EN PLEIN CAUCHEMAR
L’UBB EST EN PLEIN MARASME. ELLE RENVOIT UNE IMAGE DE MÉDIOCRITÉ AFFLIGEANTE.
Il s’est passé un drôle d’événement samedi soir à ChabanDelmas. Laurent Marti n’a pas voulu parler. Visiblement accablé, le président de l’UBB a juste fait un signe de dépit quand nous l’avons sollicité. Après la défaite face à Toulouse, il avait tenté de positiver malgré tout. Samedi, il n’y avait rien à positiver. Ce qu’on redoutait sans trop y croire est arrivé, Bordeaux a perdu à domicile face à la lanterne rouge, sans coup du sort particulier, pas de carton jaune ou rouge, pas d’essai refusé. Juste un départ abominable : pénalité ratée de Simon Hickey, suivie d’une bourde du même Hickey, puis un essai magnifique des Oyonnaxiens, une classe au-dessus de leurs adversaires dans leur façon d’utiliser le ballon.
À Bordeaux, le mal est donc profond, que dire d’autre après une série de six défaites de rang ? On peut dire que le nouvel entraîneur a du mal à imposer sa patte et ses méthodes, et sa vision du jeu à haute intensité, c’est possible. Après tout, le président saura bien prendre ses responsabilités en fin de saison. « On a fait des fautes bêtes et on a tout de suite donné dix points trop facilement à l’adversaire. Aujourd’hui, notre équipe n’a pas été au niveau dans l’engagement, dans le contact. Cette équipe ne veut pas faire le sale boulot (« Dirty Work » selon ses propres mots)… Aller plus loin, tenir le ballon et mettre notre jeu en place. » telle était l’analyse d’un Rory Teague, calme mais forcément excédé par le niveau affligeant des débats. On espère que ceci ne vient pas d’un manque d’investissement des joueurs.
On peut aussi se demander si cette équipe n’est pas médiocre tout simplement. Elle n’est pas capable d’imposer de longues séquences construites et patientes à ses adversaires, son jeu collectif est inefficace, elle a du mal à conserver les ballons au bout de trois ou quatre temps de jeu. Au-delà des généralités, on ne peut éviter de parler de certaines déceptions individuelles. Premier constat : il y avait une grosse différence entre la charnière de l’USO et celle de l’UBB. Simon Hickey, le demi d’ouverture néo-zélandais, a loupé sa première mitemps et Rory Teague l’a fait sortie dès la mi-temps. Hickey n’a pas retrouvé son niveau d’avant sa sérieuse blessure au genou gauche qui l’a éloigné des terrains durant trois mois. La ligne de trois-quarts ne fait pas la différence. Seul Ducuing a joué à son niveau, mais les Lonca, Dubié et Connor n’ont pas été assez tranchants. C’est un crève-coeur de le reconnaître pour les supporters de l’UBB, mais Blair Connor, désormais le plus ancien au club, notamment, ne fait plus de différences individuelles. Il ne gagne presque plus de duels, malgré toute sa générosité.
UN PROBLÈME D’EFFECTIF
Bordeaux n’avait pas un effectif assez dense pour surmonter les blessures de longue durée (Jalibert, Lesgourgues, Cros, Braid) et surtout les sélections. Se passer des Poirot, Tauleigne, Pélissié, Serin, c’est offrir des chances supplémentaires à l’adversaire. Parfois, les équations les plus simples sont les plus justes. En ce moment, même les sélections chez les moins de vingt ans portent préjudice : le prometteur troisième ligne Cameron Woki aurait sûrement joué contre Oyonnax. Peut-être même Jules Gimbert.
Ceci dit, ces constats nous renvoient à des décisions de management. Avec le recul, on peut regretter les départs prématurés d’un Hugh Chalmers et ou d’un Ole Avei, les deux hommes ont été libérés par le club en pleine saison. Sur le moment, ces choix semblèrent presque secondaires car les deux joueurs n’étaient plus utilisés. Mais ils pèsent forcément sur le niveau des performances actuelles.
À ce stade du diagnostic, on peut partir dans plusieurs directions. Peut-être que le nouveau manager n’obtient pas ce qu’il veut de ses troupes.