Midi Olympique

AUTRES CAUSES, MÊMES EFFETS

ÉTRILLÉS SUR LEUR TERRAIN DANS UN DERBY QU’ILS AVAIENT POURTANT CIBLÉ, LES AGENAIS NE SE SONT PAS RELEVÉS APRÈS LA DÉROUTE LYONNAISE.

- Par Émilie DUDON, envoyée spéciale emilie.dudon@midi-olympique.fr

La 3D, vous connaissez ? Au SUALG, c’est la stratégie qui avait permis de réaliser l’honorable première partie de saison que nous savons : en axant son travail sur la défense, la discipline et la déterminat­ion (les 3D, donc), le promu avait séduit et enregistré quelques jolis résultats. Pourtant depuis deux matchs, Agen a plutôt basculé dans la quatrième dimension, avec 123 points et 18 essais encaissés en 160 minutes. Humiliés à Lyon il y a trois semaines (71-17), les Lot-etGaronnai­s ont été châtiés sur leur terrain cette fois. Alors même qu’ils avaient fait de ce derby de la Garonne l’un des rendez-vous les plus importants de leur saison, avec des tribunes enfin remplies, des milliers de drapeaux distribués à l’entrée du stade et un feu d’artifice en fin de match aussi magnifique que mal tombé… La fête était partout sauf sur le terrain, samedi à Armandie. Ce qui fait craindre une « cassure » au président Jean-François Fonteneau : « Elle est possible. Connaître un tel échec lors d’un match comme ça, ça casse un peu le truc… Tous les ingrédient­s étaient réunis pour retrouver une grosse dynamique. Rien n’est perdu et nous sommes encore une fois sauvés par les résultats de nos concurrent­s directs mais ce n’est pas rassurant sur le contenu. Et même si ce n’était pas vraiment notre championna­t, nous avions ciblé ce match malgré tout. »

Comme cela avait été le cas à Lyon, où les Agenais avaient affiché leurs ambitions d’exploit et envoyé leur meilleure équipe. Édifiant, forcément. Inquiétant, tout autant. Ces deux défaites n’ont pourtant pas grand chose de commun, comme l’expliquait l’entraîneur principal Mauricio Reggiardo samedi soir : « La différence avec la défaite à Lyon, c’est que nous y encaission­s des essais à une passe. Là, les Toulousain­s ont très bien joué les turn over. Ils faisaient deux passes et jouaient au pied, trois passes puis allaient au large. Ils ont toujours fait les meilleurs choix tactiques. Ce que nous n’avons pas du tout su faire. » Les Agenais se sont en effet trompés de stratégie. En manque cruel de réalisme, ils se sont entêtés à jouer, négligeant le jeu au pied alors qu’ils avaient le vent en leur faveur en première période et s’exposant aux contres face à des Toulousain­s excellents sur les ballons de récupérati­on. « Nous avons pris une grosse leçon de réalisme, confirmait le technicien argentin. La grande différence entre eux et nous, c’est qu’ils ont très bien joué sur le plan tactique. » Que dire de la défense, aussi, qui montre des signes de faiblesses si alarmants depuis deux sorties ? « Elle était complèteme­nt à côté de la plaque », résumait le président sans ambages.

FONTENEAU : « ABATTUS ET DÉSARMÉS »

Ainsi, la colère n’est pas montée du vestiaire après le match, comme cela avait été le cas il y a trois semaines. « Après Lyon, j’étais énervé. Là, c’est une grosse déception mais quand je vois le match qu’ont fait le petit Laporte, Hériteau ou Sadie, l’entrée en jeu de Mchelidze et Murday, le match de Tanga ou l’activité De Marco, Ryan ou Bosch, je me dis que personne n’a triché », assurait Reggiardo. « Ça a été compliqué de parler dans le vestiaire…, avouait Jean-François Fonteneau. À Lyon, j’avais été un peu rude parce que le groupe le méritait. Là, on se sentait abattus et désarmés face à cette situation. » Quoi, alors ? Le SUALG, qui se déplace chez un concurrent direct, le Stade français, ce weekend, va devoir très vite réagir. Sur le terrain d’abord. « Il va falloir trouver des solutions, prévenait le président. Le hourra rugby a ses limites. On n’est pas capable d’alterner ce jeu très offensif et une bonne défense. C’est la grosse différence entre les grandes équipes et celles qui le sont un peu moins. Il va falloir resserrer la voilure, c’est indispensa­ble. » Mais un gros travail doit être fait dans les têtes également face à la « perte de confiance » évidente dont fait preuve le groupe. « C’est un moment très important de la saison, résumait Mauricio Reggiardo en guise de conclusion. J’avais dit après Lyon que c’était moi le responsabl­e. Là, nous avons pris la responsabi­lité de cette défaite ensemble. C’est le groupe qui a pris cinquante points contre Toulouse. On va rester très soudés. J’ai dit aux mecs que les vrais groupes avec un vrai état d’esprit, on les reconnaît dans la difficulté. » Et les temps sont très difficiles à Agen en ce moment…

Newspapers in French

Newspapers from France