À LA MODE BANLIEUE
C’était il y a trois ans, presque jour pour jour, et les responsables de Massy confrontés dans leur deuxième passage en Pro D2 à une situation sportive assez désespérée, décidaient par le coup de l’électrochoc de limoger le manager Olivier Nier avant un voyage à Bourgoin. On avait dépêché l’éternel pompier de service Didier Faugeron vers lequel s’étaient tournés tant de dirigeants avant eux. On lui avait adjoint Stéphane Gonin, le seul technicien de France passé responsable du bar de la bodega au bord de touche du Pro D2. Un an plus tard, ils allaient chercher leur entraîneur des avants Benoît Larousse en Fédérale 3 à Pontault-Combault. Le talonneur Youri Delhommel, les piliers Abraham et Soave jouaient en Crabos. Lester Etien ne comprenait rien encore à la défense de ligne. On n’avait encore jamais confié la responsabilité du but à Thomas Girard. Et Massy vivait les derniers instants de son époque des Golgoths, les Ashvetia et consorts, hommes si forts, mais si peu coureurs, qu’il fallait défendre à douze en leur présence.
MENDES SUPERSTAR
Trois plus tard, voici cette équipe et ces coéquipiers totalement transformés par trois années de travail, en une bande de types intenables, capables par la science de tirer le meilleur d’eux-mêmes, de faire chuter un leader de cette trempe. « On a quand même ici quelque chose qui ne s’achète pas : l’envie irrésistible de ce groupe d’exister à ce niveau », dira Faugeron, fier comme Artaban, et toujours aussi anxieux, en ne voulant pas déclarer le maintien acquis.
Sur les quinze titulaires qui ont fait chuter Perpignan, tous, excepté le deuxième ligne irlandais John Madigan, jouaient en Fédérale 1 les deux dernières saisons. Et le plus frêle d’entre eux, Aubin Mendes, ce bout de bois sec comme un coup de trique, de faire dégoupiller cette grenade d’Acébès en le chassant à chacune de ses entreprises. Massy a réalisé un match énorme dans le domaine de la volonté, et c’est une performance Photo Icon Sport majuscule, tant les Catalans ont développé durant toute la partie un couple puissance-vitesse dont les Franciliens ne seront jamais dotés. À coups de tampons en veux-tu en voilà, grâce à cet essai de rapine poussé du pied par Baptiste Delage, prenant les devants au score comme par miracle, ils ont réalisé ce qu’il est convenu d’appeler le match parfait pour faire déjouer à mesure de la partie ces leaders dépités.Vingt en-avant, ils ont commis au contact. Et Massy prenant treize points d’avance sur la zone de relégation trois journées avant la fin, se distinguant en n’attendant pas sa survie de la chute de la concurrence, est allé jusqu’à brouiller les cartes dans le haut du tableau. David contre Goliath, ils ont modelé le championnat par la précision de leurs lance-pierres. Un moment de jouissance rare.