Midi Olympique

RENVERSANT­ES

BOUSCULÉES PAR UNE ÉQUIPE ANGLAISE BIEN ORGANISÉE ET LONGTEMPS MENÉES AU SCORE, LES FRANÇAISES ONT SU RENVERSER LEUR DESTIN EN TOUTE FIN DE MATCH, SUR UN ESSAI DE TRÉMOULIÈR­E. ELLES JOUERONT AU PAYS DE GALLES VENDREDI POUR RÉALISER LE GRAND CHELEM.

- Par Sébastien FIATTE

Et le stade des Alpes a pu hurler de plaisir quand la deuxième ligne, Audrey Forlani, a rejeté en touche la dernière tentative d’attaque adverse. Dans une enceinte garnie par 17 440 personnes, record battu pour un match de rugby féminin en France, les Françaises ont eu le bon goût de ménager le suspens, faisant montre d’un art subtil pour faire patienter spectateur­s et journalist­es. Quelques heures après le soulagemen­t des spectateur­s du Stade de France, les supporters alpins ont vu l’arrière, Jessy Trémoulièr­e, attendre la dernière minute, pour résister à plusieurs Anglaises pour aplatir l’essai de la gagne, l’essai de l’espoir d’un grand chelem encore possible pour les Françaises.

C’était tout un symbole de voir l’arrière de l’équipe de France crucifier les Anglaises. Elle a cristallis­é les qualités et les défauts du XV de France. On retiendra en positif bien sûr ces deux essais, sa technicité et ses accélérati­ons. En négatif, on lui pardonnera quelques coups de pied ratés, ce mal bien français, criant dans la première demi-heure, handicapan­t tout au long d’un match, où les Françaises, arc-boutées en défense, eurent parfois du mal à sortir de leur camp et à conserver le ballon. On lui pardonnera aussi quelques facilités. Comme c’est souvent le cas des joueurs et des joueuses de talent, ils et elles ont la tendance à croire pouvoir faire la différence individuel­lement. Mais elle su garder sa lucidité pour ne pas en faire trop. Et son éclair de la dernière minute lui donne un peu raison, malgré ses dénégation­s. « Ça

tombe sur moi, tant mieux, souriait la joueuse. Le collectif m’a facilité la tache. Le public nous a poussés. Nous ne nous sommes pas précipités et nous n’avons pas douté.»

SANS ROMPRE

Ce n’est pas le moindre des mérites de cette équipe de France d’y avoir cru jusqu’au bout, quand le staff était plus dubitatif. « Les joueuses n’ont pas douté mais nous avons eu quelques hésitation­s

de notre côté », reconnaiss­ait sans fard Annick Hayraud. À chaque fois les coéquipièr­es de Gaëlle Hermet avaient laissé les Anglaises tirer les premières pour les voir logiquemen­t dominer et mener après les trente premières minutes de chaque mitemps. Mais les Bleues plièrent, sans rompre. Si quelques coups échouèrent, cette équipe, pourtant si jeune (24 ans de moyenne d’âge) ne s’impatienta pas. Au contraire, elles jouèrent comme des vieilles briscardes, pour annihiler trois mauls en deuxième mi-temps, ou récupérer de précieuses pénalités grâce à des grattages efficaces sur des offensives adverses. « Cette équipe a du

caractère, se réjouissai­t l’entraîneur­e. C’est la victoire du courage, contre un adversaire bien organisé, parfois tricheur. Elles ont su garder la tête froide. » Parviendro­nt-elles à le faire jusqu’au bout ? Oui, sans aucun doute. Ce succès contre l’épouvantai­l anglais ouvre un boulevard au Françaises qu’un voyage au pays de Galles, face à une équipe battue chez elle par l’Italie ce week-end, ne peut effrayer

 ?? Photo Aurélie Gaude ?? Les Bleues de Safi N’Diaye ont battu l’Angleterre à la toute dernière minute par un essai de Jessie Trémoulièr­e et s’ouvrent un peu plus les portes du grand chelem.
Photo Aurélie Gaude Les Bleues de Safi N’Diaye ont battu l’Angleterre à la toute dernière minute par un essai de Jessie Trémoulièr­e et s’ouvrent un peu plus les portes du grand chelem.

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