OYONNAX, FORTE TÊTE
L’USO EST ALLÉ CHERCHER À CHABAN-DELMAS UNE TROISIÈME VICTOIRE CONSÉCUTIVE QUI LUI PERMET DE CONTINUER À CROIRE EN SA SURVIE. LES JOUEURS ET LES COACHS OYONNAXIENS, OUTRE CETTE ENVIE DE NE RIEN CÉDER, N’ONT SURTOUT JAMAIS RENONCÉ À LEUR STYLE DE JEU.
Avez-vous entendu une seule fois Adrien Buononato ou un de ses joueurs changer de discours depuis le début de saison ? Leur leitmotiv sur le maintien asséné à chaque match perdu, alors que le club ne comptait qu’une seule victoire au compteur, prend aujourd’hui une tout autre dimension. Une conviction forte, un credo têtu jamais démenti. Car après avoir battu le champion en titre, Clermont, au Michelin, ramené le Stade français à ses études, voilà les Oyomen victorieux à Chaban-Delmas, sans contestation possible. Une victoire qui réjouit bien sûr tout le groupe des joueurs de l’USO : « On est vraiment super content de cette performance. Toute la semaine, on avait travaillé pour ça » sourit Vincent Debaty. Mais à Oyonnax, on sait reconnaître que les planètes étaient parfaitement alignées aussi : « On savait que Bordeaux n’était pas en confiance en ce moment et qu’il était important de marquer très vite, précise Adrien Buononato. Après ce premier essai, il est un peu contre le cours du jeu, c’est un ballon contré au pied. » Ceci dit, l’USO a su tout au long du match, respecter la tactique choisie pour contrer l’UBB : grosse défense façon mur de maçons, occupation et animation offensive variées. « On savait que c’était une équipe avec des joueurs très dangereux qui sur un coup, peuvent faire la différence, explique le coach. Donc, il fallait les museler, les verrouiller. On a décidé d’avoir un jeu au pied un peu long pour les obliger à porter le ballon ou à nous les rendre. Ça a plutôt bien fonctionné. » Autre domaine travaillé durant la semaine, la gestion des efforts : « On a essayé de garder de l’énergie pour la fin de match ce qui a aussi bien fonctionné parce qu’en fin de rencontre, on était encore debout, 14 joueurs sur les pieds pour pouvoir défendre. »
« ON A TOUJOURS ÉTÉ DANS LA BAGARRE DU MAINTIEN »
Enfin, il y a la mêlée, secteur qui leur avait permis de s’imposer à Clermont et sur lequel, Oyonnax avait failli à domicile cet automne, contre l’UBB avec un essai de pénalité. Les Oyomen n’ont pas failli en conquête, ont bataillé dans chaque ruck et permis à Ben Botica d’animer presque avec aisance chaque ballon d’attaque. Le deuxième essai en témoigne avec cette course de Dug Codjo parfaitement lancé par l’ouvreur néo-zélandais, conclu par le talonneur Quentin MacDonald venu du diable vauvert accompagner cette initiative. Un système qu’Adrien Buononato soumet depuis le début de la saison à ses joueurs, celui de se proposer « un petit peu partout sur la largeur du terrain ». Ce jeu qui nécessite des réglages au quart de poil, commence à être bien intégré par les joueurs : « Je trouve que l’équipe a beaucoup mûri, précise Vincent Debaty. On a eu un gros déclic à Clermont. C’était un match que l’on a réussi à maîtriser de bout en bout. Je sens les joueurs qui sont vraiment solidaires, concentrés et rigoureux sur tous ces petits détails qui nous coûtaient très chers en début de saison. » Fini les turnovers assassins, les défenses trop souples, l’USO met son jeu en musique et ne lâche rien. Forte tête sur ses convictions de jeu, mais aussi sur ce désir de Top 14. « On s’est dit dans les vestiaires : « on a réussi à créer l’exploit en gagnant 3 fois dont 2 fois à l’extérieur, mais le défi n’est pas fini. Pour l’instant, on se donne un peu le droit de rêver. On se rapproche des concurrents au maintien. On ne veut surtout pas lâcher et continuer à travailler dur pour se sauver. On joue pour vivre, exister en Top 14 »» martèle l’ancien pilier clermontois. Adrien Buononato et son groupe vont pouvoir travailler à la réception de Toulon, avec le sourire et la concentration qui les caractérisent : « Oui, on est de retour dans la bagarre, mais on a toujours été dans la bagarre. On était à distance, on observait les autres se battre. Maintenant, on est rentré dans l’arène. Il reste 6 matchs à jouer pour aller chercher ce à quoi on s’est préparé depuis le mois de juin, c’est-à-dire le maintien. » Alors rien n’est gagné dans cette course aux points, mais Oyonnax a su démontrer que faire la forte tête, nécessite aussi des têtes fortes. Une spécialité de l’Ain : celui d’un rugby de conviction.