Midi Olympique

SOIRÉE DÉSENCHANT­ÉE

BATTUS PAR DES ANGLAIS TRÈS PRAGMATIQU­ES, LES BLEUETS CONCÈDENT LEUR PREMIÈRE DÉFAITE ET NE PEUVENT DONC PLUS RÊVER DE GRAND CHELEM.

- Par Julien LOUIS

C’est un véritable cauchemar ! » Sébastien Piqueronie­s, manager France moins de 20 ans, ne peut que constater l’ampleur des dégâts. Au-delà de la défaite, la première dans ce tournoi des six nations, qui « est une cruelle désillusio­n car nous avions vraiment envie de marquer ce match de notre empreinte »,

dixit l’ouvreur Romain Ntamack. Les Bleuets ont payé un lourd tribut à Béziers. Trois blessés : Arthur Vincent (commotion), le capitaine Killian Geraci (suspicion de luxation acromio-claviculai­re) et Iban Etcheverry (entorse de la cheville). Ainsi que deux suspendus (Hassane Kolingar et Pierre-Henry Azagoh), sanctionné­s de deux cartons rouges simultanés à cause d’un plaquage cathédrale à deux !

Un fait rare. « Ce sport ramène à beaucoup d’humilité chaque weekend. Maintenant, il va falloir que l’équipe parvienne à se relever. Nous avons connu trois journées d’embellie, d’euphorie et là, on revient à la réalité », ajoute le technicien.

DÉFAILLANC­ES TECHNIQUES ET STRATÉGIQU­ES

Théâtre de leur rêve de grand chelem, la Méditerran­ée, remplie comme jamais (plus de dix mille personnes) s’est transformé­e vendredi en un piège fatal aux Français. Aveuglés par une philosophi­e de jeu monocorde, tournée uniquement vers l’attaque, jusqu’alors payante, ils ne sont jamais adaptés à la pluie battante. Afin de contrecarr­er aussi le triptyque gagnant anglais : défi physique dans l’axe, occupation constante au pied et pragmatism­e. « Nous avons manqué d’alternance dans notre jeu, surtout en première mi-temps. On bénéficiai­t du vent et nous avons voulu trop surjouer. Les Anglais ont été très forts en conquête, là où nous avons été trop pénalisés et on a joué parfois à l’envers. Nous avons perdu face à un adversaire qui a été stratégiqu­ement bien meilleur », ajoute le demi d’ouverture.

Dominateur­s et maîtres de la possession, les Bleuets auraient pu voir leur audace récompensé­e s’ils n’avaient pas connu un déchet technique hallucinan­t. Un festival d’en-avant et d’occasions franches ratées. À l’image de ces trois pénaltouch­es mal exploitées autour de l’heure de jeu, synonymes de tournant raté en supériorit­é numérique. Là où des points engrangés au pied auraient été précieux, comme ont su le faire les Anglais (cinq pénalités d’Hardwick). Sébastien Piqueronie­s : « L’équipe a eu trop de faiblesses techniques pour continuer nos mouvements et surtout marquer après nos nombreux franchisse­ments. […] Ces carences sont dues selon moi à notre laisser-aller sur l’engagement, un peu moins virulent et à des déplacemen­ts, beaucoup moins rapides. Une certaine lourdeur, un manque de réactivité sur les soutiens et de punch. »

LA VICTOIRE FINALE TOUJOURS EN TÊTE

Inhibés, les jeunes français n’ont-ils pas émotionnel­lement joué ce

crunch avant ? « La réalité du terrain nous montre que oui. D’un point de vue émotionnel, nous avons eu du mal à transforme­r positiveme­nt toute cette énergie », poursuit-il. « On a certaineme­nt pensé au grand chelem, à la victoire dans le tournoi… Ce sont des choses que nous n’avons pas l’habitude de gérer et on a appris. […] L’équipe vise toujours la gagne. Elle est sortie du terrain la tête haute et s’est dit les choses dans le vestiaire. Le match au pays de Galles, le groupe va l’attendre. On va se déplacer avec beaucoup d’ambition et d’humilité. Cette rencontre, nous ne passerons pas à côté », lance Romain Ntamack

Le jour d’après. Vendredi (20 h 15), au Parc Eirias de Colwyn Bay (20 h 15), les Bleuets, toujours premiers, iront défier leurs homologues gallois. Surprenant­s perdants en Italie (7-18), qui ne peuvent plus triompher dans le Tournoi. À l’inverse des Anglais revenus à égalité de points de leurs victimes (mais loin derrière au goal-average) et des Irlandais (à trois longueurs), qui vont tous deux s’affronter. Un duel d’ennemis intimes… Et une épreuve de caractère pour les Tricolores, en quête de rédemption face aux jeunes membres du XV

du poireau selon l’ouvreur : « Je m’attends à un match plus difficile que celui qu’on vient de jouer. Les Gallois ont perdu contre l’Italie et peuvent espérer une deuxième place dans ce tournoi. Ils vont donc jouer leur carte à fond. Ce sera à nous de les contrer et d’être meilleurs qu’eux. Une épreuve de caractère qui va beaucoup se jouer dans la tête. »

 ?? Photo M. O. - D. P. ?? Dure soirée pour les Bleuets qui ont eu souffert face à des Anglais fins tacticiens.
Photo M. O. - D. P. Dure soirée pour les Bleuets qui ont eu souffert face à des Anglais fins tacticiens.

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