LA PATTE PRENDERGAST
SI L’USO A SU TROUVER LES SOLUTIONS À SON SALUT PAR LE JEU, ELLE LE DOIT EN GRANDE PARTIE À SON MÉCONNU ENTRAÎNEUR DE L’ATTAQUE, MIKE PRENDERGAST.
Mike Prendergast n’est pas, à proprement parler, un novice en Top 14. Après une saison passée en tant que joueur à Bourgoin sous les ordres de Christophe Urios (2006-2007), l’ancien demi de mêlée du Munster exerce depuis cinq saisons ses talents d’entraîneur dans l’Hexagone, lors de son arrivée à Grenoble en 2013, et à Oyonnax cette année. Cinq années durant lesquelles, dans un Top 14 toujours plus fermé et obsédé par le défi physique, le Munsterman demeure fidèle à son credo d’un jeu ambitieux, calqué sur le modèle néo-zélandais.
On veut bien sûr parler de cette animation offensive en « 2-42 », orientée sur la prise des largeurs, qui constitue depuis des années sa marque de fabrique. Il n’y déroge pas. À l’image de l’USO, en somme, pour qui la facilité aurait pourtant consisté à un moment de la saison à mettre un frein à ses ambitions pour se concentrer sur la conquête et le combat…
« ETRE BONS AVEC LE BALLON »
« Le piège aurait justement été de s’arrêter de jouer, jurait, ces derniers temps, le manager Adrien Buononato. On travaille toute la semaine pour être bons avec le ballon, créer des problèmes à la défense adverse. C’est notre identité et, si on la reniait, on serait vite en danger. On se rassure par le jeu et on restera là-dessus quoi qu’il arrive. Quelle que soit la situation, on est sur un système que les joueurs connaissent et maîtrisent désormais. En moyenne, pour mettre en place un projet de jeu, il faut dix-huit mois. La mise en place de ce projet de jeu a nécessité trois temps : la phase d’appropriation par le groupe, le développement du projet lui-même et sa maîtrise. Au final, nous sommes presque un peu en avance. »
Ou plutôt juste à l’heure pour le sprint final… Pari gonflé ? Peutêtre. Sauf qu’avec la pelouse synthétique de Mathon, qui avait probablement coûté la descente voilà deux ans alors que le jeu de l’équipe n’y était pas forcément adapté, l’USO n’avait guère d’autre choix que de procéder à sa mue.Voià pourquoi les Oyonnaxiens sont parvenus, à force d’entêtement, à réussir une gageure : redresser la barre de leurs résultats, tout en conservant les principes d’un système de jeu ambitieux. Pour, définitivement, s’affranchir du pesant héritage des «Oyomen» de l’ère Christophe Urios, celle des loups et des ours jamais aussi à l’aise pour surprendre leur proie que dans leur bourbier de l’hiver…
LE SYMBOLE ELLIOT
Le scepticisme était pourtant de mise en début de saison chez de nombreux observateurs. Notamment au vu du pedigree de Mike Prendergast. Le FC Grenoble n’avait-il pas payé par une relégation le prix d’un jeu trop ambitieux au vu de ses moyens ? Souvent loués pour la qualité de leur jeu d’attaque, les Isérois n’en avaient pas moins fini par redescendre à l’étage inférieur, victimes de trop nombreux essais concédés sur des ballons égarés, et d’une conquête fragilisée par un jeu pas vraiment raccord avec les profils de ses joueurs. Longtemps cette saison, on pensa que les Oyonnaxiens allaient subir les mêmes conséquences des mêmes causes.
La différence, cette fois ? Prendergast et tout le staff de l’USO ont su trouver les solutions en cours de saison. L’USO connaissait des problèmes en touche ? Elle les a résolus en titularisant Quentin McDonald au détriment de la recrue phare Hikawera Elliot. Les Haut-Bugistes manquaient de puissance ? Elliot fut justement repositionné, depuis février, au poste de flanker. Cela peut paraître dingue, mais ça fonctionne. Et l’USO peut désormais lorgner sur le maintien. Du moins tant que les blessures épargneront certains cadres comme Ursache, Elliot ou Grice (la caution puissance sans laquelle le système de l’USO perdrait en efficacité) et, surtout, le « playmaker » Ben Botica, plaque tournante d’un système taillé pour lui... Brivistes et Agenais ne lui épargneront rien ces prochaines semaines.