« J’AI VRAIMENT ÉTÉ MAUVAIS ! »
RALENTI PAR LES BLESSURES DEPUIS LA FIN DE CETTE SAISON PASSÉE, LE SUD-AFRICAIN TARDE À RETROUVER SON MEILLEUR NIVEAU. EN DIFFICULTÉ À TOULOUSE, IL SE DOIT, À L’IMAGE DE SON ÉQUIPE, UNE REVANCHE SAMEDI FACE À CASTRES.
Vern m’a juste demandé de faire attention, car nous ne sommes plus beaucoup de deuxième ligne disponibles… » Sanctionné de deux cartons jaunes, face à Agen et Toulouse, Paul Willemse sait qu’il joue avec le feu. S’il venait à recevoir une troisième « biscotte » avant la réception du Lou (26e journée), il serait automatiquement suspendu pour une rencontre (un règlement qui ne s’applique pas en phases finales). Les répercussions sur son équipe pourraient alors être décisives, pour ne pas dire catastrophiques. Privé dans la « cage » du joker médical Jarrad Hoeata (suspendu jusqu’à Lyon), de Konstantin Mikautadze (entre un et deux mois d’absence), Jacques du Plessis (fin de saison) et Julien Delannoy (opéré de l’épaule), le MHR n’aurait plus qu’un spécialiste du poste, Nicolaas van Rensburg, à aligner face à un des cadors du championnat. Et devrait donc « bricoler », en titularisant un Espoir, Jimmy Maximin, ou un troisième ligne : « Je sais que c’est un peu dangereux pour l’équipe. Cela est arrivé et je ne peux pas changer l’histoire. Mais je serai maintenant très vigilant. »
UNE AUTOCRITIQUE « FÉROCE »
Une prise de conscience accentuée dans l’esprit du géant sudafricain (25 ans, 2,01 m et 136 kg), sur un point clé de la discipline : le sang-froid. « Mon carton jaune reçu à Agen est plus mauvais, car il n’est pas dans le jeu ou au contact (charge volontaire dans le dos d’un Agenais devant l’arbitre, N.D.L.R.)… Ça m’énerve vraiment car j’ai pénalisé mes coéquipiers », souffle-t-il. Vern Cotter confirme : « On parle toujours de comment on doit se comporter devant l’arbitre. Sur certains points, même si on ne contrôle pas sa décision, on peut influencer dessus… Paul est déçu et il veut réagir. »
Face à Castres samedi, où l’intéressé pourrait être ciblé et « chatouillé » dans le combat au près par les expérimentés combattants castrais : « Je sais que cela peut arriver face au C.O., surtout contre nous… (sourires). Je suis prévenu et je ne dois donc pas me laisser déstabiliser par ces choses extérieures au jeu. Je dois être concentré sur les choses simples à gagner : les plaquages, les nettoyages dans les rucks, les touches, les mêlées, les ballons portés… Tous ces secteurs où j’ai été défaillant à Toulouse. » Marqué par son échec personnel dans la ville rose, Paul Willemse se montre très critique envers lui-même : « J’ai vraiment été mauvais. Ce n’est pas acceptable une telle performance, ce n’était pas moi. Je veux maintenant montrer mon vrai visage, après avoir connu des blessures qui ont rendu les choses plus difficiles. Désormais je me sens bien physiquement et je n’ai donc plus d’excuse. J’ai besoin de faire plus pour retrouver mon meilleur niveau. »
LE COMBAT DE LA RECONQUÊTE ?
L’ancien des Bulls doit redevenir ce « bulldozer », inarrêtable il y a deux ans, qui mettait constamment son équipe dans l’avancée, en pesant de tout son poids dans le combat collectif. Une faiblesse montpelliéraine rédhibitoire à Toulouse, comme cette conquête cyclothymique : « Il faut qu’on règle les bases du rugby sur tout le match : l’engagement, l’agressivité. Ce genre de choses qui font que l’équipe peut jouer en avançant. Face aux Castrais, ce sera très important. On s’attend à un très gros match en conquête. Après avoir regardé notre dernière performance, ils vont se dire que c’est un moyen de nous prendre, en touche, mêlée et sur les ballons portés. Le groupe est averti », poursuit Vern Cotter.
Une bataille, toujours virile, souvent âpre et parfois épique, par le passé, qui pourrait être samedi « sublimée » par des pluies éparses annoncées sur l’Altrad Stadium. Un nouveau test de caractère pour ce MHR à réaction. La madeleine de Proust de Paul Willemse : « Défier Castres est vraiment un beau challenge, spécialement pour les avants. J’aime ces gros combats et je veux me racheter. Je sais que je suis capable de beaucoup mieux. »