QUELS HOMMES POUR QUEL JEU ?
ALORS QU’IL MISAIT, AVANT LE TOURNOI, SUR LES AUTOMATISMES D’UN FOND DE TERRAIN 100% RACINGMAN CONSTITUÉ DE THOMAS, DULIN ET VAKATAWA, JACQUES BRUNEL A ÉTÉ CONTRAINT DE BOULEVERSER SES PLANS.
Photo MO - BG
Les ailes du coq ont cela de paradoxal qu’elles ne lui permettent pratiquement pas de voler. Faut-il y voir une raison à la pénurie de solutions qui s’offre au XV de France ? On ne pense pas, sinon les Kiwis néo-zélandais seraient réduits à jouer à XIII depuis belle lurette… Toutefois, blague à part, la situation interpelle. Désireux au début de son mandat d’imposer un rugby dominateur et positif au service de deux « facteurs X » sur les ailes qu’incarnaient Virimi Vakatawa et Teddy Thomas auxquels il souhaitait associer Brice Dulin dans un fond de court « 100 % Racing » riche de ses automatismes de club, Jacques Brunel a rapidement dû déchanter. D’abord parce que le « Fidjiff » a clairement déçu sportivement, le sélectionneur évoquant lui-même des contre-performances « surprenantes. Il a montré des difficultés, et a peut-être besoin de se régénérer physiquement. » Et peutêtre mentalement, aussi… Déplacé au centre en club et en pertes de repères à l’aile, Vakatawa semble également avoir eu du mal à retrouver sa grinta depuis la percussion qui fit couler tant d’encre sur le jeune Samuel Ezeala. Une explication qui en vaut d’autres, et valide naturellement la titularisation à sa place de Benjamin Fall, dont le premier mérite fut d’apporter, face à l’Italie, une certaine fiabilité sous les ballons hauts. Avec de la rigueur dans son jeu sans ballon.
Des critères qui permirent également à Rémy Grosso de marquer des points par rapport à Teddy Thomas, certes auteur de trois essais magnifiques, mais pas toujours assidu dans le travail de l’ombre qui revient également aux ailiers. L’épisode de sa « blessure » à la cheville à Pau sur une situation d’essai n’ayant rien fait pour plaider sa cause, déjà passablement écornée par sa participation à l’épisode de la nuit d’Édimbourg, face à laquelle ses arguments offensifs n’auront pas constitué des circonstances atténuantes suffisantes…
PALIS, AU NOM DE SON PIED GAUCHE ?
Reste le cas, plus sensible, du poste d’arrière. Car si le staff tricolore caressa ces derniers jours l’espoir d’un retour de Brice Dulin contre l’Angleterre, celui-ci n’était pas suffisamment guéri de sa blessure au mollet pour se déplacer à Pau avec le Racing la semaine dernière. De quoi décider Jacques Brunel à faire avec ses hommes du moment pour le Crunch… Alors, Hugo Bonneval ou Geoffrey Palis ? Si la logique peut consister à ne pas changer une équipe qui vient d’enfin remporter un match (d’autant que Bonneval a livré une prestation correcte, ornée d’un essai), la question va nécessairement se poser, notamment au nom des sacro-saintes sorties de camp. En effet, l’absence d’un pied gauche susceptible de soulager Beauxis a considérablement pesé face à l’Italie, l’entraîneur des trois-quarts Jean-Baptiste Elissalde concédant que « pareilles lacunes seraient rédhibitoires face à l’Angleterre. »
Alors, sachant que Palis demeure un des rares tricolores à présenter le double atout du pied et de la longueur, et que sa sérénité supérieure sous les ballons hauts ne serait pas de trop face au duo Ford-Farrell, faut-il y voir des raisons suffisantes pour provoquer un retour du Castrais dans le XV de départ ? C’est ce qui semble se dessiner…