« Ce n’est pas de l’embourgeoisement »
LE DEMI DE MÊLÉE DU RACING REVIENT SUR LA DÉFAITE DES FRANCILIENS EN BÉARN, ET DRESSE L’ÉTAT DES LIEUX DU CA BRIVE. UN CLUB OÙ IL A PASSÉ DEUX SAISONS.
Vous avez souffert, lors du dernier match face à La Rochelle, d’une légère commotion cérébrale. Quelles sont les nouvelles ?
Elles sont plutôt bonnes. J’aurais même pu reprendre la semaine dernière, à Pau, mais le neurologue m’a conseillé d’attendre un peu plus. C’est chose faite.
Comment l’incident s’était-il produit ?
J’ai récupéré un renvoi aux 22 mètres. Deux mecs sont alors venus me plaquer et j’ai pris un coup de genou derrière l’oreille. J’étais un peu électrocuté, un peu «black out». Mais je n’ai eu aucune perte de mémoire ou quoi que ce soit d’angoissant. C’était juste un bon choc.
Quel est l’objectif du Racing, face à Brive ?
Il faut rayer de la carte la déconvenue subie à Pau, la semaine dernière (24-15). Au-delà du résultat, on n’a pas montré un joli visage en Béarn. Il est donc important de redorer le blason.
Au Hameau, a-t-il été difficile pour le Racing de passer du confort ouaté de la U Arena aux conditions hivernales d’un match de Top 14 ?
Pour nous, les choses sont claires : on sait que nous allons désormais disputer un match sur deux sur synthétique. Mais je vous rassure : on n’a pas oublié ce qu’est le rugby. Cette contre-performance à Pau, ce n’est pas de l’embourgeoisement. Au rugby, il y a des jours avec et des jours sans, c’est tout…
Cette équipe de Brive, dont vous faisiez encore partie la saison passée, a-t-elle changé ces derniers mois ?
Non. Leurs matchs ne se jouent sur rien… Et posez la question à tous les gens qui les affrontent : recevoir Brive n’est jamais une partie de plaisir. On sait qu’ils vont s’accrocher, combattre, rendre coup pour coup. Ces mecs sont largement capables de gagner au Racing.
Vous souvenez-vous dans quelles circonstances vous étiez arrivé là-bas ?
Bien sûr. C’est Philippe Carbonneau qui m’avait contacté à l’époque (2015). Je venais de traverser une saison vraiment galère à Montpellier puisqu’à son arrivée dans l’Hérault, Jake White ne me connaissait pas et je n’existais pas à ses yeux. Ce n’est pas un placard que j’avais pris : c’est un frigo, un gros coup de «congel»…
Quels sont les hommes clés de cette équipe briviste ?
Il y a des individualités partout dans cette équipe. Saïd Hirèche est un exemple dans le style « capitaine parfait » : gros plaqueur-récupérateur, immense activité. Petrus Hauman se régale dans la conquête aérienne. Sisa Koyamaibole est l’un des numéros 8 les plus puissants du championnat. Samuel Marques est un vrai accélérateur de jeu.
Le pack briviste a longtemps été connu comme très rugueux. Avez-vous joué avec Arnaud Méla et Guillaume Ribes ?
Oui, bien sûr ! Est-ce qu’ils étaient durs ? Pas avec moi. Demandez donc à ceux qui ont joué contre eux… Mais ces gens-là respectaient l’essence du rugby : le combat, le contact, la saine agressivité.
On dit parfois qu’Arnaud Mignardi est un avant contrarié. Est-ce vrai ?
Dans son tempérament, oui. Mais Arnaud est surtout un très bon manieur de ballons. Ce serait réducteur de le définir comme un avant contrarié…
Le coup de pied de Gaëtan Germain, l’arrière du CAB, est-il l’un des plus puissants qu’il vous ait été donné de voir ?
Honnêtement, oui. Sa frappe n’est pas commune. Gaëtan a une frappe de footeux et une puissance hors du commun. Hors tirs au but, il est aussi excellent. On oublie trop souvent de dire que son jeu au pied de déplacement est toujours très précis. Photo Icon Sport
Lui aviez-vous abandonné la responsabilité du jeu au pied, à Brive ?
Non. Je me suis toujours entraîné au pied. Mais quand on a Gaëtan Germain à ses côtés, on a moins de responsabilités dans le jeu au pied, c’est évident. Au Racing, quand je joue avec Dan Carter, je lui laisse les tirs au but. Je n’ai pas de problème avec ça.
En quoi l’atmosphère à Brive était-elle différente de celle que vous connaissez aujourd’hui en banlieue parisienne ?
Le rugby est omniprésent, à Brive. Les gens venaient de très loin pour nous voir et en ville, on ne faisait jamais le marché sans serrer deux ou trois mains… À Paris, je suis plutôt incognito. Mais il y a du bon et du mauvais dans les deux contextes, je crois.