LE MIRACLE PERMANENT
QUATORZE ET TROIS QUI FONT DIX-SEPT. FACE AU STADE FRANÇAIS, L’ANGLAIS A INSCRIT SES 15e, 16e ET 17e ESSAI DE LA SAISON ET N’EST DÉSORMAIS PLUS QU’À QUATRE LONGUEURS DU RECORD DE NAPOLIONI NALAGA...
Le manque de rythme lié à trois semaines de coupure, l’adversaire en grand danger et la pluie qui tombait à grands seaux sur Mayol, cette réception du Stade français avait tout du guet-apens pour un RCT rarement brillant lors des retours de vacances. « Il y a beaucoup de questions qui se posent après une trêve : le manque de rythme, de concentration, de repères… Maintenant il ne reste plus beaucoup de matchs et nous devons, avec cette réception du Stade français, confirmer notre bon match contre l’UBB, tentait de se rassurer Fabien Galthié avant la rencontre. Nous sommes sur une dynamique de fin de saison et je pense que tout le monde est conscient de l’importance de ce match. Il faut monter en puissance, et j’espère que l’on saura maîtriser ce rendez-vous. » Et Toulon a on ne peut mieux maîtrisé la rencontre. Irrésistibles en mêlée, précis en touche et réglés comme de l’horlogerie suisse en attaque, les Varois n’ont pas laissé le moindre espoir à de trop friables Parisiens. Des charges dévastatrices de Vermeulen, au récital offensif de Trinh-Duc et Bastareaud, en passant par l’activité du nouvel arrivant, Attwood, le RCT a fait ce qu’il voulait samedi après-midi. Mais plus encore que les vingt-deux autres Varois, un joueur s’est (une fois n’est pas coutume) montré sous son meilleur jour… Il est Anglais, ailier, court plus vitre que le mistral et a fait des en-but du Top14 ses meilleurs amis. Vous l’avez ? S’il n’en doutait pas vraiment, Mourad Boudjellal se rend compte match après match qu’il a, en signant Chris Ashton à l’intersaison, mis le grappin sur un joueur d’exception.
« AVEC « ASH », IL Y EN A POUR TOUS LES GOÛTS »
« Ashton, ce n’est pas n’importe quel finisseur, nous promettait le président du RCT en juillet dernier. C’est comme si à l’époque un club avait signé Gerd Müller (footballeur allemand, ballon d’or en 1970). On pouvait se dire « on a tant de buts garantis ». Bah Ashton c’est un peu ça. » Et l’international anglais lui a une nouvelle fois donné raison contre le Stade français. D’un duel gagné à la vitesse face à McLeod (7e), à la conclusion d’un mouvement en première main (27e), en passant par un essai opportuniste inscrit après une belle course de Radradra (39e), Ashton a, avec ce triplé (le deuxième cette saison !) marqué le Stade français au fer rouge. « Avec « Ash », il y en a pour tous les goûts », nous confiait ainsi un membre du staff après le match, pour décrire la palette infinie d’Ashton quand il s’agit de rallier l’en-but. « Chris est toujours à l’affût, toujours au bon endroit, au bon moment » louait à son tour Wisniewski, qui découvre semaine après semaine, un phénomène, un « renard des surfaces », capable de faire 100 mètres, juste parce qu’il y a une infime possibilité d’être servi. Vous avez dit mort de faim ? Au demi d’ouverture de poursuivre : « Il fait toujours la bonne course. Ce n’est pas le joueur le plus puissant, ni celui avec les plus gros appuis, mais il sent la ligne et flaire toujours les bons coups. » Certains affirmeront même qu’ils l’ont vu devenir fou, en deuxième période, quand le ballon n’arrivait pas jusqu’à son aile. Vous avez dit rage de vaincre ?
LE RECORD DE NAPOLIONI NALAGA DANS LE VISEUR
Et les Toulonnais pourront compter sur le meilleur marqueur du championnat pour ne pas s’arrêter en si bon chemin. Auteur de dixsept essais en autant de journées de championnat -bien qu’il n’ait disputé que quatorze matchs (!)- le joueur qui soufflera sa trenteet-unième bougie le 29 mars prochain, peut décemment envisager de faire tomber le record de Napolioni Nalaga (21 en 2008-2009). « Chris Ashton, c’est un chasseur. Il est bien servi par ses coéquipiers, mais il cherche tous les essais et il chasse la ligne, souriait Fabien Galthié. Il va aller chercher le record de Nalaga… ».
S’il ne veut pas confondre vitesse et précipitation, la nouvelle coqueluche du RCT, qui nous confiait récemment vivre un rêve éveillé sur la rade, ne cache plus son ambition de faire tomber le record. « J’ai la chance de jouer à l’aile et de me trouver à la conclusion de beaux essais. […] J’espère marquer à tous les matchs, je suis ailier, c’est mon rôle. Nalaga est un super joueur du Top 14… Maintenant, j’espère que j’accrocherai le record… » Pour ça, il lui faut encore rallier cinq fois les en-but lors des neuf prochaines journées. Un challenge à la démesure de son talent… Mais ne dit-on pas que la chance sourit aux audacieux ? Toujours est-il que s’il veut jouer les troubles-fêtes en fin de saison, le RCT devra compter sur son insatiable marqueur d’essais.