Midi Olympique

« Bien sûr que nous avons peur… »

ALEXANDRE FLANQUART - Deuxième ligne du Stade français CAPITAINE D’UNE ÉQUIPE À LA DÉRIVE, IL NE CACHE PAS SON INQUIÉTUDE À L’HEURE D’ENTAMER UN SPRINT FINAL DES PLUS ANXIOGÈNES.

- Propos recueillis par P. I.-R.

Alexandre, après un lourd revers à domicile contre Pau (5-40), vous souhaitiez vous rassurer un minimum. C’est manqué…

Nous venions à Mayol pour faire un gros match. Pas forcément gagner, car nous sommes conscients de ce qui nous sépare des membres du top 6 mais on voulait se rassurer, se retrouver et se prouver que nous pouvions rivaliser avec un cador, au moins dans l’engagement. Mais c’est un échec total… Repartir avec quarante points dans les valises ça fait mal.

Que vous a-t-il manqué, si ce n’est pour battre Toulon, au moins pour retrouver votre rugby ?

Nous travaillon­s bien la semaine, nous sommes appliqués, impliqués… mais incapables de le mettre en place en match… En première mi-temps nous voulions bien défendre et profiter des turnovers. Alors on s’est attelé à leur faire perdre des ballons, ce que nous avons su faire… Mais nous les rendions immédiatem­ent… Ensuite, nous prenons trois essais en première main. Ça fait mal à la tête. En résumé, nous avons eu le sentiment de répondre dans le jeu, mais de ne pas pouvoir exister au tableau d’affichage. Maintenant, le groupe doit rester groupé. Il faut repartir de l’avant pour la suite de la saison…

Qu’en est-il de l’état d’esprit ?

Lors des deux dernières semaines nous avions énormément travaillé sur les bases. On avait parlé du mental, de l’agressivit­é… Mais visiblemen­t ça n’a pas suffi. Personne ne s’est enlevé, échappé, c’est sûr… Mais je pense que tout le monde n’était pas à 100 % aujourd’hui. C’est regrettabl­e.

Désormais, vous n’avez que quatre longueurs d’avance sur la zone rouge. Comment appréhende­z-vous cette situation ?

Ne pas regarder derrière nous serait un manque de lucidité. Il est hors de question qu’on se mente à nous-mêmes. Ce serait criminel. Nous sommes obligés d’y penser. Se voiler la face voudrait dire qu’on refuse la situation. Il faut que chacun soit conscient que si ce n’était pas le cas en début de saison, et qu’on se voyait certaineme­nt plus beaux que nous l’étions vraiment, l’objectif est désormais le maintien. Un point c’est tout. Nous avons entre les mains l’avenir d’un club qui a marqué l’histoire du rugby et il nous appartient de ne pas le galvauder.

Par quoi passera le maintien ?

Les trois matchs qui arrivent, à savoir la réception d’Agen, le déplacemen­t à Oyonnax et la réception de Castres. C’est un virage déterminan­t. Au retour des vacances, nous nous étions fixé un objectif pour les quatre journées suivantes. Avec cette lourde défaite, nous avons grillé un joker. Mais l’objectif ne change pas. Un nombre de points ? Ça reste entre nous, mais je peux simplement vous dire qu’il doit nous permettre de distancer la treizième place… et de se rassurer quant à notre rugby.

Que s’est-il dit dans le vestiaire ?

Les têtes étaient basses. Nous sommes profession­nels et nous avons failli contre Toulon. Alors il n’y a pas forcément eu de cris, ou d’explicatio­ns. Plus des leaders qui ont pris la parole pour que le groupe prenne conscience de la situation dans laquelle nous avons mis le club.

Et vous ?

En tant que capitaine, j’ai répété qu’il fallait à tout prix rester soudés. Je n’ai pas parlé du match, ou très peu. J’ai surtout insisté sur l’avenir et les neuf journées qu’il nous reste pour sauver un club qui le mérite. On doit s’assurer qu’il n’y aura pas de démobilisa­tion, de démission. Ce n’est pas le moment de se lâcher et que chacun parte en vrille et tente de sauver le club seul. Il faut rester sur un objectif commun. C’est simple, il faut tout gagner. L’heure est grave. Nous sommes en danger. Le club est en danger. Et nous avons la peur au ventre… Maintenant, nous avons encore notre destin entre les mains et la chance d’affronter des adversaire­s qui sont dans la même situation que nous. Notre saison se jouera lors des trois prochaines journées. C’est malheureux. C’est un constat qu’il est important de faire, si on veut éviter d’aller vers une grande déconvenue.

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