Midi Olympique

CADEAU EMPOISONNÉ

S’ILS ONT TENU TÊTE AU RCT DANS LE JEU COURANT, LES AGENAIS N’ONT RIEN PU FAIRE FACE AU FROID RÉALISME TOULONNAIS. MAIS CE MATCH AURA AU MOINS EU LE MÉRITE DE REMOBILISE­R L’ENSEMBLE DES TROUPES À L’APPROCHE D’UN BLOC CRUCIAL.

- P. I.-R.

En alignant seulement trois vainqueurs de Montpellie­r dans son XV de départ, le staff du SUA, Mauricio Reggiardo en tête, voulait donner sa chance aux « revanchard­s ». L’occasion donc, pour certains joueurs moins utilisés cette saison, de retrouver du temps de jeu. En revanche n’allez pas dire au manager argentin qu’il s’agissait d’une revue d’effectif : « Ce serait manquer de respect à Toulon mais également à nos joueurs ! » Comprenez que s’il n’a pas hésité à lancer des « seconds choix », Reggiardo comptait surtout leur offrir une chance de bousculer la hiérarchie, à l’approche du sprint final. « Je leur ai dit dans la semaine que pour moi c’était un cadeau de venir jouer à Mayol. C’est un temple du rugby que tout le monde n’a pas l’occasion de fouler dans sa carrière. Maintenant oui, nous savions que ça allait être difficile… » L’ancien pilier ne croyait pas si bien dire. Car s’ils ont globalemen­t résisté dans le jeu courant, et même tenu le ballon davantage que leurs adversaire­s du soir, les Agenais n’ont jamais entrevu la victoire. « Il n’y a pas photo, en terme de puissance, de vitesse… Et même si nous avons eu beaucoup de ballons, Toulon a imposé son rythme. Ils ont des joueurs capables de jouer tous les coups à fonds, de marquer des essais de cent mètres et de toujours prendre les bonnes décisions aux bons moments. Alors nous avons mis beaucoup de coeur, mais nous avons peut-être manqué d’intelligen­ce… »

« DIFFICILE DE SAVOIR SI NOUS AVONS MARQUÉ DES POINTS »

Les Agenais ont donc rapidement déchanté. Et le cadeau est vite devenu empoisonné. « C’est un peu confus pour nous, admettait de longues minutes après la rencontre Hugo Verdu. Nous avons l’impression d’avoir tenu tête au RCT, mais nous avons aussi rapidement compris que nous étions impuissant­s en attaque. […] Forcément il y a des regrets, mais moins quand tu en prends cinquante à Mayol que quand tu perds sur le fil à Clermont ou Bordeaux. » Pas ou peu de regrets, donc, mais le sentiment amer d’avoir tenu tête à un cador du championna­t pour finalement repartir les valises trop pleines. « Nous voulions à tout prix garder le ballon, car nous les savions difficilem­ent arrêtables en attaque. En suivant, nous souhaition­s être efficaces pour tenter de les coiffer au poteau… Finalement nous n’avons réussi que la première partie », soufflait le jeune demi de mêlée. Et si, avec près de 65 % de possession en première période, Agen était rentré aux vestiaires avec l’avantage au score, personne n’aurait crié au scandale. Sauf que Toulon menait 21 à 5 à la mi-temps. « Ça montre que nous pouvons rivaliser avec n’importe qui dans le jeu, mais ça marque surtout la différence avec les gros de ce championna­t. Il n’y a donc pas grand chose à retenir de cette défaite… Avons nous profité du turnover ? Au regard du score, on pourrait dire que non. Maintenant le staff a pu constater que nous avions tout donné. Nous sommes tombés sur plus forts que nous, mais personne n’a triché. Difficile de savoir si nous avons marqué des points ou non. »

« JE ME SUIS RÉVEILLÉ À LA 30E MINUTE »

« Le score c’est une chose mais je retiendrai davantage la façon dont le groupe a préparé ce match, abondait dans ce sens Reggiardo. Pour être honnête, j’avais confiance en ce groupe et j’ai même imaginé que nous pourrions créer la surprise… Mais je me suis réveillé à la 30e minute, quand nous avons encaissé deux essais coup sur coup. Globalemen­t je suis fier des joueurs. Ça va donner exemple au reste du groupe et si on prépare Bordeaux comme nous avons préparé Toulon… » Ainsi, s’ils n’auront pas bouleversé la hiérarchie, les joueurs alignés contre Toulon auront au moins montré à Mauricio Reggiardo qu’il pourrait compter sur l’ensemble de ses forces dans la course au maintien. Et si le résultat en lui même n’a rien de catastroph­ique, tant Agen ne jouait pas sa saison à Mayol, il a au moins servi de répétition générale avant de défier Bordeaux, Brive et Oyonnax, dans ce qui pourrait définitive­ment sceller le sort de la saison du SUA. Après sa précieuse victoire contre Montpellie­r, le retour à la réalité a donc pu sembler brutal… mais s’avérera peut être salvateur. « Ça nous rappelle qu’on ne peut se permettre de prendre de haut aucune équipe. Il faut désormais relever la tête. Et ce dès la semaine prochaine. Maintenant, vous pouvez compter sur nous pour nous battre jusqu’à la 80e minute de la 26e journée », concluait Hugo Verdu. Rendez-vous est donc pris…

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