Le synthétique, c’est fantastique
Et dire qu’ils avaient commencé par perdre tant et plus… Trop vite largués au classement et ainsi promis à la relégation avant que la michampionnat… De qui parlonsnous ? Des Oyonnaxiens de Buononato, pardi. Les fameux héritiers des « Oyomen », revenus dans l’élite cet été après avoir dominé le Pro D2 de la tête et des épaules.
Leurs débuts furent si chaotiques et si loin de l’exigence générale du Top 14 que le sort nous sembla rapidement scellé : l’unique relégation automatique étant attribuée, il fallait, dès lors, se concentrer sur la lutte des phases finales pour trouver le suspense qui fait la grandeur, l’âme et la beauté des compétitions. Et, très franchement, nous regrettions alors d’assister à un championnat tronqué, sans intérêt pour les mal classés et dès lors interminable pour les futurs relégués…
Avouons-le, nous nous sommes fourré le doigt dans l’oeil. Le Top 14 n’a jamais été aussi disputé, vivant et palpitant à quatre journées de la fin. En haut comme en bas, personne n’est assuré de son destin à part Montpellier qui a un pied - de géant - en phase finale.
Une bonne partie du mérite en revient évidemment à cette formation d’Oyonnax qui a déjoué tous les pronostics pour revenir dans la course au maintien au prix de succès éclatants remportés à Clermont, Bordeaux et face à Toulon. De quoi faire souffler un vent glacial sur la nuque des Brivistes, Agenais et autres Parisiens qui n’ont pas encore sauvé leur tête…
Ce retour des profondeurs, presque du néant, mérite le plus profond respect pour ce qu’il suppose d’efforts quotidiens menés contre la résignation. Le caractère des hommes a porté la révolte mais il serait trop simple de résumer cette « remontada » à une simple histoire de coeur et de courage.
Comme au temps d’Urios et des « Oyomen » chasseurs d’ours, l’USO semble revenue en phase avec son époque. Et sa réalité. Joueuse à souhait, parfois à l’excès, elle tire entre autres profit de ce terrain synthétique qui avait causé sa perte dans un passé récent mais qui répond désormais à merveille au rugby de mouvement mis en place par le tandem Buononato-Prendergas.
Avec ses moyens (humains et financiers), Oyo s’est élevée à la hauteur des enjeux et de la concurrence. Le club du président Emin a surtout eu la force de s’accrocher à ses plus farouches convictions quand il aurait été simple de céder à l’appel d’un jeu restrictif et sans avenir, si souvent imposé par la peur. Ces hommes-là en ont décidé autrement et c’est tout à leur honneur.
Les Oyonnaxiens sont revenus dans la course au maintien, mais ils ne sont assurés de rien. Après Pau, les gars de l’Ain trouveront encore sur leur route des Brivistes et des Agenais animés d’aussi solides convictions. Tous farouchement accrochés à leurs rêves de maintien. Déterminés à nous faire vivre une fin de saison aussi fantastique que le synthétique…