Midi Olympique

« GABRI », CE N’EST PAS FINI

EN SIGNANT LA PERFORMANC­E LA PLUS ABOUTIE DE SES SIX SÉLECTIONS, PAUL GABRILLAGU­ES A PEUT-ÊTRE SIGNÉ UN LONG BAIL EN BLEU.

- Par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

Et dire que mardi dernier, en conférence de presse à Marcoussis, exercice dans lequel il semble pourtant moins efficace que dans celui des rucks, Paul Gabrillagu­es avait lancé, sur le ton de plaisanter­ie, « Je vais essayer de jouer les deux matchs. Dimanche, c’est à midi et demi et on joue la veille à Saint-Denis ; donc c’est bon. » Le deuxième ligne venait d’être interrogé sur la rencontre la plus importante du weekend à ses yeux. Choix cornélien entre son premier « Crunch » et le match de la peur de son club le Stade français face à Castres. Pour l’enfant de la capitale, c’était comme lui demander de choisir entre son père et sa mère... De toute façon, après la victoire des Bleus, « Polo » il était complèteme­nt lessivé. Rincé. Essoré. Celui qui a terminé meilleur plaqueur du Top 14 lors de l’exercice précédent au nez et à la barbe d’un troisième ligne tel que Fulgence Ouedrogo a encore une fois explosé les compteurs. Tenez-vous bien. Quatre-vingt minutes sur la pelouse du SDF, dix sept plaquages réalisés pour 100 % de réussite. Rien que ça. Du haut de ses six sélections, c’est assurément celle-ci la plus aboutie... Évidemment, Paul Gabrillagu­es a été précieux dans le registre défensif capital face à la densité physique anglaise. Jamais il n’a souffert à l’impact, souvent il a avancé. Ses 120 kilos ont pesé, lourdement, sur la ligne de front. Son omniprésen­ce dans les zones de combat au sol - secteur de jeu qu’il affectionn­e tout particuliè­rement – force le respect. En début de match, il a notamment permis de récolter une pénalité grâce à un « contest » (11e) que n’aurait pas renié Serge Betsen du temps de sa splendeur. Un ballon gagné dans un moment difficile pour le XV de France synonyme de soulagemen­t. « De toute façon, Paul, il est précieux pour toute l’équipe, soulignait il y a peu Laurent Sempéré son partenaire au Stade français. Il est tout le temps à 200 %, il a une activité incroyable. Il n’y a que ceux qui ne connaissen­t pas le rugby ou qui ne s’attardent pas sur le travail de l’ombre qui ne peuvent pas comprendre. »

PORTEUR DE BALLE

Jusqu’à samedi soir, on a souvent dit de Paul Gabrillagu­es qu’il était un besogneux, un travailleu­r obscur. Un statut qui lui va bien. La lumière des premiers rôles, très peu pour lui. Porter le ballon ? « Je préfère laisser ça à ceux qui savent quoi en faire », plaisantai­til à la veille de rejoindre Marcoussis pour la première fois, en novembre dernier. Pourtant, on l’a vu ballon en main face aux Anglais. Si, si, c’est vrai. Cinq ballons portés, quatre passes, zéro déchet. À son débit, une demifaute, coûtant trois points (28e). Pourquoi une demie ? Parce que Wenceslas Lauret partage avec lui la responsabi­lité d’avoir écroulé le maul anglais. Désormais, le plus difficile pour Paul Gabrillagu­es risque d’être attendu à ce même niveau de performanc­e pour chaque sortie en bleu. Pas sûr que ça lui fasse peur.

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