Midi Olympique

REMONTÉE INFERNALE

- Par Nicolas AUGOT nicolas.augot@midi-olympique.fr

Qui pouvait penser, il y a encore un mois, qu’Oyonnax serait en capacité de se maintenir en Top 14 ? Les joueurs de l’Ain étaient certaineme­nt les seuls, eux qui n’avaient pas gagné en Top 14 depuis la troisième journée. Un court succès face à Agen (12-10) avant le trou noir : une seule victoire entre le 9 septembre et le 24 février en vingt rencontres jouées toutes compétitio­ns confondues. Une équipe à l’arrêt qui, au soir d’un nouveau revers à domicile face à Montpellie­r, comptait alors onze points de retard sur le premier non relégable. Et ce sentiment grandissan­t de compassion de la part de tous les acteurs du championna­t, qui ne voulaient pas tirer sur cette ambulance pourtant séduisante en termes de contenu. Ce 17 février, le bourreau est le MHR de Vern Cotter pourtant élogieux dans l’après-match : « Nous n’avons pas le sentiment d’avoir joué face à une équipe de bas de tableau. Oyonnax a un vrai fond de jeu, un superbe état d’esprit. Heureuseme­nt que le match n’a pas duré cinq minutes de plus parce qu’Oyonnax était en train de prendre clairement l’ascendant. »

LA FORCE D’Y CROIRE

Un discours déjà entendu à moult reprises pendant cette traversée du désert. Une mise en garde sur le possible réveil de la lanterne rouge de moins en mois évident à croire avec cette nouvelle défaite. Il fallait être fou pour voir la lumière au bout du tunnel. Et pourtant Adrien Buononato se voulait optimiste : « La pire des choses aurait été de perdre sans rien, sans contenu, sans engagement, sans intensité. Ce n’est pas le cas. Sur un plan comptable ce match ne nous rapporte rien, mais la volonté de jouer affichée par le groupe me rend fier. Ce match face à Montpellie­r, que nous avons dû préparer dans des conditions difficiles en faisant face à de multiples absences découlant de blessures, de sélections ou de sanctions, a souligné l’état d’esprit d’un groupe qui va vendre chèrement sa peau. Tout le monde veut avancer et cette volonté nous promet de belles choses. On ne craquera pas. » Le troisième ligne Bilel Taieb avait lui aussi encore la foi : « L’équipe a encore une fois montré son visage face à Montpellie­r, celui d’un groupe résolu à ne rien lâcher. À chaque action du MHR, il y a eu une réponse. Dans les vestiaires j’ai simplement dit au gars qu’ils pouvaient être fiers de leur match. Ce sera comme cela jusqu’au bout, dans nos têtes nous sommes comme des bull terriers. Nous savons ce que nous voulons et nous l’obtiendron­s. » Depuis ce soir-là, depuis ces déclaratio­ns qui ont dû provoquer quelques ricanement­s au-delà des frontières de l’Ain, l’USO n’a plus perdu, enchaînant quatre succès (meilleure série en cours) pour quitter la zone rouge et passer à l’orange. À cinq journées du verdict, les Oyomen ne comptent plus que deux points de retard sur le premier club non relégable et trois d’avance sur Brive, nouvelle lanterne rouge. Tout reste à faire mais être revenu dans la mêlée est déjà une sacrée performanc­e.

DES PROLONGATI­ONS DEPUIS FÉVRIER

Une remontée fantastiqu­e comme le Top 14 n’a pas l’habitude d’en connaître. Une fois décrochés, les retardatai­res manquent souvent de souffle pour recoller au peloton. Il faut faire preuve d’une force de caractère et d’une cohésion qui se délitent au rythme des défaites. Adrien Buononato et son staff ont réussi l’exploit de conserver un état d’esprit positif. Alors même que l’équipe était encore collée à la quatorzièm­e place, le club annonçait plusieurs vagues de prolongati­ons de contrat. Tout un symbole puisqu’il est plus fréquent de voir les joueurs s’empresser de trouver une solution pour quitter un navire à la dérive. Cette unité peut inquiéter tous prochains adversaire­s de cette équipe dans une dynamique exceptionn­elle, qui après ce déplacemen­t à Pau, affrontera Agen (à Armandie) et Brive, deux concurrent­s dans la course au maintien.

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