UN RÊVE ÉVEILLÉ
APRÈS ONZE ANNÉES DE DISETTE, LES BITERROIS S’IMPOSENT À NARBONNE ET FONT AINSI UN GRAND PAS VERS LA QUALIFICATION, EN RELÉGUANT BAYONNE À NEUF LONGUEURS DERRIÈRE EUX. LE COUP PARFAIT.
Étrange perception. En fermant les yeux, on se serait presque cru à la Méditerranée : « C’est incroyable ! », lance Jérôme Porical. « Franchement, je n’avais plus connu ça depuis Perpignan ! On sent que le peuple biterrois pousse derrière nous, car cela fait longtemps qu’ils n’ont pas goûté aux phases finales. » Onze ans déjà (hors Fédérale 1, play-off remporté en 2011) et cette demi-finale perdue face à Albi… Une éternité !
Dimanche, les supporters héraultais ont enflammé l’antre audois de la première à la dernière minute. Parfois chambreur mais toujours respectueux, ils ont chanté comme jamais : « Avec les gars, on a eu le sentiment de jouer à la maison. Ce public donne tellement… A la fin, nous avions l’impression d’être champions du monde, alors que l’équipe n’est même pas encore qualifiée. Je pense qu’ils étaient au moins trois ou quatre milles. C’est énorme ! Je tiens d’ailleurs à les remercier pour leur soutien. Après, cela me fait mal pour les Narbonnais, car je pense qu’ils sont morts. C’est mon plus beau derby, mais ça me fait mal au coeur, car il n’yen aura plus des comme-ça », explique Simon Chevtchenko.
UNE « FINALE » FACE À MONTAUBAN
Le centre barbu, comme son compère flanker, François Ramoneda, ont décidé d’arrêter leur carrière à l’issue de la saison et disputaient donc leur dernier derby à Narbonne. Un autre supplément d’âme dixit Sabri Gmir : « Ce sont deux joueurs emblématiques du club et c’est un honneur pour moi de jouer avec eux depuis huit ans. Je suis heureux qu’ils terminent sur un tel derby. » Une fin en apothéose, qui peut-être aussi le début d’une histoire fantastique. Car, grâce à ce triomphe éclatant, l’ASBH a relégué son poursuivant direct à la sixième place, Bayonne, à neuf longueurs. Et elle est même revenue à hauteur de Biarritz et à seulement deux points de Grenoble (4e). « C’est vrai que nous avons pris une option », note le numéro quinze, Porical. « Si l’équipe venait à gagner face à Montauban vendredi, on pourrait dire que c’est presque fait », ajoute Chevtchenko. Prudents, les Biterrois ne s’enflamment pas mais avouent tout de même avoir livré leur plus belle partition offensive de la saison dimanche (dix essais marqués) ; qu’il faut savoir relativiser, car le RCNM a une défense fantôme : « Collectivement, c’est notre meilleur match, car personne n’a fait le geste de trop en attaque. () Aujourd’hui, tout nous a réussit, car on a tout mis en place pour que cela arrive », poursuit-il. « Là où l’équipe a été performante, c’est qu’elle n’a pas lâché les ballons n’importe comment. Nous avons su faire des offloads quand il fallait ou au contraire, passer par un ruck et un temps de jeu supplémentaire lorsque cela s’imposait. Afin de trouver de l’avancée. On ne s’est pas pris pour d’autres et nous avons vraiment respecté nos adversaires jusqu’au bout. Il y avait un petit parfum de phases finales, car il faisait vraiment très chaud… », précise l’arrière.
Encore une « finale » à gagner face à Montauban et Béziers pourra alors se projeter sereinement : « Narbonne c’était beau, on a chanté, mais c’est terminé et le groupe bascule sur ce rendez-vous capital. Nous n’irons pas boire un coup ce soir, ni fêter la victoire. L’équipe touche du doigt un rêve et je n’ai pas envie qu’elle se « grille » », conclut Simon Chevtchenko.