Segundo Tuculet, la vista argentine
Les Massicois ne s’étaient encore jamais retrouvés dans une position aussi favorable pour conclure une liaison durable avec la Pro D2. Après tout ce temps, depuis 2013 exactement, année de leur première rétrogradation, qui fut suivie d’une deuxième en 2015, les Franciliens se trouvent enfin en position avantageuse, dans la capacité d’achever les représentants d’un bastion historique pour les condamner à leur place, ce qu’ils ne sont jamais parvenus à faire. Dernière du championnat à la fin de sa première incursion dans la division, toujours bonne dernière à l’issue de son deuxième passage, mauvaise élève sur la durée, cette équipe de Massy, si elle gagne ce soir, sera assurée de ne pas achever son troisième exercice dans cette même position de lanterne rouge.
UNE ÉQUIPE À L’AISE CHEZ ELLE
À l’heure où le parcours de cette équipe de Carcassonne laisse ouverte toutes les possibilités, où chacun, jusqu’à la dixième place, doit se sentir concerné par l’éventualité de la relégation, la perspective de forcer son destin en contrecarrant celui d’un autre, est en elle-même une première étape essentielle vers la survie. Narbonne ne sera plus en capacité de reprendre Massy en perdant à Ladoumègue ce match du pôle Nord - des températures légèrement négatives jusqu’à aujourd’hui - et à cinq matchs de l’arrivée, les Franciliens mèneront la course dans le peloton du bas de classement. En quelle position ? Aurillac et Vannes en déplacement, et Nevers jouant contre l’Usap, « tu ne vois pas qu’on soit dixième », comme on entendait sous la tente à l’issue du succès contre Angoulême. Lors des deux derniers passages, à ce point de la saison, on échafaudait des plans foireux pour imaginer combler un retard déjà trop conséquent. À l’aune de toutes ces difficultés passées, ce match définitif contre Narbonne est un petit moment historique. Comme la semaine dernière contre les Angoumoisins, ou comme face à Nevers trois semaines auparavant, les coéquipiers de Christophe Desassis ont montré qu’ils pouvaient se prévaloir d’un certain caractère dans ces moments de fortes tensions. Leur mêlée complètement rectifiée depuis l’apparition du Géorgien Ilia Kaikatsishvili, leur touche bien réglée, le buteur Girard toujours en bonne forme, et la défense très haute, ils ont aussi envoyé du fond du cours quelques flèches assassines. C’est la marque d’une équipe vraiment bien à l’aise dans ses baskets, de pouvoir jouer ainsi quand il est question de survie. Si elle parvient à planter le dernier clou dans le cercueil des Audois, elle pourra vraiment croire en son destin. « À l’aile, la vie est belle. » Cette antienne, l’Argentin Segundo Tuculet n’a pas souvent eu l’occasion de l’exprimer cette saison en français (qu’il est en train d’apprendre) ou dans sa langue natale. Pour un premier exercice sous les couleurs narbonnaises -où il n’a signé qu’un an-, le petit frère (24 ans) de Joaquín Tuculet (28 ans, 51 sélections et passé par Grenoble et l’UBB entre 2012 et 2014) a connu quelques soucis physiques (lésion acromio-claviculaire et lésion du doigt) qui ont entravé sa progression (neuf feuilles de match pour huit titularisations). Venu du sept argentin avec lequel il a notamment disputé les jeux Olympiques de Rio en 2016, il a fait ses classes dans le club de Los Tilos et a disputé un match de Super rugby avec les Jaguares la saison passée face aux Southern Kings.
Appelé une fois avec les Pumas en 2016, il a surtout évolué avec Argentina XV, la réserve de la sélection nationale.
Véloce (1,80 m, 86 kg), polyvalent (il peut jouer ailier, centre ou arrière), doté de gros appuis, Segundo Tuculet « aimerait rester en France ». Il s’est distingué ces dernières semaines par sa première réalisation : un essai en solo de 100 m depuis l’en-but narbonnais à Sapiac face à Montauban (défaite 34-10). « Il a des qualités individuelles très intéressantes. Je m’en étais aperçu lors d’un match avec les Espoirs à La Rochelle en début de saison, j’avais été agréablement surpris. C’est sans doute le plus rapide des lignes arrière. Il a besoin de repères au niveau offensif et défensif, nous sommes en train de le corriger. Cette saison, il n’a pu s’exprimer tout à fait pleinement mais il progresse à chaque sortie. » Laurent Balue compte sur le second des Tuculet pour le déplacement à Massy ce vendredi soir. Il y aura-t-il une septième victoire consécutive pour le leader Perpignan ? Si ce déplacement à Nevers s’annonçait compatible avec une telle performance, les coachs catalans ne semblent pas viscéralement attachés à glaner un nouveau succès hors de leurs bases, ce vendredi. Désireux de préparer une fin de saison décisive, le trio Lanta-Arlettaz-Freshwater a décidé de ménager une large partie de son effectif. Comme lors du déplacement à SoyauxAngoulême, plus tôt dans la saison, la grande majorité des hommes forts usapistes ont été mis au repos ce week-end. Le staff de Perpignan a ainsi fait appel à une dizaine de joueurs espoirs pour aller défier l’Uson. La feuille de match catalane affichera ce soir une moyenne d’âge légèrement inférieure à 24 ans. Quatorze joueurs du groupe sang et or sont âgés de 22 ans ou moins. La génération championne de France Espoirs l’an passé aura ainsi la lourde tâche de briller au Pré Fleuri. « Avec les six jours qu’il nous restera pour préparer Biarritz, nous sommes obligés de faire tourner un peu. Même si je n’aime pas trop ce terme » a déclaré l’entraîneur des avants Perry Freshwater. « L’équipe ne sera pas si différente de celle qui est allée batailler à Angoulême. C’est ce que j’attends des joueurs justement, qu’ils bataillent comme des idiots, comme des chiens. Perpignan ne fait pas l’impasse, j’ai entièrement confiance en ce groupe. Surtout qu’il y a aussi pas mal des mecs d’expérience » a poursuivi le technicien anglais, convaincu que sa formation peut s’imposer une nouvelle fois à l’extérieur ce soir. Pour rappel, la dernière défaite de l’Usap hors de ses bases remonte au 30 novembre 2017 à Biarritz. Il y a trois mois.