Midi Olympique

MORT D’UN SYMBOLE

ANDRÉ DURANTAU S’EST ÉTEINT ET LE SOLEIL SUD-GIRONDIN S’EST COUCHÉ SUR PLUS D’UN DEMI-SIÈCLE D’UNE VIE DE RUGBY. DE SES GLOIRES ET DE SES SOUFFRANCE­S.

- Par Gérard PIFFETEAU

De la France profonde nous parvient la même lancinante plainte, le rugby de la ruralité est en souffrance. Et la crainte se renforce quand, dans nos villages, disparaiss­ent des dirigeants qui ont consacré leur vie à une belle oeuvre collective. André Durantau en était le symbole. De cette race de personnali­té que la passion du rugby et de l’engagement associatif dévore. Dimanche dernier, installé dans son fauteuil, il a plongé dans un sommeil éternel. Finalement vaincu, à 86 ans, par les effets cruels de ses insuffisan­ces cardiaques. Sans doute parce que ce coeur, qu’il avait grand, avait trop donné aux autres. Président du Conseil départemen­tal de la Gironde, le Capsylvain Jean-Luc Gleyze ne s’y est pas trompé en saluant : « La mémoire d’un homme exceptionn­el par sa simplicité et son extrême générosité : son dernier souffle transforme en souvenir un pan de l’histoire capsylvain­e. Il est à présent celui qui doit nous donner la force de dessiner l’avenir qui le perpétue. Suerte, André. » Avec la disparitio­n d’André Durantau se creuse un abîme tellement l’homme a compté depuis 1949 dans l’histoire du village du Sud Gironde. Joueur d’abord, puis président du SCC durant 35 ans, remportant trois titres de champion de France en 1968, 1971 et 1990 et en accédant à la 2e division fédérale. Il sera président d’honneur quand s’ajouteront les titres nationaux de 2002 et 2010. La création de l’associatio­n « Renouveau et tradition » marquera une étape importante dans la vie associativ­e locale depuis la première féria de Captieux en 93. Le 23 mars prochain, la nuit Rugby y Toros célébrera son 25e anniversai­re en présence du parrain Imanol Harinordoq­uy. Le battant André Durantau ne s’est jamais couché devant un défi à relever, mais pour la première fois, celui qui a reçu au fil des ans les plus grands du rugby français sera forfait. Il observera de son piédestal céleste son oeuvre magistrale. Stéphane Brettes qui lui a succédé à la présidence de l’associatio­n redira qu’André était « l’âme du village » et dans la salle débordante d’émotion, chacun saluera son ami disparu et que l’on croyait éternel.

« POURSUIVRE SON OEUVRE »

Tout nous manquera, sa générosité sans limites, son caractère en acier trempé, sa voix tonitruant­e, la force de ses conviction­s, la drôlerie de ses anecdotes. Alors soyons heureux qu’il ait pu savourer de son vivant le baptême du stade qui porte son nom depuis 2010. Mais ne soyons pas dupes, il était trop attaché à son (très) cher club pour vivre sans déception ni tristesse la mise en sommeil en début de saison de l’activité seniors du SCC frappée de ces maux qui rongent notre rugby d’en bas. Mercredi dernier, en l’église de Captieux trop exiguë pour accueillir une foule considérab­le, ses amis ont ravivé les souvenirs du chef d’entreprise, de l’immense dirigeant, de l’homme d’exception. « Un faiseur d’amis, généreux et malicieux », soufflera Christian Bagate. De l’église, le long cortège silencieux s’est rendu au stade pour un dernier et poignant hommage, et le maillot rouge et blanc déposé sur le cercueil au centre du terrain par d’anciens joueurs disait tout de l’engagement passionné du déjà regretté André. Très ému, JeanLuc Gleyze dira : « L’avenir du SCC relève de notre responsabi­lité collective de poursuivre son oeuvre. » Tombait alors l’heureuse nouvelle de la probable reprise de l’activité seniors du club. L’esprit d’André Durantau soufflera sur la braise du feu renaissant.

 ??  ?? Lors d’une récente nuit Rugby y Toros, avec ses amis et anciennes gloires agenaises : Philippe Sella, Pierrot Lacroix, Charly Nieucel et Loulou Bernès, André Durantau (quatrième en partant de la gauche) ne cachait pas son bonheur.
Lors d’une récente nuit Rugby y Toros, avec ses amis et anciennes gloires agenaises : Philippe Sella, Pierrot Lacroix, Charly Nieucel et Loulou Bernès, André Durantau (quatrième en partant de la gauche) ne cachait pas son bonheur.

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