DÉCOURAGEMENT
Quatre-vingt-dix points encaissés en quarante minutes, puis cent vingt au total, contre zéro rendu : le dernier voyage des Soissonnais à Courbevoie a viré au cauchemar. Les joueurs des Hauts-de-France sont partis dix-sept fois derrière leur ligne, et puisque l’arbitre de la rencontre a accédé à leur demande de mettre un terme à la partie cinq minutes avant la fin, on obtient le ratio d’un essai concédé toutes les quatre minutes. À l’aller, chez eux, les Nordistes avaient déjà encaissé quatre-vingt-douze points contre le leader de leur groupe. En Fédérale 3, dans une division dont la composition a été passée au filtre des championnats régionaux pour ne retenir que les clubs les plus aptes, la chose semblait inimaginable. « C’est l’un des effets des poules de douze voulues par la Fédération de Bernard Laporte, a commenté un observateur francilien médusé. L’équipe de Pierre Camou avait volontairement réduit les poules à dix clubs pour éviter ce genre de situation. En voulant contenter tout le monde, on est retombé dans ce travers. » « C’est vrai c’était un peu n’importe quoi, et nous sommes désolés pour eux. Ce genre de match ne peut contenter personne », a regretté le président de Courbevoie Bertrand Nicol.
« ON VEUT Y RESTER »
L’équipe de Soissons était partie déplumée à ce match. Dix titulaires habituels manquaient, ce qui ne fait pas une légion, mais le groupe avait rejoint l’Ile-de-France avec seulement trente-cinq coéquipiers. En première et en réserve, ils étaient dix-huit sur la feuille de match. « Sur le bord de touche, cela faisait mal, relate l’entraîneur Guy Hoare. Mais les gars s’étaient déplacés, et ils étaient là. Ils ont fait l’effort. Cette déconvenue n’a amusé personne, je peux vous le dire. » « À la mi-temps, on a évoqué notre devoir de
Cent vingt points encaissés en Fédérale 3 : la déconvenue est rare. Elle a été vécue par les Soissonnais à Courbevoie. Ce qui n’a pas éteint leur envie de rester dans la division.
fierté, explique le capitaine du jour Mathieu Thomas. Cela a fonctionné pendant quinze minutes au retour du vestiaire, mais cela ne pouvait pas durer. On savait que ce serait galère dès le matin en partant. L’équipe était reconstituée, et nous n’avions pas l’habitude jouer ensemble. Mais de là à sombrer comme ça, je ne l’avais pas imaginé. » La suite ? Soissons, qui avait été maintenu en Fédérale 3 la saison dernière en raison de la réforme fédérale, peut y rester. La fin de championnat lui proposera trois duels contre les concurrents du bas, et ce parcours est susceptible de lui offrir le maintien. « Moi, je veux y rester, dit Mathieu Thomas. J’ai déjà vécu deux relégations, avec Compiègne et Soissons, Photo DR
et je ne veux pas en vivre une troisième. » « Nous avons obtenu d’autres résultats durant la saison. Contre Compiègne, nous avons perdu de peu chez nous. Nous ne sommes pas si largués, abonde l’entraîneur Guy Hoare. Et pour prendre un exemple qui nous vient du dessus, l’Angleterre championne du monde en 2003 avait pris soixante-seize points contre l’Australie l’année d’avant. Alors on ne sera pas champion du monde, mais notre équipe peut grandir et se mettre mieux au niveau de la division. Oui, nous voulons y rester. Nous sommes justes tombés de vélo. Il faut y remonter. Nous ferons tout pour rester en Fédérale 3, malgré ce que cette défaite peut laisser penser. »
Jeudi soir, Youri Delhommel, Antoine Abraham, et Antoine Soave, les trois jeunes première ligne de l’équipe professionnelle de Massy, sont allées visiter les filles de Chilly, pour orienter leur travail de conquête. Elles préparent leur fin de saison, qui peut les envoyer en phases finales. Les filles de l’Essonne sont à la lutte avec les Rouennaises et les Lyonnaises pour le dernier billet qualificatif en quart de finale. Malgré leur retard - cinq points sur les Lyonnais et trois points sur les Rouennaises - leur calendrier rend leurs chances crédibles. La journée de dimanche pourrait les rapprocher des Lyonnaises. Le week-end suivant, elles joueront contre Rouen. Contrairement à la saison dernière, qu’elles avaient achevée sur les rotules, elles bénéficient d’un groupe très large pour achever leur parcours. La fusion avec Massy a permis de gonfler les effectifs à soixante joueuses. Elles sont vraiment sur les rangs. Mais faut-il vraiment partir en phase finale, et récolter le gain de cette qualification ?
LEUR PLACE EN TOP 16 ?
Selon la nouvelle formule de compétition que présentera la Fédération, la première division féminine, le Top 8, deviendra un Top 16. Les huit qualifiées du championnat Armelle-Auclair seront donc promues. Chilly-Mazarin doit-il y aller ? « Je ne sais pas, on va se poser les questions, commente l’entraîneur Alex Navarro. Ce serait quand même très difficile dans l’état actuel de notre effectif d’être opposé tous les week-ends aux Lilloises, à Bobigny, ou à Rennes. Le niveau n’est pas du tout le même. Notre effectif est jeune et manque d’expérience. Il commence à trouver ses marques en Armelle-Auclair, et je ne suis pas certain qu’il soit encore prêt pour jouer au dessus. » Le seul problème : refuser de monter, si l’opportunité survient, ce serait rater un virage facile, dans la constitution de la nouvelle formule. La saison d’après, il n’y aura plus huit promus directs. Le dilemme a été discuté à Chilly-Mazarin avec les dirigeants, pour qui la poule géographique du Top 16 signifierait aussi une économie réalisée sur les déplacements. Moins de dépenses et une présence en première division, ou respecter le plan de développement de cette équipe, telle sera la question, si d’aventure elle se posait.
Avec son nouveau groupe de soixante joueuses, l’équipe de
Chilly construit une équipe compétitive. Suffisamment solide pour aller en première division ?