Midi Olympique

OYO... MAX !

L’USO DE HIKA ELLIOT EST MAGISTRALE­MENT REVENUE DANS LA COURSE AU MAINTIEN. CE WEEK-END, À PAU, L’OCCASION SERA BELLE DE FRAPPER ENCORE UN GRAND COUP... LA FIN DE SAISON S’ANNONCE PALPITANTE !

- Propos recueillis par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr

Après huit victoires consécutiv­es toutes compétitio­ns confondues, la Section a fini par concéder une large défaite à Clermont (38-14). Celle-ci est-elle un coup d’arrêt ?

Nous étions forcément déçus de perdre mais ce jour-là, Clermont était tout simplement plus fort. Après analyse de la rencontre, nous avions compris que nous étions loin de nos standards habituels, notamment sur le plan de la défense. Ce fut d’ailleurs notre grand axe de travail cette semaine. De toute évidence, on ne peut pas gagner tous les matchs en Top 14. Mais nous devons au moins apprendre de nos erreurs. Cette fois, la leçon est que nous n’avons pas été consistant­s en défense. Nous devons donc reconstrui­re ce mur sur lequel nous nous appuyons depuis le début de la saison.

Avez-vous été déçu par le comporteme­nt de l’équipe, habituelle­ment plus conquérant­e loin de ses bases ?

Je n’irais pas jusque-là… Nous avons opéré des changement­s qui s’imposaient pour que certains joueurs soufflent et les jeunes qui ont pris leur place s’en sont très bien sortis. Certains vivaient là leur premier match en Top 14, qui plus est à des postes très importants comme ceux de pilier droit, d’ouvreur ou d’arrière. C’est une bonne chose pour le club que ces jeunes jouent. Enfin j’ai trouvé que nous n’avons pas été suffisamme­nt concentrés sur l’ensemble du match. Nous sommes parfois sortis de la rencontre et face à Clermont, cela coûte cher.

L’équipe se comporte pourtant mieux loin du Hameau…

C’est vrai. Cette année, il y a moins d’écart dans nos prestation­s. La saison dernière, on enchaînait de bons matchs à domicile et des sorties nulles à l’extérieur. Hormis quelques exceptions, nous nous sommes toujours bien comportés et le groupe a vraiment envie de ramener des victoires de ses déplacemen­ts.

Vous allez recevoir Oyonnax, qui surfe sur une incroyable dynamique. Quel regard portez-vous sur cette équipe ?

Ce qu’ils ont fait ces cinq ou six dernières semaines est incroyable. Ce n’est vraiment plus la même équipe qu’il y a quelques mois. Ils ont remporté de très gros succès et viennent ici pour assurer leur survie. Quoi qu’il en soit, cela ne change rien à notre objectif de qualificat­ion et il y aura assurément une grande motivation des deux côtés.

Techniquem­ent, Pau et Oyonnax pratiquent le même rugby, basé sur les passes et le mouvement. L’enjeu sportif changera-t-il la donne ?

Non. Oyonnax a remporté ces grandes victoires en jouant beaucoup. Il n’y a donc pas de raison pour que cela change. Ils sont à l’aise dans ce système. Vous avez raison quand vous dites que nos styles se ressemblen­t. Mais comme nos adversaire­s, nous n’allons pas changer notre façon de jouer. Je pense que cela va donner un match très ouvert et agréable à regarder.

Vous allez retrouver une connaissan­ce du Super Rugby, le talonneur Hika Elliot des Chiefs qui a glissé au poste de flanker avec Oyonnax…

Je connais bien ce joueur en effet. Il était connu pour être l’un des talonneurs les plus mobiles du Super Rugby. Cela ne m’étonne pas de le voir évoluer à cette position. Je trouve même que c’est un bon choix.

La clé du match sera-t-elle de contrôler le rythme de la rencontre ou, au contraire, de l’emballer pour marquer davantage d’essais ?

La raison pour laquelle nous avons enchaîné ces huit victoires consécutiv­es réside dans notre efficacité défensive. Si nous avons marqué autant d’essais, c’est parce que nous avons mis nos adversaire­s sous pression grâce à notre défense. Ce week-end, il faut retrouver cette efficacité défensive et marquer sur des turnovers, comme l’équipe sait le faire.

Comment faites-vous pour être aussi redoutable­s sur les ballons de contre ?

Le plus important réside dans ce que l’on fait sans le ballon : notre vitesse de replacemen­t, le temps que l’on passe au sol, etc. Plus on se réorganise vite, mieux on

peut exploiter ces opportunit­és quand elles se présentent. C’est pour cela que l’on insiste autant sur le physique et aux attitudes sans le ballon ici.

Sur un plan personnel, vous semblez plus épanoui cette année que la saison précédente. Avez-vous eu besoin d’une période d’adaptation ?

Il est toujours délicat de changer d’équipe, de changer de plan de jeu, de coéquipier­s, de style de jeu et de place dans le groupe. Il est important de prendre du temps pour observer les choses et ne rien boulverser. Il m’a fallu du temps pour assimiler tout cela mais aujourd’hui je me sens vraiment bien c’est vrai.

Quel aspect fut le plus difficile dans cette adaptation ?

Premièreme­nt, il m’a fallu installer ma famille ici, retrouver des repères, etc. Sur le plan du rugby, le plus délicat fut d’intégrer le plan de jeu du club, qui n’a rien à voir avec celle que l’on pratiquait à Montpellie­r. Après, je préfère celui de Pau car il correspond davantage à celui pratiqué en Super Rugby. Enfin, il ne faut pas oublier la concurrenc­e, qui était très rude l’année dernière. Cette saison, j’ai eu la chance d’enchaîner davantage les rencontres.

Appréciez-vous votre rôle de leader de la touche ?

Oui, je l’adore ! J’ai toujours aimé le secteur de la touche et j’ai eu la chance d’évoluer au sein d’excellents alignement­s. Pour remplir ce rôle, il faut acquérir la confiance de ses coéquipier­s, ainsi que celle des talonneurs. J’ai le sentiment que l’on se fait confiance aujourd’hui, ce qui explique pourquoi notre touche fonctionne plutôt bien.

Quelle poste préférez-vous ? Flanker ou numéro huit ?

J’ai toujours préféré jouer dans le couloir, mais je reconnais que le poste de troisième ligne côté fermé est particulie­r dans le système de jeu de la Section, car il est très utilisé en attaque.

Votre trajectoir­e ressemble à celle d’un autre Australien qui a été sous estimé par sa sélection nationale et qui brille aujourd’hui en Top 14, le Lyonnais Liam Gill. Gardez-vous de la rancoeur contre les Wallabies ?

Non, absolument pas. Quand j’ai décidé de venir jouer en France, je n’ai pas tiré un trait sur le fait de rester performant et de continuer à progresser. Je connais Liam, il est comme moi, c’est un compétiteu­r féroce qui veut continuer à évoluer au plus haut niveau, où qu’il se trouve. Nous sommes pareils : où que l’on se trouve et quelle que soit la couleur du maillot que l’on porte, on veut donner le meilleur et progresser encore et encore.

La différence est que vous étiez le capitaine des Wallabies… N’était-ce pas difficile de prendre cette décision ?

Bien sûr… Tourner le dos au capitanat des Wallabies fut une décision très difficile à prendre. Mais quand j’ai pris la décision d’aller jouer en France, je savais que cela n’était pas pour une ou deux saisons. Je comptais m’installer sur le long terme. D’ailleurs, je compte finir ma carrière en France. Et je ne regrette pas mon choix : j’aime le rugby ici à Pau, j’aime votre style de vie, ma femme et mes enfants aussi. Nous profitons de chaque instant ici.

Vous souhaitez donc terminer votre carrière en France ?

Oui. J’aime le Top 14 et je me sens bien dans cette équipe de Pau. Nous voulons réaliser quelque chose de spécial cette année, à savoir nous qualifier. C’est très valorisant de voir que cette équipe progresse chaque saison, et de savoir que les dirigeants veulent continuer à faire grandir le club.

Vous voulez donc prolonger votre contrat avec la Section ?

Je l’envisage, en effet. Après, le facteur famille entre en compte. J’aimerais aussi ramener mes trois enfants de 6, 4 et 2 ans en Australie, et il faut simplement le bon timing, le bon équilibre. Pour l’heure, il me reste un an de contrat, mais je vais clairement y réfléchir dans le futur.

Le rugby australien a vécu une année 2017 particuliè­rement chaotique avec de mauvais résultats internatio­naux ainsi que la disparitio­n de la Western Force. Quel regard portez-vous sur la situation ?

L’année 2017 fut terrible oui… Mais je crois que cette année fut nécessaire pour repartir de l’avant. Cela a permis à tout le monde de se remettre au travail, et je crois que nous commençons à en voir les premiers résultats : les franchises australien­nes jouent mieux et semblent performant­es. J’ai bon espoir que ces résultats se répercuten­t sur les Wallabies, qui vont vivre une année 2018 très importante avec notamment trois tests en juin contre l’Irlande qui vient de réaliser le grand chelem.

Michael Cheika a déjà annoncé qu’il laisserait sa place après le Mondial, pensez-vous qu’Eddie Jones serait un bon remplaçant ?

Non je ne crois pas. Je ne pense pas qu’il soit bon qu’un sélectionn­eur passe deux fois par la même équipe. Eddie a fait du bon boulot pour l’Australie, mais il faut aller de l’avant et créer quelque chose de nouveau. Pour ce faire, il existe aujourd’hui des tas d’autres excellents technicien­s australien­s pour reprendre le flambeau. Je pense notamment à Stephen Larkham, avec qui j’ai déjà travaillé et qui me semble être un très bon candidat.

Vos soeurs Justine et Jordane sont toutes deux devenues internatio­nales australien­nes de beach-volley. Adolescent­s, comment choisissie­z-vous le ballon avec lequel vous alliez jouer derrière la maison ?

Il n’y avait pas vraiment de débat ! Même si mon père a longtemps joué à XV et à XIII à Brisbane, on ne jouait jamais au rugby chez moi. En revanche, on jouait à un tas d’autres sports comme le volley, le cricket, le basket ensemble et là, les choses devenaient vraiment sérieuses ! Car mes soeurs sont aussi de terribles compétitri­ces qui ne lâchaient jamais rien. Elles ne jouaient jamais au rugby. De toute façon je n’aurais jamais été capable de plaquer l’une de mes soeurs ! Alors je gardais le rugby pour moi, en club. Il n’empêche que notre arrière-cour était toujours très animée !

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