Clermont, champion déchu
TANT SUR LE PLAN COMPTABLE QUE SUR LA FORME, LE LOU A DÉCROCHÉ UN SUCCÈS IMPORTANT AVANT D’ABORDER CINQ MATCHS CONTRE DES CONCURRENTS DIRECTS POUR LA QUALIFICATION.
Et cinq qui font quinze. Pour son troisième match à domicile lors des quatre dernières journées, Lyon a fait le plein, avec un troisième succès bonifié, et un bilan chiffré impressionnant : 144 points marqués, et dix-huit essais inscrits contre quatre encaissés. Après un succès en infériorité numérique pendant plus d’une mi-temps contre Pau, un festival contre Agen, le Lou a réalisé son chef-d’oeuvre, au sens classique du terme.
Tantôt opportuniste à l’image des essais inscrits par Arnold et Harris, tantôt maladroit, Lyon a construit et mérité son succès par sa force collective sur les bases du jeu : la conquête et la discipline. Dans ce dernier domaine, il a fait preuve de sangfroid et de rigueur quand son adversaire perdait ses nerfs. « Nous avons été bons dans tous les secteurs, saluait Pierre Mignoni. Mais la clé du match a été la discipline. Nous avons commis six fautes ! Dans les standards du haut-niveau, quand une équipe commet moins de huit fautes, en général, elle gagne le match. Si nous avions commis dix, douze, ou quatorze fautes, même en jouant bien, je pense que nous aurions pu perdre ce match. »
UNE MI-TEMPS BIEN VENUE
Et la moitié de ses sanctions ont été prononcées dans les six dernières minutes de la première période terminée par un ballon arraché à Lee (35e) après une penaltouche, un lancer adverse volé après une belle lecture de Julien Puricelli (36e) et trois points encaissés (Laidlaw 39e). La mise au point dans les vestiaires acheva de garder les Lyonnais concentrés. « La mi-temps est arrivée à point nommé, jugeait le coach. Les joueurs ont pris ce qu’ils devaient entendre. Ils ont repris ensuite sur les standards sur lesquels ils avaient commencé. Si nous avions continué dans le même sens, nous aurions pu perdre ce match. »
LES HEURES DE VÉRITÉ
Outre l’aspect comptable, cette victoire, par sa forme, donne quelques assurances à un collectif qui va vivre plusieurs heures de vérité lors des cinq prochaines journées. Hormis Montpellier, il affrontera tous les premiers du classement. Or, depuis le début de saison, si l’on excepte la victoire au Racing, et celle de ce week-end contre un champion de France mal en point, le Lou a peiné contre ses adversaires directs pour les places qualificatives. « On a dit dans un passé récent que nous n’étions pas au niveau contre ces équipes-là et c’était vrai, reconnaissait Pierre Mignoni. Nous n’étions pas au niveau quand nous avons connu notre trou d’air (N.D.L.R. : cinq défaites consécutives en Top 14 entre le 4 novembre et le 23 décembre). Notre équipe peut être au niveau. Maintenant, physiquement et mentalement, les joueurs doivent répondre présents. Il reste neuf matchs à batailler. Il n’y aura pas la place pour les faibles, mentalement, il ne faudra pas oublier le moindre point en route. »
Bref, il s’agit de ne pas reproduire les erreurs du passé mais au contraire de prouver que la performance produite contre Clermont peut être répétée, contre d’autres adversaires, peutêtre moins prestigieux, dans un cadre plus hostile qu’un stade de Gerland quasiment complètement acquis à la cause lyonnaise.
« Nous savions qu’il fallait faire notre match de l’année pour battre Clermont » soufflait le troisième ligne aile, Dylan Cretin, avant de sourire. « Maintenant il faut continuer à faire notre meilleur match de l’année lors des prochaines journées. » Tous les espoirs seraient alors permis.