PIERRE QUI ROULE
AU CENTRE DE L’ATTAQUE AGENAISE, PIERRE FOUYSSAC A SU IMPOSER SA PUISSANCE POUR SE FAIRE REMARQUER. AU POINT DE SIGNER AU STADE TOULOUSAIN. PORTRAIT.
Ça me fait ch… qu’il s’en aille. » Voici les premiers mots de Mauricio Reggiardo, quand on lui demande d’évoquer son jeune trois-quarts centre Pierre Fouyssac. Ça a le mérite d’être clair… « Pierre est un joueur que j’aime beaucoup. C’est un bon vivant, un leader dans la vie de groupe, un garçon agréable à entraîner. Il est très généreux, dans la vie et sur le terrain. » L’entraîneur principal du SUALG apprécie autant son joueur qu’il regrette son départ à Toulouse l’an prochain, officialisé jeudi matin par le club haut-garonnais. « Il a fait son choix, je l’accepte et je le respecte. Ça ne me plaît pas, je ne suis pas d’accord avec lui mais mon opinion n’est peut-être pas la vérité et je comprends pourquoi il l’a fait. Toulouse est un grand club, qui possède un grand entraîneur. Ça fait rêver, forcément. » « Rêver », c’est exactement le terme utilisé par le joueur, qui fêtera ses 23 ans le 17 mars prochain, au moment d’expliquer sa décision : « Toulouse, c’est un rêve de gosse, une équipe que je suivais depuis tout petit. C’était difficile à refuser. » Le gamin de Lavardac, petite ville du Lot-et-Garonne située à trente kilomètres d’Agen, va donc quitter le SUALG dix ans après l’avoir rejoint, à l’âge de treize ans. Et si ça fait tellement de mal à Mauricio Reggiardo et à tous les Agenais, c’est parce que Pierre Fouyssac a pris beaucoup d’importance dans ce club. À l’image des autres joueurs formés sur place et qui crèvent l’écran en Top 14 cette année, mus par une audace délicieuse, il a su élever son niveau de jeu et prouver qu’il avait sa place dans l’élite du rugby français. Absent lors des trois premières journées sur blessure, il a depuis enchaîné treize matchs sur quinze possibles, dont dix titularisations en numéro 12.
Athlétique (il mesure 1,90m et pèse 102 kg), il impose sa puissance au centre de l’attaque agenaise. Mais pas seulement : il sait aussi « mettre des mains » comme on dit. Puncheur et passeur, il n’est pas étranger à la réussite de son deuxième centre Johann Sadie (six essais en douze matchs). « Je le répète : il est généreux. Il s’en fiche de marquer et est très content de pouvoir faire marquer les autres, reprend Mauricio Reggiardo. Le plus intéressant chez Pierre, c’est son engagement. Il est toujours à 100 %. Il possède une grande marge de progression sur le plan tactique mais c’est un très gros bosseur. »
LE BRENNUS ET LE XV DE FRANCE EN LIGNE DE MIRE
Une belle satisfaction pour les Agenais. Si son entraîneur ne se dit « pas surpris » de cette belle saison, Pierre Fouyssac, de son côté, « ne s’attendait pas à jouer autant. Les coachs nous avaient dit que les cartes étaient redistribuées et que tout le monde pourrait avoir sa place. Que c’était à chacun de s’imposer. Je suis heureux d’avoir réussi à le faire. » S’il n’était pas de la lourde défaite subie au match aller (48-19, lors de la première journée), il sait à quoi s’attendre face au MHR samedi à Armandie : « Quand on reçoit le leader qui a six points d’avance sur le deuxième et qui marche sur tout le monde, on sait que le match sera rude. Il va falloir être efficace sur les fondamentaux, ce qui n’est pas notre cas en ce moment, notamment sur les coups d’envoi et les sorties de camp. » En défense aussi (lire ci-contre, la clé du match).
Ce match, comme tous ceux à Armandie désormais, sera capital dans la course au maintien. Le joueur souhaite plus que tout laisser son club formateur en Top 14 avant de partir « vers d’autres horizons. J’arrive sur mes 23 ans, c’était le moment de le faire. » Pierre Fouyssac a des ambitions, il ne s’en cache pas : « Je me suis fixé des objectifs : être champion de France un jour et aller plus haut, jusqu’en équipe de France. Avec Toulouse, je pourrai peut-être les atteindre. Prendre cette décision n’a pas été facile mais je voulais tenter ma chance et ne pas avoir de regrets. »