RUGBY BOUILLABAISSE
Vendredi à Marseille nous recevons nos cousins italiens. L’enjeu est de taille : la cuillère de bois, réservée à la plus mauvaise équipe du Tournoi, est possible… Le rugby français est en pleine bouillabaisse ! Ce plat représentatif de la cuisine méditerranéenne était à l’origine celui de pauvres ; des pêcheurs qui mettaient en commun les poissons impropres à la vente.
Tout a changé ! Et gare aux prétendues bouillabaisses que l’on risque de vous proposer. Il y a des poissons qui se pensent plus grands qu’ils ne sont et qui prennent un autre type de bouillon. La justice rode : de Marcoussis à Édimbourg. Pendant ce temps on perd et on perd encore. Le seul talent qui nous maintient hors d’eau, Teddy Thomas, se fait prendre par la patrouille… Il fait partie des joueurs sanctionnés par l’entraîneur qui prend une posture tout à la fois d’instit, de hussard noir de la IIIe République mais aussi d’éduc spécialisé en milieu (trop !) ouvert.
Mais les sanctions d’en haut ne se répercutent pas toujours en bas : le Stade Français n’en tient pas compte pendant que Toulon et Clermont adhèrent aux sanctions. Tiens, à ce propos, les entraîneurs du Top 14 ne devaient-ils pas accompagner Jacques Brunel lors des matches du Tournoi ? Qui à Édimbourg ? Aux commentaires à la télé ou à ses côtés ? On assiste ici à une carence d’autorité qui basculerait vers de l’autoritarisme. En somme, nous ne sommes pas au mieux alors que le Top 14 est de retour… Avec et sans les coqs punis ou sélectionnés, peut-on croire un seul instant qu’il est le meilleur championnat du monde ; sûrement le plus juteux pour les préretraités du Sud et d’ailleurs… En fait, on retrouve des impressions anciennes, comme si les nations outre-manche jouaient mieux que nous. Mais le pire est à venir : il nous reste à digérer la bourride, terrible variante farcie d’ail de la « bouille ». L’Angleterre et le Pays de Galles, excusez du peu, resteront à affronter ! L’identification à notre équipe s’étiole, elle n’est plus celle de nos quartiers, elle est professionnelle et on va donc assister à un spectacle sportif. Sans trop de passion et d’émotion. Un jeune enfant nous confiait après la défaite en Écosse : « On a perdu mais nous, avec ma classe, on a gagné dans la cour de l’école »… Quelle sagesse et quelle relativité ! Il est bien difficile de se reconnaître dans l’équipe de France, à ceux qui l’ont en responsabilité et à ceux qui l’entraîne. Que reste-t-il alors de notre appartenance aux clubs de nos enfances ? L’hiver envahit nos coeurs. Alors passons au « gastre » : bouillabaisse, celle des grecs fondateurs de Massalia, avec du vin rouge d’Aix, du blanc de Cassis ou bien du rosé du Pradet ! Tout cela avec modération, bien sûr. On a vu où entraînent les excès. On bat l’Italie, peuchère, et bon appétit mesdames et messieurs !