Midi Olympique

UN GRAND CHELEM...

DANS LE BOURBIER DE COLWYN BAY, LES BLEUES N’ONT PAS TREMBLÉ POUR APPORTER À LA FRANCE LE CINQUIÈME GRAND CHELEM DE SON HISTOIRE. COCORICO !

- Par David BOURNIQUEL

Un bonheur absolu. 80 minutes sans trembler et les filles de France ont pu basculer dans l’euphorie. Après avoir renversé la montagne anglaise il y a dix jours, elles n’avaient pas le droit de trébucher sur la dernière marche menant à l’exploit. Les voilà championne­s d’Europe après avoir maîtrisé sans peine des Galloises qui n’ont eu que leur courage à leur opposer.« Le sot fait des erreurs. Le sage en tire des leçons. » Le vieil adage s’applique aussi au rugby et les Bleues en sont le parfait exemple. Les Françaises ont beaucoup appris depuis ce triste soir de février 2016 où, dans l’enfer de Neath, le piège gallois s’était refermé sur leurs rêves de perfection. Une défaite 10 à 8 qui, à l’époque, avait privé les Bleues du grand chelem et était venue ternir une édition presque parfaite.

Ce vendredi soir, au bout du bout du pays de Galles, à quatre longues heures de route de Cardiff, dans un Eirias Park de Colwyn Bay rapidement transformé en bourbier, le scénario du Tournoi des Françaises et le contexte d’avant rencontre avaient tout du mauvais « remake » de 2016. Comme en 2016, les Françaises ont écarté les Anglaises au terme d’un match au couteau. Comme en 2016, elles étaient favorites sur le papier, face à des Galloises humiliées la semaine dernière par l’Italie. Comme en 2016, ce match puait le traquenard. Et comme en 2016, le risque de faire un faux pas, de décompress­er, de s’écrouler, était grand. Il n’en fut rien. Vendredi soir, les Bleues ont vaincu leurs vieux démons et ont conquis le cinquième grand chelem de l’histoire du rugby féminin français, après les sacres de 2002, 2004, 2005 et 2014.

L’APPORT DE LA DÉFENSE

Sûres de leur force, les Françaises n’ont jamais réellement eu le temps de douter face à des Galloises valeureuse­s mais trop limitées pour inquiéter les talentueus­es joueuses d’Annick Hayraud, Samuel Cherouk et Olivier Lièvremont. Transpercé­es deux fois lors des quinze premières minutes par Cyrielle Banet (qui offrait le premier essai du match à Pauline Bourdon) et par Caroline Drouin, les Galloises étaient menées 14 à 0 sans avoir eu l’occasion de mettre un crampon dans le camp bleu. Au courage, elles sont parvenues à investir les 22 mètres français mais n’ont rien pu faire face à la maîtrise, la puissance et la science défensive des Bleues. L’entraîneur des avants françaises Samuel Cherouk a su apporter de la rigueur depuis sa prise de fonction en 2017. De cette rigueur découle une grande sérénité. Ses joueuses ont plié mais n’ont jamais rompu, ne concédant qu’une pénalité lors des deux grands temps forts de domination des Galloises. Sans jamais s’affoler, sans jamais trop se consommer, les coéquipièr­es de Gaëlle Hermet ont laissé passer les (longs) orages pour mieux planter leurs banderille­s. Cherouk sait que ses filles ont sué sang et eau pour en arriver là : « On a ce que l’on mérite. Le groupe a consenti à beaucoup d’efforts et cela a fini par payer. Il y a quelque temps, on se serait bien embêté pour remporter un match tel que celuilà. On a su se rendre la partie facile en étant bien en place sur les fondamenta­ux de ce jeu. »

LA VICTOIRE D’UN RUGBY TOURNÉ VERS L’OUVERTURE

« Bien en place sur les fondamenta­ux de ce jeu », certes mais pas que. Au vrai, Les Françaises ont su aussi mettre en musique tout ce que ces Galloises-là ne maîtrisent pas. Au rugby massif des filles au poireau, fait de ballons portés et de charges poussives, les Françaises ont répondu par la grâce des courses électrique­s de Caroline Boujard ou de Carla Neisen, par les prises d’intervalle­s de Pauline Bourdon et par le travail de liant avants-trois-quarts des courroies de distributi­on que sont Safi N’Diaye, Audrey Forlani ou Marjorie Mayans et ses copines de la troisième ligne. Puissance, vitesse, vista et justesse technique. Un cocktail détonnant qui a renvoyé les Galloises à leurs études. Au final, avec six essais à la clé et un score sans appel de 38 à 3, les Bleues ont roulé sur les Rouge et c’est un peu, aussi, la victoire d’un rugby d’ouverture qui fait plaisir à voir. Après quelques coupes de champagne vendredi après le match, les Françaises ont embarqué dans l’avion pour un retour sur Paris, où une soirée de fête plus formelle était prévue samedi. Un dimanche à satisfaire les obligation­s protocolai­res (réception au bar de la Résidence du XV de France) et dès ce lundi matin, la réalité reprenait ses droits avec un retour au travail pour les filles hors contrats fédéraux. On imagine que ce lundi sera plus doux qu’à l’accoutumée pour des Bleues qui ont su se hisser sur le toit de l’Europe.

 ??  ??
 ??  ??
 ?? Photos Isablle Picarel ?? Les Françaises ont terrassé les Galloises par six essais dont un de la demi de mêlée Pauline Bourdon à la 6e minute (en bas à gauche) et un de Carla Niesen à la 68e minute (en bas à droite). Elles s’offrent le grand chelem et se hissent sur le toit de...
Photos Isablle Picarel Les Françaises ont terrassé les Galloises par six essais dont un de la demi de mêlée Pauline Bourdon à la 6e minute (en bas à gauche) et un de Carla Niesen à la 68e minute (en bas à droite). Elles s’offrent le grand chelem et se hissent sur le toit de...
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France