Midi Olympique

ESPRIT REBELS

PASSÉE PROCHE DE L’EXCLUSION, LA FRANCHISE DE MELBOURNE, PARENT PAUVRE DU RUGBY AUSTRALIEN, S’EST RECONSTRUI­TE ET SIGNE UN DEBUT DE SAISON HISTORIQUE.

- Par Grégory LETORT, à Melbourne

Une ville où le rugby à XV ne pèse pas, une franchise qui n’a jamais brillé : pour exister, les Rebels, doivent s’employer sur le terrain de la communicat­ion.Vendredi contre les Brumbies, c’était l’opération « selfie garanti » : la promesse pour tout spectateur de repartir avec une photo en compagnie de Genia ou d’un de ses coéquipier­s. Un coup de maître même si l’affluence est restée modeste : les selfies vont rester des images historique­s, montrant les premiers Rebels de l’histoire ayant signé trois victoires de rang en Super Rugby.

Après les Reds en ouverture de la saison puis les Sunwolves à Tokyo, les Melburnian­s sans leur capitaine Coleman blessé, ont fait plier les Brumbies, avec la manière et encore une fois le bonus offensif (33-10). Une preuve inédite de caractère alors que ce derby était mal parti : mêlée fragile, carton jaune pour Uelese et essai des Brumbies signé Peni (5-0). Mais ensuite ce fut bien davantage qu’une rébellion : essai de Mafi malgré quatre défenseurs, doublé du brillant centre Reece Hodge, banderille de Maddocks - meilleur marqueur du Super Rugby - après un turnover valorisé par Mafi et Ross Haylett-Petty, jusqu’à la conclusion de Ruru (33-10). Dan McKellar, coach des Brumbies a rendu hommage : « Ce match nous a donné l’opportunit­é d’apprendre… »

OBJECTIF PHASE FINALE

Les Rebels en sont donc à quinze points sur quinze. Un air de résurrecti­on après une saison 2017 pathétique - une seule victoire - qui, alors que la fédération australien­ne devait sacrifier une franchise suite à la réforme du Super Rugby, aurait pu signer sa fin si le potentiel économique de Melbourne n’avait sauvé l’affaire. En réalité, c’est plutôt d’un avènement qu’il s’agit : jamais les Rebels n’ont semblé aussi crédibles depuis leurs débuts en 2011 avec une meilleure saison en 2015, 10e avec 7 victoires. « Ne jamais abandonner » : c’est le slogan

des Rebels en 2018. À l’horizon, l’objectif d’une première phase finale. L’obstinatio­n enfin récompensé­e ? Davantage l’inspiratio­n. Celle d’avoir confié les clés au sud-africain David Wessels, 35 ans, exconsulta­nt de la défense des Brumbies puis patron de la Force. Quatre mois qu’il est là et il a déjà transformé les Rebels. Lui qui avait donné aux meilleurs joueurs de Perth l’envie de le suivre (Ainsley, les frères Haylett-Petty), aux cadres des Rebels celle de s’investir (Mafi, Debreczeni, Maddocks et surtout Hodge) et à Genia de se relancer, a posé les bases d’un collectif conquérant. La défense des Rebels en est le marqueur parfait. « La véritable histoire de cette victoire, c’est qu’on se voit comme une équipe, que tous jouent les uns pour les autres. C’est l’aboutissem­ent de tout ce qu’on a entrepris durant la présaison, » savourait Wessels, évoquant « un départ rêvé ». Bel et bien une réalité. « La présaison nous a vus tellement souffrir, soufflait Tom English, capitaine bis. Après avoir travaillé si dur on apprécie. Mais avec toujours en tête cette survie par rapport à la Force : une source de motivation. » Le rendu vaut toutes les opérations de com’.

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Photo Icon Sport Reece Hodge s’est offert un doublé contre les Brumbies.

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