Midi Olympique

LA MARQUE DES AUDACIEUX

EN S’IMPOSANT POUR LA QUATRIÈME FOIS À L’EXTÉRIEUR DE LA SAISON, LA PREMIÈRE FOIS À BRIVE DEPUIS TRENTE-CINQ ANS, LA SECTION RESTE ACCROCHÉE AUX TALONS DU TOP 6. BIEN DÉCIDÉE À JOUER LES TROUBLE-FÊTE.

- Par Enzo DIAZ, envoyé spécial

Cette fois-ci, pas de Haka improvisé en pleine rue comme lors de leur succès au Stade français (5-40), il y a un peu moins de trois semaines mais des chants et des selfies qui émanent du vestiaire visiteur. À la faveur d’un succès acquis de haute lutte sur une pelouse en partie changée, mais largement pratiquabl­e, la Section paloise confirme son net regain de forme. Ce cinquième succès consécutif - Top 14 et Challenge européen confondus- le quatrième chez une équipe à la lutte pour le maintien, a été dessiné avec patience et audace, dans des conditions pourtant difficiles. « Nous étions venus avec des intentions et pour pratiquer le jeu de la Section paloise, celui qui nous réussit. Nous sommes dans une forme de continuité. Cette équipe a un véritable état d’esprit, elle n’a pas peur de jouer, sur n’importe quel terrain », lâchait après match un Simon Mannix lucide. Au vu de la prestation d’ensemble, force est de constater que Pau est bel et bien une équipe tout-terrain. Avec un huit de devant en grande partie resté en Béarn « à bosser le nez dans la merde », dixit Mannix, alors que 25 de leurs coéquipier­s profitaien­t de l’été austral à Brisbane, la Section avait bien préparé son coup. Même le retard imprévu de 24 heures au retour d’Australie n’a rien changé.

Dans le sillage d’un Thomas Domingo pénible au grattage et dominant en mêlée fermée, d’un Quentin Lespiaucq ultra dynamique dans le jeu courant, et d’un Sean Dougall omniprésen­t défensivem­ent (17 plaquages) la Section n’a pas vraiment paru débordé dans le défi frontal proposé par les Brivistes. Idéal avant de faire jouer et de faire parler ses armes lors du second acte.

SÛRS DE LEURS FORCES

Entre-temps, Pau avait réglé la question de la discipline. Sanctionné­s à sept reprises en quarante minutes, les Béarnais se sont montrés bien plus appliqués et lucides au retour des vestiaires. À ce propos Simon Mannix refusait tout miracle : « Ce ne sont pas deux, trois mots à la mi-temps qui ont tout changé. » Peut-être mais avec ce facteur-là, Pau s’est engouffré dans la brèche. Et a su profiter des moindres erreurs du camp d’en face pour faire parler ses qualités de vitesse, mais aussi sa vista. Celles de Tom Taylor et de Colin Slade, complément­aires au possible et « essentiels dans la gestion du jeu » comme le reconnaiss­ait le centre Julien Fumat. « Tom et Colin ont bien alterné. Sur l’occupation, ils ont réussi à maintenir Brive dans leur camp et les ont obligé soit à remonter les ballons soit à nous les rendre. Ainsi nous avons pu contre-attaquer ». Avec le numéro 10 dans le dos, Tom Taylor a notamment été décisif en semant le désordre dans la défense briviste sur sa relance à la 50e pour le premier essai de Votu. Son acolyte, Colin Slade, positionné à l’arrière pour la troisième fois de la saison s’est lui révélé impérial sous les ballons hauts. Finalement, il ne lui a manqué que cet essai, raté d’un malheureux en-avant à deux mètres de la ligne d’en-but à la 54e après un superbe coup de pied rasant de Julien Fumat. Ce dernier (30 ans) centre historique des Vert et Blanc - treizième saison sous les couleurs paloises - était absent des terrains depuis plus de trois mois après une fracture du pouce face à La Rochelle. Présent en Australie, à la recherche de temps de jeu, il a profité des absences conjointes de deux autres All Black, Conrad Smith et Benson Stanley pour se montrer très complément­aire avec Jale Vatubua. « Nous avons pris quelques belles défaites à Brive. Cette victoire est celle de la sérénité, nous sommes sûrs de notre jeu », analysait-il. L’an dernier, à pareille époque, la Section paloise était sur un cycle de huit matchs sans défaite en Top 14. Les Béarnais s’étaient écroulés dans la dernière ligne droite au début du printemps. Cette saison, la Section est sur le même tempo. A-t-elle les arguments pour faire mieux ? La réception du Racing samedi soir devrait permettre d’en savoir plus.■

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Photo Diarmid Courrèges À la conduite du jeu béarnais, Tom Taylor, l’ancien joueur des Crusaders et de Toulon s’est montré à son avantage que ce soit au pied ou ballon en main.

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