Midi Olympique

PRÈS DES ZONES DE MARQUE, LOIN D’ÊTRE EFFICACE

AVEC UN PEU PLUS DE PRÉCISION ET D’EFFICACITÉ DANS LES ZONES DE MARQUE, LE XV DE FRANCE AURAIT DONNÉ ENCORE UNE AUTRE AMPLEUR À SON SUCCÈS.

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Au risque de passer pour des pisse-vinaigre ou des aigris, appelez ça comme vous voulez, le XV de France a cruellemen­t manqué d’efficacité. Si, si, on vous le dit. Les satisfacti­ons sont évidemment nombreuses, mais pour ce précieux instinct de tueur dont sont accoutrées toutes les grandes nations de ce jeu, il faudra encore attendre un peu. Dommage, les sélectionn­eurs passent, la problémati­que demeure. Battre les Anglais, quel que soit le contexte, peu importe le rang au classement World Rugby de l’une ou l’autre nation, c’est évidemment toujours un doux plaisir. Les écraser, presque les humilier, c’est jouissif. Et à tout dire, il n’a pas manqué grand-chose à ces Bleus pour s’offrir un tel orgasme. Jacques Brunel ne l’a pas dit ainsi, mais sitôt le match achevé, il a tout de même énoncé le travail des jours à venir : « Nous avons des points négatifs à regarder la semaine prochaine, nous avons eu une bonne emprise sur le match, avec beaucoup de situations près de la ligne adverse mais nous avons encore une fois buté au moment de concrétise­r. » Et pas qu’une fois. On a dénombré, au total, cinq situations dangereuse­s en faveur des Bleus, sans compter l’action amenant l’essai de pénalité. Les deux premières incursions (14e et 18e) dans les 22 mètres anglais se sont conclues par un en-avant de Rabah Slimani et un jeu au pied rasant trop puissant, mal dosé, de Maxime Machenaud. Soit. La troisième a permis de récolter trois points (32e, 6-9). Mieux que rien. Mais les deux dernières (51e et 71e) sont (presque) impardonna­bles. Ces deux situations de jeu auraient dû se matérialis­er au tableau d’affichage. Sur la première, après un « rush » de Rémy Grosso sur son aile, le ballon circulait sur l’aile opposée pour s’achever dans l’en-but. Las, c’était sur une montagne de joueurs anglais.

FIN DE MATCH ANXIOGÈNE

Sur la seconde, c’est le troisième ligne Robshaw qui parvenait à disputer un « contest » remarquabl­e, la faute à un soutien offensif français déficient. Mais pas seulement. « Ce sont aussi des choix de jeu bien entendu et de la précipitat­ion, a pesté Jacques Brunel. Nous avions travaillé cette semaine pour être plus proches des lignes adverses mais, en situation, nous avons commis les mêmes erreurs, avec le même empresseme­nt et donc un manque de lucidité. » Dans un monde meilleur, avec quatorze points supplément­aires au compteur, on vous laisse faire le calcul et imaginez ce qu’aurait pu être la victoire française. Sans même parler de cette fin de match anxiogène, ravivant le récent souvenir du drop de Jonathan Sexton… Évidemment, l’issue heureuse contraint à une positive attitude et un débordemen­t de félicité. « Le plus important est d’arriver dans cette zone de marque, a d’ailleurs tenu à souligner le sélectionn­eur des Bleus. Y parvenir quatre ou cinq fois face aux Anglais, c’est déjà remarquabl­e. » Pour sûr, ça laisse augurer des lendemains bien meilleurs, moins sinistres que lors des dernières années, pour peu que ce XV de France parvienne à placer le curseur de son efficacité offensive sur celui de sa performanc­e défensive du jour.

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