LE MODÈLE RENNAIS VALORISÉ
LE CLUB DE RENNES SERA REPRÉSENTÉ PAR DEUX JOUEURS SAMEDI À MARSEILLE EN ÉQUIPE DE FRANCE UNIVERSITAIRE. SON EXIGEANTE POLITIQUE DE FORMATION EST AINSI RÉCOMPENSÉE.
Aux deux matchs traditionnels contre les Anglais (aller-retour à Chambéry le 15 et le 20 mars), les responsables de l’équipe de France universitaire ont rajouté un troisième rendez-vous à leur programme, en répondant favorablement à une demande de la Fédération italienne. Et pour ce match contre les Universitaires italiens qui se déroulera samedi à Marseille, les sélectionneurs tricolores ont choisi de présenter en Provence une équipe développement, sorte d’équipe bis, dans laquelle débuteront des étudiants qui ne comptent encore aucune sélection, et dont certains proviennent de territoires excentrés et de petits clubs fédéraux. C’est ainsi que La Réunion comptera à partir de ce week-end les deux premières sélections de son histoire, avec le troisième ligne Adhrami Mze et le centre Adrien Delmas. La Bretagne sera représentée par deux joueurs de Rennes : l’arrière Mathieu Brignonen et l’ailier Sébastien Fasquel. Quelques mois après l’intérêt porté par l’équipe de France à 7 développement à leur coéquipier et troisième ligne Martin Bertrand, ces deux sélections mettent de nouveau en lumière le modele de formation rennais.
LES GARÇONS À LEUR TOUR
Depuis quinze ans, dans leur désert, les Rennais s’appuient sur deux structures pour favoriser l’éclosion des lycéens et des universitaires. Guillaume Comméat avait créé la « Rec Académie » au lycée MendèsFrance, et Yann Moison le centre Universitaire à l’université de Rennes 2. Tous les deux entraîneurs à Rennes, ils développaient ici les conditions d’une formation poussée et nécessaire à l’éclosion d’un public moins nombreux qu’ailleurs, indispensable à la bonne tenue de leur équipe fédérale. « Nous partions du principe que
les centres de formation des clubs pros iraient dans les mêmes dérives que ceux du football, dit Yann Moison aujourd’hui. Nous voulions pouvoir offrir chez nous à nos jeunes rugbymen la possibilité de pousser le plus loin possible leur double projet professionnel et sportif. Quinze ans après, ces deux sélections nous donnent beaucoup de plaisir, car elles nous confortent dans l’idée qu’il est possible de former de très bons joueurs de rugby et de leur permettre de construire des CV à bac + 5. » Jusqu’à présent, ce sont surtout les filles qui profitaient de la structure universitaire. Depuis ce centre où les étudiants s’entraînent cinq fois par semaine, en sus de leur rendez-vous en club, douze internationales rennaises en sont sorties, tel Sandrine Agricole en son temps, ou Jade Le Pescq aujourd’hui. Les filles de Rennes ont construit leur avenir en Top 8 dessus. Pour les garçons, la réussite se cantonnait aux compétitions universitaires. Assez réputés sur le circuit national, ils avaient touché leur apothéose en devenant double champion de France de rugby à VII en 2016 et en 2017, et en participant la saison dernière au championnat universitaire européen. « Ce centre est super formateur, raconte Mathieu Brignonen, l’un des deux sélectionnés. Il m’a fallu deux ans pour vraiment digérer les charges de travail, car dès qu’on se relâche sur les diplômes, on nous tombe dessus. Il faut être bon sur les deux tableaux. C’est ma troisième année, et je me sens en possession d’un très bon bagage pour défendre mon jeu sur un terrain. » La nouvelle place prise dans la hiérarchie par l’équipe de Rennes en Fédérale 2, a poussé cette réussite sur le plan fédéral. Sept joueurs de l’équipe première, leader de sa poule et favorite pour la montée en Fédérale 1, sont inscrits cette année au centre universitaire. Soit à peu près un quart du groupe. Une dizaine des coéquipiers est aussi passée au lycée par la Rec Académie, dirigé aujourd’hui Kevin Courties, coentraîneur de l’équipe première avec Yann Moison. Le lien entre le club et ses satellites formateur est resté très étroit. Et voilà trois sélectionnés qui sortent du chapeau. Pas mal, pour un désert.