REQUIEM POUR NARBONNE ?
Un épais brouillard avait enveloppé le Parc des Sports et de l’Amitié vendredi soir, plongeant la rencontre entre Narbonne et Biarritz dans une semi-obscurité. Comme si Dame Nature, dans un élan de bienveillance, avait tenté de mettre un voile de pudeur sur une bien triste réalité. Parce qu’il faudra bientôt se rendre à l’évidence : Le RC Narbonne Méditérannée est sur le point de quitter ce monde du rugby professionnel. La défaite concédée par les hommes de Justin Harrison devant leur public face au Biarritz olympique a résonné tel un requiem. Elle a même très vite viré à l’humiliation : quarante-deux points encaissés durant les seules quarante premières minutes… Certes, il y a bien eu une timide réaction d’orgueil en seconde mitemps. Mais, les Narbonnais ont semblé porter sur leurs épaules une croix bien trop lourde.
Sauf miracle, le RCNM, double champion de France (1936, 1979), vainqueur du Challenge Yves-du-Manoir à neuf reprises (1968, 1973, 1974, 1978, 1979, 1984, 1989, 1990, 1991), rejoindra d’ici peu d’autres grands noms du rugby français comme Lourdes ou Bourgoin dans l’anonymat du rugby amateur. Et pour cause…
Désormais, Narbonne compte douze points de retard sur le premier non reléguable, Dax, dix sur Carcassonne, treizième. Dans cet océan de noirceur, le capitaine Romain Manchia, admirable de détermination et de courage, a tenté dès le coup de sifflet final de fédérer ses partenaires autour d’un seul et unique objectif : « Ne rien lâcher. » Et d’ajouter en direct sur Eurosport 2, au cours de l’émission Soir de Pro D2 : « Je suis à Narbonne depuis cinq ans, j’aime ce club. Je n’ai surtout pas envie d’être le capitaine qui va mener le club en Fédérale. On va se battre jusqu’au bout. » Évidemment, mathématiquement, rien n’est perdu. Trente-cinq points sont encore en jeu lors des sept dernières journées. Et Narbonne aura la chance de jouer encore à domicile le week-end prochain. Las, au regard des dernières performances de ceux qui furent, il y a déjà bien longtemps, surnommés « Les Blacks de Méditerranée », l’espoir est mince. Pour ne pas dire famélique…