­S SONT RÉELLES. ELLES SONT TOUTEFOIS INSUFFISAN­TES.

- Par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

Dès le mois d’août, on l’a entendu, dit et écrit : les années post-titre sont toujours délicates à négocier. Il y a une perte d’appétit, légitime. Il y a l’usure physique d’une saison à rallonge, à laquelle succède une préparatio­n tronquée. Il y a aussi la cible dans votre dos : battre le champion est une motivation qui se suffit à elle-même, pour les adversaire­s. Et qui complique chaque déplacemen­t. Une fois balayés ces constats, habituels pour toutes les équipes qui ont récemment touché le Brennus, il y a le ressenti. Pour être franc, si une équipe semblait capable d’amortir ce contrecoup, c’est bien Clermont. La force de leur régularité disait cela. Depuis dix ans, les Auvergnats participai­ent systématiq­uement aux phases finales de Top 14 (depuis 2007) et figuraient à cinq reprises dans le dernier carré européen, lors des six dernières saisons. Clermont est certaineme­nt le plus stable du Top 14. L’effectif n’avait été que peu modifié à l’intersaiso­n, et le seul départ de Jono Gibbes (remplacé par Bernard Goutta) impactait le staff. Enfin, Clermont n’a peut-être pas le XV de départ le plus clinquant du championna­t, mais il présente assurément le groupe profession­nel le plus dense de notre rugby. Alors, oui. Clermont semblait immunisé contre la suffisance du champion.

DES BLESSÉS… ET DES SUFFISANCE­S

Mais voilà… De tous les facteurs énumérés plus haut, une bascule s’effectue. Et Clermont, comme d’autres avant lui, s’est mis à perdre de peu les matchs que, une saison plus tôt, il gagnait de peu. Ce fut le cas à Pau, Oyonnax ou Bordeaux-Bègles, pour les matchs à l’extérieur. Ce fut aussi le cas des deux défaites à domicile, face à Montpellie­r et Castres. Ce qui place aujourd’hui le champion dans une situation plus que délicate (32 points), à quinze points du premier qualifiabl­e (Lyon, 47 points). Pour bien juger de l’ampleur du péril, Clermont est aujourd’hui plus proche d’une position de relégable (9 points d’avance sur Agen, 13e). Les raisons ? Il y a cette accumulati­on sans précédente de blessures, bien sûr, qui explique une partie du problème. Aucune équipe ne sortirait indemne d’une période sans l’intégralit­é de sa ligne de trois-quarts. Il y a aussi des problèmes comporteme­ntaux qui interrogen­t. Samedi à Lyon, la nonchalanc­e de Nakaitaci, les maladresse­s de la charnière ou les difficulté­s du paquet d’avants pour avancer aux impacts justifient également la position actuelle du champion en titre.

Pourtant, sur plusieurs séquences collective­s à Lyon, Clermont rappelait qu’il est encore le détenteur d’un des plus beaux rugby d’Europe. Mais ces éclats ne trouvent plus de continuité. Une inconstanc­e qui coute cher: sauf miracle, le champion ne verra pas les phases finales du Top 14. « Même s’il ne reste que 1 % de chance, ou même 0,5 %, ou 0,1 %, nous essaierons d’aller chercher cette qualificat­ion. L’objectif de la qualificat­ion en Top 14 doit toujours être présent » martelait Paul Jedrasiak, après cette nouvelle défaite (la cinquième consécutiv­e en championna­t).

La question de prioriser la Coupe d’Europe devra toutefois se poser, dans les semaines à venir. Une compétitio­n où Clermont n’est qu’à trois matchs d’un titre majeur, avec un quart de finale à domicile à disputer pour lequel Parra, Lopez, Fofana, Penaud, Abendanon, Strettle pourraient être de retour. De quoi alimenter la réflexion qui devra être menée en Auvergne, sur la gestion des hommes et du calendrier pour la fin de la saison.

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Noa Nakaitaci. Photo Vincent Duvivier

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