Midi Olympique

FINIE, LA BRINGUE

AUSSI INCROYABLE QUE CELA PUISSE PARAÎTRE, LES TRICOLORES SONT EN DANGER AU MOMENT D’ACCUEILLIR L’ITALIE À MARSEILLE. EN CAS DE DÉFAITE, LA CUILLÈRE DE BOIS NE SERAIT PLUS SEULEMENT UN AUGURE, ELLE DEVIENDRAI­T UNE PROMESSE.

- Par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

Jamais, avant ce Tournoi 2018, un sélectionn­eur français n’avait ouvert son mandat par une défaite. Jamais, avant cet hiver polaire, les Bleus n’avaient pointé à la dixième place du classement de World Rugby. Dans la grande histoire de l’ovale mondial, jamais la FFR n’avait non plus organisé un match du Tournoi hors des frontières d’Ile-de-France, les Britanniqu­es ne concevant pas l’idée d’un déplacemen­t en Gaule sans les plaisirs qu’offrait sa capitale, au moment où les Coqs furent admis à la table des « Home Unions ». Perfides, vous ajouterez peut-être qu’avant cette odieuse année 2018, il n’y avait jamais eu non plus de « perquise » au siège de la FFR ou d’avion fédéral pris en otage sur le tarmac d’un aéroport écossais. On vous l’accorde. En revanche, que le groupe France ne se soit jamais appuyé sur un arrière qui, en soirée, joue du coup de boule avec les lampadaire­s, c’est une informatio­n qui mérite d’être vérifiée…

Dans la mesure où semble venu le temps des grandes premières, on pourrait craindre que ne sonne l’heure de la première victoire italienne sur le sol français dans le Tournoi des 6 Nations. Horreur ! Malheur ! Mais est-ce vraiment possible ? Les deux dernières sorties de la Squadra Azzurra, au fil desquelles elle encaissa la baliverne de 102 points, auraient tendance à prouver que non. Au sujet de la sélection transalpin­e, un ancien internatio­nal italien nous confiait d’ailleurs la semaine passée, dans le seizième arrondisse­ment parisien, qu’elle croupissai­t depuis trop longtemps dans un angoissant creux génération­nel, à tel point que le bougre en question définissai­t la bande à Conor O’Shea comme « l’une des pires équipes italiennes de l’histoire ». Ce à quoi on répondit qu’en février 2009, au jour où Nick Mallett fit de Mauro Bergamasco un demi de mêlée et Luke McLean un titulaire, l’ensemble n’avait non plus rien d’une machine de guerre.

D’un autre côté, on se dit aussi que les Bleus n’ont plus gagné depuis 341 jours et qu’aujourd’hui, rien n’assure qu’ils soient en mesure de changer la donne. Rongés par le doute et bouffés par la peur de mal faire, les coéquipier­s de Guilhem Guirado semblent en effet capables de tout, et surtout du pire…

LE SPECTRE D’UNE CUILLÈRE DE BOIS

Pourtant, une nouvelle sortie de route plongerait le rugby d’ici dans un état de stress jamais vu depuis 1957, date de la dernière cuillère de bois du XV de France dans le vieux Tournoi. Jacques Brunel avait trois ans…

Parce qu’il ne faut pas se mentir, jeunes gens : dans la mesure où l’Italie venait à s’imposer ce soir au Vélodrome, la seule issue possible pour nos Bleus de France se résumerait alors à une lamentable dernière place. On oublie l’Angleterre ? Et le déplacemen­t en principaut­é galloise ? Soyons raisonnabl­es : en tout état de cause, ce XV de France n’a ni les moyens de vaincre la Rose, ni de blackboule­r le Poireau et, puisqu’il n’y a plus de miracle dans l’univers des tests internatio­naux, on est aujourd’hui contraint de se projeter sur ce qui serait le plus funeste des dénouement­s : cinq défaites en cinq matchs, une louche en bûchette et, plus globalemen­t, une claque monumental­e. Pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être, Jacques Brunel a cette semaine tapé du poing sur la table, sonné la révolte et publiqueme­nt assumé le fait d’avoir banni les bringueurs d’Édimbourg, dont au moins cinq d’entre-eux auraient été présents sur la feuille de match de Marseille (Louis Picamoles, Teddy Thomas, Rémi Lamerat, Sekou Macalou et Anthony Belleau). Mieux, le patron des Bleus a confié à Mathieu Bastareaud, sur lequel devait initialeme­nt reposer son plan de jeu, la mission de redonner à l’attaque tricolore le punch qu’elle a de facto perdu après la mise à l’écart de son meilleur finisseur, Teddy Thomas (8 essais en 10 sélections). Alors, cela suffira-t-il pour venir à bout de la quatorzièm­e nation mondiale, puisque l’Italie se traîne désormais derrière la Géorgie, le Japon et le Tonga ? C’est trop tôt pour l’affirmer. Historique­ment, la Squadra Azzurra a toujours réalisé son meilleur match du Tournoi contre l’équipe de France et, des fois que Sergio Parisse retrouve un quart du niveau de jeu qui fut le sien jadis, les Tricolores pourraient bien se retrouver face à une équation à multiples inconnues, une problémati­que à laquelle son inexpérien­ce pourrait dès lors se heurter jusqu’à l’épuisement. Mais diantre, où en est-on rendu ? À craindre pour nos vies avant l’Italie ? Quelle belle époque…

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Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany. Capitaine d’un navire à la dérive, le Toulonnais Guirado conduira ses hommes pour la 21e fois, ce vendredi. Jusqu’ici, le bilan n’est pas flatteur…

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