Scott toujours

Il y a les règles et il y a aussi l’esprit, surtout quand lesdites règles sont constamment détournées. C’est en ce sens que le combat de Scott Spedding ne peut laisser indifférent. Si l’on s’en tient à la stricte loi sur les Jiff, laquelle a été mise en place en 2010, ce dernier, né en Afrique du Sud, ne doit prétendre au statut. Lui était arrrivé dès 2008 à Brive avant d’y passer professionnel en 2009. Sauf que, depuis, son histoire personnelle dans l’Hexagone, autant que son rapport à notre pays, a connu de nombreux moments forts. À commencer par ce jour de septembre 2014 quand Spedding a obtenu la nationalité française. Quelques mois plus tard, alors qu’il évoluait à Bayonne, il était appelé pour la première fois chez les Bleus. Et chacun se souvient de ses larmes, à la sortie du vestiaire, lorsque Patrice Lagisquet était venu lui annoncer la nouvelle. Voir ce gaillard fondre, devant l’émotion d’un appel en sélection, avait ému. Il suffit de rencontrer l’homme une fois, d’échanger avec lui, pour mesurer sa sensibilité. Spedding est un perfectionniste à l’extrême, le genre de mec qui se ronge le cerveau quand il s’agit d’entrer sur un terrain. Voilà pourquoi il passe autant d’heures à se préparer, physiquement et mentalement. Parce qu’il a besoin de se sentir prêt et légitime. Alors imaginez la frustration qui est la sienne de voir la fin de sa carrière menacée… Son statut d’international, doublé de son impossibilité d’entrer dans les quotas Jiff, sont devenus deux boulets à traîner. Qui ont poussé Clermont à ne pas lui proposer de prolongation et qui freinent les clubs intéressés à lui offrir un contrat. Double-peine. Aujourd’hui, Spedding va chercher devant le CNOSF (voir par ailleurs) un nouvel espoir. Tout le monde peut avancer un avis sur la question, là n’est pas le problème, mais cette situation met en lumière l’incongruité du règlement et plus largement notre relation aux épineuses questions d’intégration. À ce jour, une trentaine de Jiff, en

Top 14, jouent pour des sélections étrangères. Mais ils sont nombreux à avoir éclaté de joie quand Spedding passait une pénalité de cinquante mètres avec le coq sur le coeur. Il serait temps de s’en rappeler.