Midi Olympique

« Oui, j’ai fait une connerie »

COMPTANT PARMI LES EXCLUS DE LA NUIT D’ÉDIMBOURG, LE CLERMONTOI­S MAINTIENT SA VERSION DES FAITS : S’IL REGRETTE EFFECTIVEM­ENT LA VIRÉE NOCTURNE, SA BLESSURE A BIEN ÉTÉ OCCASIONNÉ­E PAR UNE TABLE DE NUIT.

- Propos recueillis par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

Pourquoi souhaitez-vous communique­r aujourd’hui ?

Il y a eu un tas de conneries de dites autour de mon cas, après cette nuit d’Édimbourg. J’avais besoin de communique­r vis-à-vis de ma famille. Mon père a reçu une quantité immense de messages. Plein de gens me questionna­ient. J’avais besoin de leur dire la vérité.

N’êtes-vous pas sorti, dimanche dans la nuit après le match en Écosse ?

Si, je ne conteste pas cela. Je suis sorti avec une partie de l’équipe. Et je suis rentré aux alentours de 3 heures à l’hôtel. Quand je suis arrivé, « Vahaa », avec qui je partageais la chambre, a été surpris dans son sommeil. Il s’est retourné et a allumé la lumière. Je lui ai dit d’éteindre, que ce n’était que moi. Ce qu’il a fait. Et j’ai sauté dans mon lit. Sauf que je n’ai pas sauté sur le lit mais à côté. Et je me suis ouvert le visage en heurtant l’angle de la table de nuit.

Jacques Brunel disait que la moindre des choses, après une défaite, c’est d’être un peu énervé et de rester dans sa chambre…

Bien sûr qu’il a raison. Je comprends ma mise à l’écart de l’équipe de France. C’est normal. Nous étions tout de même à huit défaites d’affilée… Non seulement je comprends son choix, mais je le trouve même normal.

Cette sortie était-elle autorisée par l’encadremen­t ?

Disons qu’il n’y avait pas eu d’interdicti­on. L’encadremen­t nous avait laissés autonomes. J’imagine qu’ils ne pensaient qu’un soir de défaite, nous allions sortir. Que ce n’était pas le bon moment. Ils nous ont donc laissés assez libres. Et nous avons décidé d’aller boire un verre en ville, tous ensemble.

Le regrettez-vous ?

Des sorties, il y en a toujours eu. Après des victoires mais aussi après des défaites. Ça fait partie du rugby et j’ose espérer que personne ne me contredira là-dessus. Le problème, c’est qu’il y a eu plusieurs incidents au cours de cette soirée. Au final, le résultat est impardonna­ble. Dès lors, forcément que je regrette cette sortie. J’ai contribué à donner une mauvaise image du XV de France et j’ai donné une mauvaise image de moi-même. Je ne peux que le regretter. Si c’était à refaire, bien sûr que je ferais les choses autrement.

À quel moment la sortie s’est-elle décidée ?

Après le mot du président (Bernard

Laporte, N.D.L.R.) à notre hôtel. Je dirais que nous avons quitté l’hôtel vers 22 h 30, pour arriver vers 23 heures au bar situé juste au-dessus de la boîte de nuit. Une fois là-bas, on a bu quelques verres. J’ai pris le temps de discuter avec quelques supporters, dont certains du sud-ouest que je connaissai­s. Vers minuit, je suis descendu dans la boîte de nuit, un étage plus bas.

Une soirée qui a visiblemen­t basculé…

Il ne faut pas raconter n’importe quoi !

Il y a eu quelques jeux à boire, avec des mots à retenir, par exemple. Je ne vais pas vous dire que c’était triste. On a bien rigolé et on a bu des verres ensemble. Est-ce qu’on était ivres à vomir par terre ? Non. Ce n’était pas mon cas et pour en avoir parlé avec les autres, ce n’était pas leur cas non plus. On a simplement passé une bonne soirée.

À quel moment avez-vous quitté la boîte de nuit ?

Entre 2 h 30 et 2 h 45. Il y avait beaucoup de monde dans la boîte de nuit, je discutais avec pas mal de supporters et j’avais finalement perdu la plupart de mes coéquipier­s. J’ai pris un taxi et je suis rentré. Au pied de l’hôtel, j’ai discuté avec des policiers locaux, qui m’avaient reconnu vu que j’étais habillé avec le costume officiel. On a même fait un selfie (voir l’encadré ci-contre).

À cette soirée, des partenaire­s de la FFR étaient présents. Comprenez-vous que votre comporteme­nt, un soir de défaite, ait pu les choquer ?

Ce sont des gens qui mettent de l’argent sur la table et qui font des efforts pour nous. J’imagine que l’image qu’on a donnée n’a pas dû les ravir. Mais ces soirées font partie du rugby. Est-ce qu’on peut continuer ces soirées au niveau internatio­nal ? Non. Il faut qu’on l’assimile. Les temps ont changé et on a fait une connerie.

En avez-vous réellement conscience ?

Quand je suis rentré en club, j’en ai parlé avec Franck (Azéma,

N.D.L.R.). Il m’a dit que je devais désormais faire gaffe, que je n’étais plus un jeune joueur et que je représenta­is désormais une image. Je n’avais jamais trop pris conscience de cela. C’est désormais chose faite. Je vais appréhende­r mon métier différemme­nt. À la prochaine défaite, croyez-moi, je serai plus calme.

C’est donc en arrivant à l’hôtel que vous vous seriez ouvert le visage ?

Ce n’est pas au conditionn­el, c’est vrai ! Les vidéos de l’hôtel, que j’ai pu me procurer, le prouvent (voir l’encadré cicontre). On me voit rentrer à l’hôtel, à 3 h 04 très exactement. Et sans aucune marque au visage. Après que je me sois ouvert le visage, « Séb Vahaa » a appelé le docteur à

Cette version se heurte frontaleme­nt avec l’histoire de 2009, à Wellington avec la table de nuit de Mathieu Bastareaud. Ce qui alourdit les soupçons d’histoire inventée…

(Il coupe) Justement, c’est bien la preuve que mon histoire est vraie ! Après ce qu’il s’était passé en 2009, si j’avais eu à inventer un mensonge, je n’aurais pas raconté cela. Je ne suis pas stupide à ce point ! Pourtant, j’ai vite compris que personne ne croirait mon histoire. Mais je suis droit dans mes baskets. C’est réellement ce qu’il s’est passé et je n’ai pas à mentir pour donner une autre version.

Le docteur vous a-t-il recousu dans la nuit ?

Non, il n’a pas pu puisque son matériel médical était déjà parti en direction de l’aéroport, pour le vol du lendemain matin. Il a simplement pu me poser des pansements, pour éviter que cela saigne trop. D’où les pansements sur le nez à mon arrivée à l’aéroport, le lendemain.

Comprenez-vous que les quinze points de suture qui vous ont finalement été posés, pour une table de nuit, puissent étonner ?

J’ai tapé l’arrête de la table de nuit, ce qui m’a entaillé tout le dessous du nez jusqu’à la lèvre. J’ai été coupé. Avec le choc, j’ai aussi une marque sur le dessus du nez.

Comment Jacques Brunel a-t-il accueilli vos péripéties de la nuit ?

Le lundi matin, le docteur a changé mes pansements. Ensuite, je suis immédiatem­ent descendu dans le hall de l’hôtel pour aller m’expliquer avec Jacques. Je lui ai simplement dit ce qu’il s’était passé. Je crois qu’au début, il s’est dit que je le prenais pour un imbécile. Mais je ne voulais pas mentir. Je lui ai immédiatem­ent dit ce qu’il s’était passé.

Sur le coup, pensiez-vous que l’histoire s’arrêterait là ?

Je me disais alors que j’avais été très con, que j’avais fait une grosse erreur. Mais je ne m’attendais pas à ce que ça prenne une telle ampleur. Dans les heures qui ont suivi, une seconde affaire a éclaté, avec cette histoire de fille qui aurait porté plainte. Et je me suis retrouvé mêlé à ça, sans rien à voir làdedans. Je me suis retrouvé en porte-à-faux. Mais je le répète : oui, j’ai fait une connerie. Je suis sorti un soir de défaite, je n’aurais certaineme­nt pas dû. Mais mon affaire s’arrête là.

Vous avez rejoué avec Clermont, ce week-end. Cette affaire d’Édimbourg est-elle désormais derrière vous ?

Ça le sera quand j’aurai pu utiliser les images de la vidéo de l’hôtel, pour prouver que je n’ai rien à voir dans toutes ces affaires. Je ne me suis pas battu, je n’ai rien fait avec aucune fille. J’ai juste eu un accident bête. Et j’ai été con de sortir. Point barre.

Qu’en garderez-vous ?

Une morale : je ne suis plus le jeune joueur insouciant d’hier. Je représente quelque chose. Je ne peux plus avoir certains comporteme­nts.

« Après ce qu’il s’est passé en 2009, si j’avais eu à raconter un mensonge, je n’aurais pas inventé cela. Je ne suis pas stupide à ce point. » « Oui, j’ai fait une connerie. Je suis sorti un soir de défaite, je n’aurais certaineme­nt pas dû. Mais mon affaire s’arrête là. »

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Photo Midi Olympique - Bernard Garcia 3 h 11. Très exactement, j’ai vérifié son journal d’appels.

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