À CONTRE-PIED
LE XV DE FRANCE AURAIT PU GAGNER GRÂCE À UN COUP DE PIED... ET N’A PAS PERDU UNIQUEMENT À CAUSE D’UNE ORGANISATION MOINS EFFICACE QUE LES GALLOIS AUTOUR DE CE SECTEUR DE JEU. MAIS QUAND MÊME...
D’abord, un constat. Toutes les grandes équipes ont toujours eu des buteurs de très haut niveau. Des buteurs qui, à l’instant de récompenser une domination en mêlée ou l’avancée d’un ballon porté par exemple, ne tremblent pas. Le XV de France n’a plus ce facteur X dans ses rangs. Maxime Machenaud n’est pas né buteur, il l’est devenu par opportunisme. Avec une franche réussite sous les couleurs du Racing, au point de devenir le buteur officiel des Bleus durant ce Tournoi 2018. Samedi, il a raté trois points sur une pénalité, pas franchement facile mais tout de même dans ses cordes (40e+2). Seulement voilà, le loupé de François Trinh-Duc (67e), qui fêtait sa 65e sélection et qui a travaillé depuis des années son jeu au pied parfois même avec des spécialistes, n’est pas vraiment acceptable. À cet instant de la rencontre, cette pénalité située à une trentaine de mètres presque face aux perches aurait permis à la France de prendre l’avantage au score (14-13). Dommage, le score n’a plus évolué. Ce coup de pied raté n’est qu’un exemple pour souligner combien le XV de France a souffert plus globalement dans ce secteur de jeu. On savait le triangle arrière-ailiers tricolore pas franchement à l’aise sous les ballons hauts, Dan Biggar a donc pris un malin plaisir à « arroser » le fond de terrain tricolore. Et ça, dès la 2e minute de la rencontre. Un premier ballon parfaitement capté par Rémy Grosso. Las, la suite de la rencontre ne s’est pas déroulée sur la même tonalité. À la demi-heure de jeu, George North se montrait plus prompt pour la deuxième fois à se saisir du ballon dans les airs, après encore un jeu au pied parfaitement dosé de Biggar. Cinq minutes plus tard, Liam Williams prenait le ballon au dessus de la tête de Fickou, toujours après un travail d’orfèvre de Biggar. « Ils ont mis beaucoup de jeu au pied, mais je m’en doutais un peu, a souligné Maxime Machenaud. Ce n’est pas anodin si les Gallois avaient décidé de titulariser Liam Williams, il est excellent sous les ballons hauts et on savait que notre triangle du fond serait fortement sollicité. » Le jeu au pied des Gallois s’est montré le plus souvent très précis, permettant une forte pression à la retombée du ballon. Quand bien même les Bleus le récupéraient, ils se retrouvaient contraints de repartir sur des ballons lents et de reconstruire une séquence entière.
En face, le jeu au pied français n’a pas été en mesure de soutenir la comparaison. L’idée n’est pas ici de s’acharner sur François Trinh-Duc, auteur notamment d’un drop plein de sang-froid et de réalisme en début de match (3e). Mais quand même : coup de pied contré (42e), touche non trouvée (52e), ballon finissant en ballon mort, cela fait beaucoup pour un ouvreur de standing international. Et puis, Maxime Machenaud a également parfois manqué de justesse dans son jeu au pied derrière des zones de ruck. En tout début de seconde période, le Racingman a ainsi tapé deux coups de pied un peu trop longs, ne permettant pas à la défense ni de lutter dans les airs ni d’imposer un vrai pressing défensif. Ultime symbole de cette mauvaise utilisation du pied par les Bleus, ce dernier ballon rendu par Geoffrey Doumayrou dans le money-time alors qu’il fallait conserver le ballon pour espérer encore prendre l’avantage. En face, les Gallois ont très souvent, après des jeux au pied français, été dans des situations confortables pour relancer. Heureusement, la défense française, elle, était bien mieux organisée.